Zicospital est le nom de l’application créée par deux musiciens et artistes sonores, Alain Chautard et Antoine Rousseau (aL1 & Ant1), qui oeuvrent au sein d’un collectif de plasticiens lillois hypercréatif. Elle a été présentée mi juin à l’Hôpital privé Le bois, à Lille, où ils se sont immergés plusieurs après-midis. « C’est une application participative, explique Ant1. Elle permet aux patients d’enregistrer des sons et de les utiliser pour enregistrer des morceaux de musique. »
Les soignants et les patients qu’ils ont rencontrés dans les services d’addictologie, de chirurgie, de dialyse et d’oncologie, ont d’abord enregistré les phrases qui donnent aux utilisateurs les consignes orales pour se servir l’application. Les patients peuvent ainsi choisir le personnage qui les guidera : l’hôtesse de l’air, le fermier dans sa basse-cour, Tarzanne… Gaëlle Dussart, psychologue en addictologie, sourit en entendant les cris de gallinacées enregistrés avec les patients du service !
L’occasion d’une rencontre entre patients
Delphine Closier, infirmière en chirurgie, a enregistré les phrases d’instructions de l’univers « La cuisine du 5e ». Musicienne dans l’âme, elle a beaucoup apprécié que la musique entre dans son service. Avec les artistes, patients et soignants ont ensuite cherché les objets qui pouvaient être utilisés pour produire le son de la grosse caisse (une porte de réfrigérateur qui se ferme), de la caisse claire (la porte du micro-onde), des cymbales (une louche), de la guitare, du piano… Les tubes réinterprétés avec ces sons créent une expérience sonore originale et amusante.
« Des patients de tous âges, tous sexes et de tous milieux ont participé, souligne Gaëlle. Ce n’était pas évident pour certains de créer des sons devant les autres mais c’était finalement valorisant. » La participation des soignants a d’ailleurs parfois aidé les patients à se lancer et à jouer le jeu, observe Adrianna Lezzoche, responsable marketing de la clinique.
Ce projet a permis à des patients de plusieurs services, qui ne se rencontrent jamais, de participer, individuellement ou collectivement, à une activité commune. Outre les enregistrements des instructions et des premiers « sets » de sons utilisables pour composer, les patients ont été initiés par les musiciens au mixage sonore (équilibre des différentes pistes, utilisation des « effets », etc.). Ils ont pu expérimenter ce que permet l’application : transformer l’utilisateur en ingénieur de son virtuel et en compositeur ou arrangeur. Les plus jeunes ont aussi contribué à mettre au goût du jour le répertoire apporté par aL1 et Ant1 : Gotainer, Bob Marley ou les Beatles ont beau être des valeurs sûres, ils avaient aussi envie de « jouer » avec des morceaux de Beyoncé ou de Stromae…
Un outil thérapeutique
Au-delà de sa création, l’application peut être utilisée comme outil thérapeutique, ajoute Adrianna Lezzoche. « Elle permet de travailler sur l’expression des émotions et des sentiments et sur la confiance en soi, explique-t-elle. On propose souvent aux patients de le faire en écrivant mais tous ne sont pas à l’aise avec l’écriture. Utiliser la musique peut aussi aider à créer des liens entre patients. » Elle évoque ainsi la possibilité pour plusieurs patients en dialyse en même temps, au lieu de regarder la télévision, de composer ensemble des morceaux, auxquels ils pourront facilement accéder ensuite sur le web. Ils pourront aussi constituer une communauté d’utilisateurs…
L’application fera l’objet d’une information de tout le personnel par mail et des patients par affichage et publications sur les réseaux sociaux de la clinique. Elle a aussi été présentée aux cadres et chefs de projets de l’établissement pour qu’ils puissent l’expliquer son utilité et son fonctionnement aux soignants, afin qu’eux la proposent aux patients.
Ce projet est l’un de ceux que la clinique organise dans le cadre son dispositif « Parenthèse musicale ». Il figure au programme Culture santé 2015/2016 de l’ARS et de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie, en partenariat avec la SACEM et, sur ce projet particulier, la scène de musiques actuelles lilloise l’Aéronef. L’application (pour appareils sous Androïd) est téléchargeable sur la plateforme GooglePlay.
Olivia Dujardin
Cet article est paru dans le numéro 21 d’ActuSoins magazine
(Juin /Juillet/Août 2016).
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