Validation des acquis : une ouverture pour les professions paramédicales

Ce mardi 7 octobre, la DGOS va présenter au Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP) un projet de décret relatif à l’obtention des diplômes paramédicaux via la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Avec quelques points à éclaircir pour qu’une telle réforme soit possible, l’avis des représentants syndicaux est partagé sur la VAE.

Validation des acquis : une ouverture pour les professions paramédicales VAE : un diplôme au rabais ?

Certains détracteurs voient la VAE comme une injustice. « Pourquoi donner notre diplôme à quelqu’un qui n’aurait pas suivi la formation appropriée ? » s’étonne un infirmier sur un forum spécialisé.

D’autres nuancent. Car en général, la Validation des Acquis de l’Expérience, n’octroie pas une dispense totale de scolarité, mais plutôt la possibilité d’échapper à une ou plusieurs unités d’enseignement en raison de son expérience professionnelle.

« Cela paraît logique. Par exemple, on ne va pas apprendre à faire une toilette ou des soins d’hygiène à une aide-soignante qui exerce depuis cinq ans et qui souhaite devenir infirmière. Dans ce genre de cas, on peut très bien imaginer la dispenser des unités d’enseignement d’hygiène qui se déroulent au premier semestre en IFSI. Cela fait partie d’une VAE partielle », explique Bruno Huet, vice-président du SNIA ( Syndicat National des Infirmiers anesthésistes).

À l’heure actuelle, seuls trois diplômes sont concernés par la VAE : le D.E d’Aide-soignant, le D.E d’Auxiliaire de puériculture, et le D.E d’Infirmier de Bloc opératoire. Le projet de décret, présenté ce mardi au HCPP, prévoit d’élargir les mesures de VAE à l’ensemble des professions paramédicales.

« Il ne faut pas croire que la VAE s’obtient facilement », précise Brigitte Ludwig, présidente de l’UNAIBODE (Union Nationale des Infirmiers de bloc opératoire diplômés d’Etat). « C’est un gros travail pour les personnes qui en font la demande. Il y a des conditions strictes à respecter ».

Pour les IBODE, les VAE Ibode « totales » - celles qui dispensent de la totalité de la formation - sont accessibles aux infirmières ayant faits fonction d’IBODE pendant au moins trois ans et qui justifient de réalisation d’activité dans plusieurs domaines spécifiques*.

Les doutes des représentants syndicaux

« Il manque des arrêtés qui préciseraient les modalités de la VAE, métier par métier » analyse Bruno Huet, du SNIA.

« Pour la formation IADE, sa mise en oeuvre est presque impossible eu égard au nouveau référentiel de formation qui précise les objectifs impossibles à obtenir pour les postulantes », ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté de l’ANPDE (Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants). « Ce texte pose de nombreuses questions à la plupart des membres du HCPP puisque le décret en projet organise la VAE pour toutes les professions alors que la réingénérie des diplômes n’est pas terminée », explique Sébastien Colson, son président.

« On ne peut pas proposer une VAE - et pourtant nous serions vraiment favorables à cette forme d’accès au diplôme -, car le programme de formation actuel est obsolète », ajoute-t-il.

Si les IBODE ont déjà leur VAE, il semblerait que des problèmes similaires en matière d’application se posent.

En effet, les infirmiers peuvent demander la VAE pour devenir IBODE, mais n’ont parfois que la moitié des compétences acquises. Ainsi, elles doivent passer l’autre moitié dans une école d’IBODE. Or, les écoles d’IBODE ne sont pas organisées sous forme de compétences.

D’où la volonté des représentants syndicaux qu’une logique soit établie. D’abord la création d’un référentiel d’activités pour les professions qui n’en ont pas, puis un référentiel de compétences, puis la VAE s’il y a des arrêtés pour chacune des professions.

Le positionnement du HCPP au sujet du projet d’extension de la VAE à l’ensemble des professions paramédicales sera connu mardi. Il ne s’agira pas pour l’instant de faire voter le HCPP sur des modalités non encore définies mais de lui faire valider le cadre juridique d’ensemble qui s’applique à la certification des diplômes du secteur sanitaire.

 Malika Surbled

 

*Pour en savoir plus : arrêté du 24 février 2014 relatif aux modalités d'organisation de la validation des acquis de l'expérience pour l'obtention du diplôme d'Etat d'infirmier de bloc opératoire

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Réactions

16 réponses pour “Validation des acquis : une ouverture pour les professions paramédicales”

  1. gilles64300 dit :

    Bonjour à tous

    Je ne vois pas ni ne comprend pourquoi ce qui est valable pour une AS voulant une validation partielle du DEI, devrait être tout à coup inexistant ou inepte pour un(e) IDE voulant se voir attribué une reconnaissance partielle de son expérience acquise sur un terrain professionnel. d’autant que le parcours n’est pas une formalité et que son expérience vaut souvent tout autant que formation plus scolaire. Continuons notre schizophrénie et de déconsidérez l’expérience et les acquis de terrain pour la seule reconnaissance de diplômes scolaires qui ne font pas toujours de bons professionnels et nous pourrons continuer de constater que le chômage des seniors est en progressions et que nous continuons de fragiliser ce qui à construit notre excellence.

  2. Flochi dit :

    Bonjour à tous,
    Je crois qu’il faut rassurer les pessimistes et les opposants à la VAE : c’est une Validation des ACQUIS de l’Expérience, et non une Validation d’une durée d’Expérience… Il faut prouver ses acquis devant un jury de professionnels, sur chacune des unités de compétences ; et comme déjà expliqué plus haut, le travail à fournir est énorme et les éléments de preuve à apporter sont nombreux. (je parle en connaissance de cause, j’ai été membre de jury VAE AS et AVS pendant 7 ans, et les validations totales sont rares…)
    Après, et j’en partage les craintes, il ne faut pas que ce système favorise les glissements de tâche, ce qui sous entend qu’une VAE totale infirmière n’est pas envisageable : pour moi, elle ne peut s’entendre que sur le rôle propre infirmier.
    Ce qui nous amène au dernier point : la passerelle AS/IDE… Il n’est pas idiot qu’une AS diplômée n’ait pas à repasser les modules de formation concernant sa profession.

  3. gilles64300 dit :

    On voit que les lobbys et les corporatismes sont toujours aussi puissants en France. Que les grands principes d’égalité des chances, de fraternité professionnelle et de liberté d’évolution ne valent que pour les autres !!! Nous continuons à voir tous les retranchements et combat d’arrière garde à l’ombre de diplômes qui deviennent un Grâal accessible que par un seul processus. Processus qui serait à lui seul garant de toutes les les excellences et de sécurité…. Cela ne fait que conforter les esprits étroits dans leur toute puissance isolationniste qui refusent toute alternative. Tout ça parce qu’il n’existe pour leurs esprits qu’une seule et même pratique professionnelle. Alors que nous découvrons au quotidien les limites de nos pratiques nous sommes devenus incapables de faire confiance à autre chose que ces bouts de papiers qui valent plus que l’expérience et le savoir faire. Nous sommes en train de nous engluer dans nos « certitudes » et nous refusons de voir… que l’avenir est dans la reconnaissance de la compétence plutôt que dans la sécurité d’un papier.

  4. marine91700 dit :

    Je confirme les commentaires précédent ,moi même avec plusieurs année d’ expérience j’ai voulu tenter la Vae ,qui effectivement demande un très gros travaille ,personnel lié a la profession ,administratif de manière a recueillir tout les données de l’expérience antérieurs ect et tout cela sans forcément tout validés mais ouf j avais passé le concours en parallèle que j’avais eu! . Alors il faut arrêté de pensée que la VAE et un échappatoire pour un diplômes en rabais !!! car je type de conclusion est la méconnaissance totale du fonctionnement de la VAE et son mode d’attribution et pour ma part une reconnaissances professionnel commence par une reconnaissance de l’expérience !!!! don la VAE en fait parti !!

  5. mclove dit :

    cette polémique ne va faire que croitre et embellir , je suis formatrice et ai participé aux jurys VAE pour les AS ,je confirme que rares sont les candidats exonérées entierement de stage ,car souvent elles ont exercées dans des EHPAD , et devnir AS en réa ou en chir demande des compléments de formation, par contre les AS qui entent à ce jour en formation (référentiel 2009) n’ont pas à valider 3 UE ( dont celle d’hygiène) , par contre elles bloquent trés souvent en fin de foramtion , mémoire …., et aussi anglais ces passages obligés pour le grade licence serait abandonnés?Si tel était le cas ui la déqualification est en marche

  6. De futurs professionnels aux rabais… Il ne fera pas bon être malade…

  7. je suis aide soignantes depuis plus de 30 ans j ai reussi haut la main le concour d entrée ide. puis recevoir un apprentissage de soins d hygiènes par des jeunes trouducs en première année m a vite gonflé …enfin bref juste pour dire que certains modules ne mettaient pas nécessaire depuis je suis jury des V A E et l ensemble des juges sommes là pour reconnaître la valeur d un bon soignants au delà des cursus traditionnelles tout en étant stricte sur les compétences requises pour le poste et c est loin d être simple pour les candidats

  8. Ghyslaine Mas dit :

    Je lis les commentaires ..certaines personnes font leurs études avec le nouveau programme et ce n’est pas pour cela qu’elles seront de bonnes soignantes… en plus avec le peu de pratique Alors qu’il y a des ide qui ont travaillé toute leur carriére en tant que IBO assurant les urgences et les nuits et qui ,entre perenthese ont formé les nouveaux IBODEet qui hélas n’ont pas réussi le concours pour x et x raisons et qui à mon sens ont largement le droit à la VAE Pour une fois que l’expérience est reconnue!!!!!!!!!!!!

  9. Mathieu Guyon dit :

    La libéralisation des diplômes est en marche, bientôt des BEP sanitaire et social deviendront infirmier par vae, sans concours ni études, pauvres patients…

  10. Comment dévaluer les diplômes en général

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