Le 12 mai, le happening du collectif NBNNNP (Ni Bonnes, Ni Nonnes, Ni Pigeonnes) dans les rues de Bordeaux a rassemblé une poignée de participants devant quelques passants médusés ou amusés. ActuSoins a suivi la scène…
Une piétonne s’effondre sur la place de la Victoire puis devant la mairie de Bordeaux. Chaque fois, une soignante en blouse blanche tente de la ranimer par un massage cardiaque.
Un homme en costume (« qui symbolise l’administration », nous expliquait-on quelques minutes avant) tourne autour d’elle et la presse, hargneux : « Plus vite ! Vous voulez de l’aide ou quoi ? ».
Quelques passants s’arrêtent et regardent cette scène, inquiets, curieux ou amusés. Quelques minutes plus tard, l’infirmière s’effondre au côté de la piétonne. Les deux mortes sur la chaussée sont disposées dans des housses mortuaires ciglées d’un petit pigeon renfrogné, et d’un slogan : « La rentabilité tue ».
Les quelques minutes de ce scénario répétées dans les rues de Bordeaux ne mobilisait qu’une petite dizaine d’infirmières et d’aide soignantes du collectif Ni Bonnes, Ni Nonnes, Ni Pigeonnes d’Aquitaine, ce lundi 12 mai.
« Le nombre de participants ne compte pas », assure pourtant Pauline Puybareau, déléguée Aquitaine du collectif. Objectif de la saynète, attirer l’attention des passants. « Pour le grand public, le métier d’infirmier ou d’aide-soignant est considéré comme un « beau métier », mais il faut leur dire que cela ne justifie pas nos conditions de travail », martèle la déléguée, une aide-soignante de 25 ans exerçant en Dordogne.
Sur toutes les bouches : le sous-effectif
Sympathisante dès les premières heures du collectif, la jeune femme, soignante depuis 5 ans, a elle-même connu le « burn out » ou surmenage qui l’a mise « en incapacité pendant 6 mois à remettre une blouse blanche ».
Premier de tous les maux qui revient sur toutes les bouches des participants au happening, le sous-effectif chronique dans les services.
« Maintenant qu’une collègue m’annonce qu’elle est enceinte, je n’arrive même plus à me réjouir pour elle. Je sais qu’elle ne sera pas remplacée pendant son congé maternité et que ça va être l’enfer. »
Sylvain, 30 ans, aide-soignant à Bordeaux, ne travaillant que la nuit, sait aussi que la nuit prochaine, sa collègue sera en arrêt maladie et qu’il sera tout seul pour gérer deux services.
Edwina, 28 ans, infirmière à Bordeaux attend une restructuration de son service et « ne sait pas encore à quelle sauce [elle] va être mangée ». En attendant, régulièrement, avec les autres collègues de son service, elle demandera du renfort, auprès d’autres services pour contenir la violence de certains patients.
Corinne, infirmière depuis 33 ans, déléguée CNI, syndicat partenaire sur la région du collectif NBNNNP, observe avec un sourire ses consœurs venues défendre de meilleures conditions de travail. Elle regrette la petite mobilisation du jour.
L’appel des 100 000
« Dans la profession, on n’est pas revendicative, on n’a pas l’âme de se plaindre », avance-t-elle. Elle repense aux années de grands rassemblement, en 1988 où 100 0000 soignants étaient descendus dans la rue.
Le collectif rêve une nouvelle édition en 2014, avec « l’Appel des 100 0000 », une pétition qui sera lancée dans les jours à venir sur internet. Dès que 100 0000 infirmiers et aide-soignants s’engageront à venir manifester, un appel à la grève sera lancé. De quoi mettre fin à la démobilisation, croit Pauline Puybareau, dans une manifestation où les soignantes timides pourront « se fondre dans la masse » des mécontentes.
Ariane Puccini (Youpress)
A lire en complément : Mouvement infirmier : des revendications mais pas de mobilisation
Pour signer la pétition : l’appel des 100 000
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