Ils manifestent contre l’hôstérité…

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"Sauvons l'hôpital public !", "la santé n'est pas une marchandise" : infirmiers et soignants hospitaliers ont manifesté ce 23 septembre au matin à Paris, devant le ministère, à l'appel de la "Convergence des Hôpitaux en Lutte contre l'hôstérité". Ce rassemblement national est la première démonstration d'envergure d'un mouvement initié localement par l'ESPM de Caen, toujours en grève, en avril dernier.

infirmiers et soigants manifestent contre l'hôstérité

© Twitter @SUDSainteAnne

Ils étaient plusieurs centaines (1 500, selon les organisateurs) dans la rue à l'appel du mouvement Convergence des Hôpitaux en Lutte contre l'hôstérité" pour dénoncer "les mesures d'austérité" et la "dégradation du climat social".

Suppression des RTT, gel du point d’indice, non remplacement des arrêts maladie et congés maternités, sous-effectifs induisant insécurité des patients et des personnels, rappel sur les jours de repos, explosion des heures de récupération, réduction des budgets de formation, externalisation ou fermeture des services techniques ou logistiques : la liste des revendications est longue.

Le mouvement qui s'est largement étoffé en six mois regroupe des salariés de plus de 120 hôpitaux, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, des associations d'usagers, l'Union syndicale de la psychiatrie, le Syndicat de la médecine générale (SMG), avec le soutien d'Europe-Ecologie Les Verts, du NPA, du Parti communiste et du Front de Gauche.

L'objectif, le 4 avril dernier à Caen, lors d'une réunion qui avait mobilisé une quarantaine d'établissements était  de dépasser "la contestation hôpital par hôpital" et "de donner une réponse nationale à un problème national" face "aux attaques contre le service public de santé".

L'objectif est atteint même s'il ne s'agit pas  d'une totale unité dans la mesure où la CGT organise une journée de mobilisation le 16 octobre. Cependant plusieurs gros syndicats et unions syndicales départementales CGT ont fait part de leur décision de participer au 23, et ont vigoureusement critiqué l’inaction du bureau fédéral.

Un cataplasme sur une jambe de bois...

Des cars sont ainsi venus de Lille, Tours, Rouen… rejoindront Paris. Ailleurs, comme à Bordeaux, Toulouse, Besançon ou Quimper, des billets collectifs ont été réservés dans des trains.

Beaucoup témoignaient d'un "sentiment de mal travailler" à cause des réductions d'effectifs, s'estimant "la variable d'ajustement" des politiques d'économies.

"A cause des restrictions budgétaires, on n'est plus dans une prise en charge globale, on est dans une logique économique. On met un cataplasme sur une jambe en bois et on fait semblant que tout va bien", a déploré ainsi Olivier Jamain, infirmier dans un service psychiatrique de la région parisienne.

Fabrice Lamarque, du centre hospitalier du Gers, a évoqué lui "la surcharge de travail", "les heures supplémentaires qui explosent et ne sont pas récupérées".

Selon lui, "il y a de l'insatisfaction chez les personnels" car "les charges administratives les éloignent du cœur de métier, qui est d'être au chevet des patients, il y a de l'épuisement et la tentation de quitter l'hôpital".

Outre les plannings non respectés et des gens rappelés pendant leurs jours de repos, des infirmiers de Lorient dénonçaient, eux, la plus grande précarisation des métiers avec "le gel du point d'indice, la réduction du nombre de RTT", et le recours croissant à des CDD. "Avant on avait une infirmière pour 9 patients, maintenant c'est une pour 14", résume Marc Kalanec. Selon lui, son établissement emploie 630 contractuels sur 3 000 salariés.

Economies supplémentaires : le gouvernement fait marché arrière

A la veille de deux rendez-vous cruciaux, la présentation du nouveau budget de la Sécu le 29 septembre, et l'élaboration du projet de loi santé pour le printemps les différentes organisations, parties prenantes à la manifestation, ont eu du grain à moudre.

Quelques récentes prises de position comme celle de la FHF sur une inéluctable réduction des effectifs et une plus grande souplesse dans l'application des 35 heures, ou la sortie de l'édition 2014 du rapport annuel de la Cour des Comptes sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale, réclamant des mesures d'économie supplémentaires, sont venues apporter aux manifestants des raisons supplémentaires de s'inquiéter.

Pourtant, ironie du calendrier, le même jour, un article des Echos affirme que le gouvernement a finalement abandonné l'idée d'un durcissement de l'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam), prévu afin de grignoter deux milliards d'euros dans le cadre d'un plan d'économies de 21 milliards.

"Nous sommes tous d'accord avec la Cour des comptes, s'agace un conseiller gouvernemental, dans les Echos. Mais, à la longue, la baisse des dépenses devient insoutenable".

Rédaction ActuSoins, témoignages recueillis par AFP

 

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