Infirmiers libéraux : se former pour accueillir des étudiants en stage

Infirmiers libéraux : se former pour accueillir des étudiants en stage

Alors que le projet de loi de modernisation de notre système de santé prévoit d’étendre aux cabinets libéraux les lieux de stage des étudiants en soins infirmiers, l’URPS Infirmiers d’Ile-de-France n’a pas attendu ce texte pour mettre en place une expérimentation. Une cinquantaine d’infirmières libérales peuvent bénéficier d’une formation au tutorat afin de « mieux » accueillir en stage des étudiants.

Infirmiers libéraux : se former pour accueillir des étudiants en stage
Sylvie Barros, infi rmière libérale à Maisse, avec sa stagiaire, Janice Ngoupayou, remplissant le portfolio. ©DR

Actuellement, l’infirmière libérale ne peut signer la feuille de soins d’un patient uniquement pour les actes qu’elle a accomplis elle-même. De fait, si elle encadre un stagiaire, ce dernier n’est pas censé effectuer le moindre acte, sinon, l’infirmière n’est pas supposée le coter. « Si nous ne nous faisons pas payer les actes effectués par les étudiants, nous mettons la clef sous la porte », alerte Sylvie Barros, infirmière libérale à Maisse (Essonne) et trésorière de l’Union régionale des professionnels de Santé (URPS).

La réalité est généralement différente en raison d’une tolérance des caisses. Cependant les infirmières libérales courent toujours le risque de devoir rembourser ces actes. « Il n’y a jamais eu de condamnation à ce sujet, mais certaines infirmières libérales ont des craintes, ce qui impacte l’offre de stage en libéral », ajoute l’infirmière.

Accord avec l’ARS

Pour pallier ce problème, un Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) a été conclu entre l’Agence régionale de santé (ARS) et l’URPS Infirmiers d’Ile-de-France, afin de permettre aux infirmières libérales de bénéficier d’une formation et d’une reconnaissance de leur statut de tuteurs de stage dans le cadre d’une expérimentation. « Nous souhaitons obtenir cette reconnaissance de notre rôle de tuteur afin que les actes réalisés avec les étudiants soient officiels », poursuit Sylvie Barros.

Pour que l’expérimentation puisse avoir lieu, cinquante infirmières volontaires ont suivi une formation de quatre jours sur le tutorat. Deux journées sont indemnisées dans le cadre du Développement professionnel continue (DPC), et les deux autres le sont par l’URPS.

Si l’infirmière décide de suivre la formation, elle s’engage à recevoir, en un an, deux étudiants en stage de cinq semaines. Elle perçoit alors une indemnisation de 500 euros par élève. Une enveloppe a été donnée par l’ARS à l’URPS pour couvrir une partie des frais liés à cette expérimentation – indemnisations, secrétaire à mi-temps -, le reste étant financé par l’URPS.

Formation complète

La formation permet aux infirmières libérales de découvrir les outils dont se servent les étudiants pendant leurs études. Ces outils, comme le portfolio qui constitue le problème majeur, sont « décortiqués » et les professionnelles apprennent à les utiliser. « Je n’ai jamais refusé de prendre des élèves en stage car j’estime que l’échange de pratique entre l’élève et le professionnel est très intéressant, témoigne Sylvie Barros. Mais cette formation me permet de mieux comprendre tout ce qui tourne autour des étudiants, surtout pour moi qui ai mon DE depuis 35 ans ! ».

« Cette formation nous permet de mieux comprendre celle des étudiants de grades licence, le nouveau vocabulaire, les compétences, les acquis, et le portfolio, un support lourd pour nous jusqu’à présent », reconnaît Christine Kosacz, infirmière libérale à Montlignon (Val d’Oise).

Sylvie Arnoult, également infirmière libérale à Maisse, a souhaité suivre la formation afin d’appréhender l’apprentissage reçu par les étudiants pendant leurs études. « Auparavant, j’avais tendance à comparer leur formation avec celle que j’ai reçue, et j’étais perdue ». Et de poursuivre : « Lorsque je prenais des étudiants en stage, j’essayais de faire ce que je pouvais avec leurs outils, et je remplissais le bilan de stage sans vraiment rien justifier. »

Changer sa relation avec l’étudiant

Les étudiants se rendent compte des changements apportés par la formation. « J’ai pu constater que ma tutrice a bénéficié d’une formation, raconte Janice Ngoupayou, étudiante en 3e année à l’Ifsi de Fontainebleau et en stage en libéral à Maisse. Lors de ma pré-visite au cabinet, elle m’a demandé mon portfolio et s’est directement rendue vers les pages sur lesquelles mon parcours est retracé. Elle a donc pu mieux cibler mes attentes, ce qui est primordial pour avancer. Lors de mes autres stages, j’étais la seule actrice, les professionnels ne m’encadraient pas. Désormais, il y a une collaboration. »

Nous souhaitons obtenir cette reconnaissance de notre rôle de tuteur afin que les actes réalisés avec les étudiants soient officiels.

« Mon stagiaire a bien vu que depuis la formation, nous nous sommes davantage impliquées, admet Sylvie Arnoult. Nous regardons le portfolio dès le début du stage, nous détaillons les compétences. Cela nous oblige à nous remettre en question et à nous mettre à niveau avec leur nouveau cursus. »

Cette formation a aussi pour avantage de permettre aux professionnelles de santé de se rencontrer. Elles peuvent ainsi échanger sur leur pratique et éventuellement la modifier. « Désormais je prépare un livret d’accueil pour l’élève, souligne Sylvie Arnoult. Cela permet à l’étudiant d’arriver en terrain connu. » Idem pour Christine Kosacz qui a changé sa façon de recevoir les étudiants. « Nous accueillons l’étudiant de façon préliminaire avant le début de son stage et nous l’encadrons de façon plus personnelle », explique t-elle.

Les entretiens de pré-stage et de mi-stage sont intéressants pour créer un contact et mieux connaître les attentes de l’étudiant car certains n’ont pas eu d’autres choix que de faire un stage en libéral et ne sont pas toujours investis. « Nous avons également plus d’attentes vis-à-vis d’eux, indique Christine Kosacz. Nous sommes plus exigeantes et désormais nous comptabilisons les heures de stage alors qu’avant nous faisions confiance à l’étudiant. »

Depuis la mise en place de l’expérimentation, les lieux de stage sont également mieux identifiés pour les étudiants, l’URPS ayant contacté tous les Ifsi d’Ile-de-France pour les en informer. Reste à attendre l’adoption du projet de loi pour savoir si ces lieux de stages seront désormais reconnus comme tels.

Laure Martin
Article paru dans le n°17 d’ActuSoins. Pour s’abonner au magazine ActuSoins (trimestriel), c’est ICI

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37 réactions

  1. Je suis étudiante IDE et je trouve que pour tous les secteurs qui acceptent des stagiaires, il devrait y avoir une formation. Il faut bien comprendre que le rapport du porte folio nous apporte la validation de compétences pour pouvoir obtenir le diplôme ! Et je trouve qu’il est souvent pris à la légère. J’ai souvent l’impression d’être une aide pour une charge de travail bien trop grande, alors que l’on ne prend pas en compte mes objectifs, les interactifs de dossiers, de projets de soins qu’on doit effectuer en stage, et qui me met dans une position difficile. De plus, je voulais aussi témoigner du fait qu’à mon stage en libérale, on a pas hésité à me laisser me rendre seule chez certain patient en
    Me laissant pour certain les clés de leur domicile, de leur faire leur
    Soin d’hygiène, traitements, pansement simple et qu’au final, à 20h 30 en fin de tournée le dernier
    Jour de stage, on me rend un rapport avec aucune compétence de validée ! Et qu’en cours de stage on ne m’a jamais dit que ça n’allait pas… Je peux Vous dire qu’on se remet en question et on remet en question la qualité de cette formation !!!! Alors s’il vous plaît, ne prenez pas à la légère nos rapports du porte folio, et je sais que dans la vie,il est toujours
    Utile de se former et de s’informer pour évoluer ! MERCI

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  2. N importe quoi…il faudrait arrêter de se gonfler le melon….vous connaissez les besoins fondamentaux de Virginia Anderson. ..ben c’est suffisant (respire boire manger être propre….) LA BASE, celle que l on oublie quand on se prend pour un professeur en médecine !!!! Regardez un peu plus le patient…il vous en apprendra des choses !!!! Personnellement, hé reçois des étudiants avec plaisir mais je comprends aussi ceux qui ne souhaitent pas….ensuite n oublions pas que nous soignons des êtres humains que nous recouvrons jours après jours de paperasse….jusqu’à ne plus le voir !!!!

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  3. ‘@ToMa Coycault : j’ai découvert cela également et d’ailleurs incompréhensible puisque l’hôpital facture bien les soins faits par les élèves en milieu hospitalier !!!!!

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  4. De toute façon pas de questions à se poser les cpam refusent de payer les actes effectués par les EIDE. ..

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  5. Charlotte Drieux

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  6. Oui c est l impression que j ai eu!

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  7. Exactement la réflexion que je me suis faite à la lecture de l’article. Des neuneus finies.

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  8. J’adore, à les écoutez nous serions incapable de décripter leur foutu truc nuch….. à force d’intellectualiser tout et n’importe quoi sur le terrain plus une seule ide sera pratiquer correctement et surtout aura les bons réflexes, et le savoir “etre” !

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  9. Pareil

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  10. ToMa Coycault c’est l’ifsi qui fait les démarches auprès de l’ars, du coup comme tu encadres le soin tu le factures… C’est une dérogation qui existe depuis le nouveau référentiel . Je ne peux pas te donner les textes puisque l’ifsi s’occupe de toute la partie administrative et que je ne reçois que mon agrément comme lieu de stage provenant de l’ars…

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