Une application pour soigner les plaies chroniques et complexes

Une application pour soigner les plaies chroniques et complexes

La Réunion, c’est trois fois plus de patients diabétiques qu’en métropole et quelques 250 amputations par an en raison de plaies insuffisamment prises en charge. Pour répondre à cette urgence, deux infirmiers libéraux, Alain Duval et Sébastien Lallemand, ainsi que deux médecins, le Dr Christine Kowalczyk, généraliste et le Dr Reuben Veerapen, chirurgien vasculaire, ont lancé Gécoplaies, une application de télé-expertise autour du pied diabétique. Ce projet, soutenu par l’ARS OI, a reçu un avis favorable du comité technique pour l’innovation en santé, au titre de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale.

Une application pour soigner les plaies chroniques et complexes

A l’origine du projet, Sébastien Lallemand, IDEL installé à La Réunion. Avec Alain Duval, président de l’URPS infirmiers Océan Indien, ils se sont interrogés sur le moyen d’intervenir précocement sur le « pied diabétique » qui touche beaucoup de leurs patients.

« Trop souvent à La Réunion, l’infirmier libéral est confronté à des plaies qu’il ne peut pas interpréter, explique Alain Duval. Or pour des raisons diverses et variées, jusqu’ici l’exercice libéral infirmier se heurtait à un manque de travail collaboratif entre les professionnels de santé, comme l’a d’ailleurs souligné la thèse d’un interne en médecine générale en 2012. Près de 60% des infirmiers libéraux ont donc du mal à accéder à de l’expertise. »

Faire baisser le nombre d’amputations

La conséquence d’une prise en charge tardive des plaies, c’est l’amputation trop fréquente des patients diabétiques : 250 par an en moyenne, énorme à l’échelle d’un département de 850 000 habitants.

Alors que faire ? C’est à l’occasion de rencontres de travail avec l’Union régionale des médecins libéraux Océan Indien qu’est née l’idée de Gécoplaies, une application de télé-expertise. « Nous avons travaillé sur cette question avec le Dr Reuben Veerapen, spécialiste en chirurgie vasculaire. Le but est de faire baisser de moitié le nombre d’amputations et donc le nombre d’hospitalisations et de transferts sanitaires. »

Les deux Unions régionales, médecins libéraux et infirmiers OI, ont donc décidé de créer une association sans but lucratif (loi 1901) pour développer cette application de té-expertise, co-présidée par le Dr Reuben Veerapen, pour l’URML et Sébastien Lallement, pour l’URPS infirmiers OI. Restait la question de son financement.

Une expérimentation autorisée pour cinq ans

Face au coût humain et financier que représente le diabète à La Réunion, l’Agence Régionale de Santé Océan Indien a porté un regard favorable sur le projet présenté par l’association Gécoplaies, ce qui lui a permis de recevoir un avis favorable du comité technique pour l’innovation en santé, dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale. Martine Ladoucette, Directrice Générale de l’ARS OI, a donc signé l’arrêté autorisant cette expérimentation pour une durée de cinq ans à compter du 1er octobre 2019.

« L’utilisation d’un outil numérique téléchargeable, interopérable avec notre plateforme territoriale sécurisée et permettant le partage du dossier patient entre l’ensemble des professionnels concernés, est un atout majeur du projet, analyse Martine Ladoucette. Les bénéfices attendus sont multiples :  amélioration de la qualité des soins, absence de rupture du parcours de soins, diminution du temps de cicatrisation, diminution des consultations et des hospitalisations, facilitation des sorties d’hospitalisation, diminution des recours aux urgences et, bien sûr, réduction des amputations pour les plaies du pied diabétique. »

Ce sont sur ces critères que se jouera dans cinq ans la validation de l’expérience Gécoplaies qui a déjà enregistré une centaine de connexions par mois et 90 dossiers traités. Et qui confirme une fois de plus le rôle de sentinelle exercé par les IDE libéraux et la part qu’ils peuvent prendre dans le conseil expert au côté des médecins.  

Mireille Legait

Le parcours de soin Gécoplaies

Le médecin traitant est au cœur du dispositif. Lorsque l’infirmier réquérant – ou le podologue en cas de plaie diabétique – crée sur Gécoplaies le dossier de son patient, le médecin traitant en est avisé et peut donner son avis sur la plaie, à partir de la photo téléchargée. Si le médecin traitant ne répond pas dans un délai de 24h ou s’il se déclare incompétent, la demande initiale est transmise à un duo d’experts, constitué d’un infirmier formé à la télé-expertise des plaies chroniques ou complexes et d’un médecin expert qui validera l’expertise de l’infirmier. En moins de 48h, le patient peut être pris en charge avec efficacité.

Quelle rémunération des actes IDE Gécoplaies ?

IDE requérant : remplir le dossier GECOPLAIES (gratuit) valide l’AMI 11 ( 33,60 euros), s’y ajoutent 10 euros par intégration numérique (3 max par patient). Parallèlement, le médecin traitant facture 29, 60 euros (CS) + 10 euros pour chaque retour/coordination (ordonnance) + 10 euros pour chaque nouvelle TLE (3 max) + 10 euros pour fermeture du dossier.

IDE Expert : 30 euros pour la première TLE puis 15 euros pour une autre TLE pour le même patient. Parallèlement le Médecin Expert facture 60 euros pour la première TLE puis 29,6 euros pour autre TLE pour le même patient.

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