La vaste fresque de l’Arlésienne dans le hall d’entrée, ses fauteuils élégants, rose et vert pistache en contraste, annoncent la couleur.
Dans tous les espaces de vie de l’Ehpad, jusqu’au deuxième étage, il n’y a pas un mur sans la signature de Christian Lacroix, le grand couturier originaire d’Arles. Toute la décoration a été choisie et dessinée par lui : des détails de fleurs ou de plantes aux végétaux grand format, tous différents, peints sur les murs à l’entrée de chaque chambre.
Il y a des œuvres de ce costumier et illustrateur, accrochées à des cimaises par séries, et des papiers peints colorés et baroques, pour animer des pans de couloir. Le tout dans des teintes chatoyantes ou toniques, avec des motifs stimulants souvent inspirés de designs traditionnels tels que planches botaniques ou imprimés évoquant la compagnie des Indes.
« Il fallait oser de telles associations couleurs ! », se félicite Antoine Bartet. Le directeur de l’Accueil depuis un an et demi, a inauguré en juillet dernier le projet abouti. « Dans un EHPAD, le cadre de vie est aussi important pour le bien-être des personnes âgées que les soins du corps. »
Cette demande artistique, qui casse littéralement les codes, a été passée il y a dix ans par l’équipe d’alors. Et tout le staff de la maison de retraite y a contribué, soignants et administratifs, résidents et familles.
Les couleurs ont été choisies avec le concours des médecins et des psychologues. « Cela donne un charme incroyable à un bâtiment hospitalier jusque-là assez terne », remarque le docteur Patrick Dutilleul, praticien de longue date de la structure. « Paradoxalement, des couleurs flashy peuvent être apaisantes. »
Confort apaisant
Stéphanie Fondacci, l’infirmière coordinatrice qui travaillait autrefois à ” l’Accueil ”, y est revenue après douze ans d’absence. « Mes collègues ont discuté ce projet très fédérateur, il y a eu une vraie réflexion collective et de l’écoute », constate-t-elle. « Forcément l’effet fini a un réel impact sur le groupe. Travailler dans un endroit décoré par Lacroix, c’est bon pour le moral, ce qui n’est pas négligeable. » Les salariés, en premier, ont pris l’habitude de se référer aux décors floraux, un lys, une pivoine, un iris, du lierre… comme outil de repère.
Les résidents, anciens ou nouveaux, aussi. Certains décors inspirés des traditions camarguaises servent de trame à leurs conversations, à l’évocation de souvenirs, ou à leurs émotions, stimulés par les décors et traditions de Camargue – raseteurs, taureaux, chevaux, plantes des marais, arlésiennes… où beaucoup ont vécu. Terre à laquelle Christian Lacroix est très attaché. « Ce cadre plus attrayant a généré une interactivité bénéfique entre soignants et résidents et entre résidents eux-mêmes », évoque le médecin.
Dans l’unité protégée qui accueille des résidents Alzheimer, le même travail collectif avec les soignants et les psychologues, a été engagé pour que l’espace soit d’un confort apaisant. Le couturier, très à l’écoute, a dû revoir sa copie sur des couleurs ou des matériaux inappropriés. « Celles prévues à l’origine sur les murs n’ont pas été maintenues », indique Delphine Verger, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie du vieillissement. « Trop vives, elles peuvent énerver les patients, les mettre en difficulté », précise-t-elle. De même qu’ont été modifiés des motifs de barres de seuil pour éviter à des patients à l’équilibre fragile, de buter ou de chuter.
« Cela reste très bariolé et très vivant et à chaque coin de chambre il y a ici aussi, des motifs d’herbier absolument magnifiques », se réjouit la psychologue. Ils servent là encore, de repère. « Ce travail sur les couleurs est d’autant plus bénéfique qu’il a été réalisé dans un environnement difficile et contenant, avec des résidents sujets à troubles de comportement et une architecture qui n’était pas prévue pour un secteur protégé », rappelle le docteur Dutilleul.
Tous en conviennent : même si le quotidien auprès de personnes âgées dépendantes n’est pas toujours simple dans une telle structure, leur lieu de travail est devenu plus joyeux, plus gai. « Exercer dans un tel environnement donne envie de s’atteler à de nouveaux contenus, de construire des projets » ajoute l’infirmière qui souligne le respect, l’admiration et la fierté qu’a engendré le projet au sein de l’établissement.
Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. « Nous avons un cadre exceptionnel qui peut être un argument de recrutement », avance le directeur. Il remplit, pour le moins, les regards de couleurs.
Myriem Lahidely
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