Troisième semaine de grève de la faim pour des agents du CH de Bastia

Troisième semaine de grève de la faim pour des agents du CH de Bastia

Quatre agents du centre hospitalier de Bastia (Corse) poursuivent une grève de la faim depuis deux semaines. Deux autres se joignent à eux aujourd'hui. Ils dénoncent le déficit de 50 millions d'euros de leur hôpital, réclament des aides de trésorerie immédiates ainsi qu'un financement à 100% des travaux de modernisation. 
Les 6 grévistes de la faim sont soutenus par leurs collègues dans les services. © DR

L’hôpital de Bastia est en difficulté. “50 millions d’euros de déficit sur un budget de 100 millions d’euros, une gestion hasardeuse, des factures en souffrance, du matériel qui n’arrive plus, des fermetures de salles de bloc, des reports de chimiothérapie, des déplacements de patients ailleurs en Corse : le CH se retrouve dans une situation catastrophique, c’est intenable“, explique Vincent Porteous, de la CGT. 

Six agents du Centre Hospitalier, impactés par les restrictions, ont entamé une grève de la faim. C’était il y a trois semaines. 4 d’entre eux ont tenu. Ils se tiennent toute la journée dans le hall de l’hôpital et informent les patients de la situation. Deux autres ont dû interrompre le jeûne, pour des raisons de santé. “Il seront néanmoins relayés par deux autres agents qui se joignent à nous dés aujourd’hui“, souligne Josette Risterucci, secrétaire CGT de l’hôpital et actuellement en deuxième position dans la liste “l’Avenir, la Corse en commun”, regroupant les candidats de la Corse insoumise et du Parti communiste, pour les élections à l’Assemblée de Corse prévues en décembre. 

Les agents en appellent à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn pour débloquer 15 millions d’euros. “Toutes les activités que l’on peut avoir ici ne sont jamais rentables de toute façon. On sera toujours en dessous des activités à effet de seuil. Cela nous pénalise dans toute notre activité, qui est de toute façon toujours déficitaire. Notre coefficient correcteur géographique n’est jamais calculé correctement, il ne prend pas en compte les réels surcôut de l’insularité. Les dotations que l’on reçoit sont insuffisantes, elles ne prennent pas suffisamment en compte la précarité à laquelle nous faisons face. Ça devient très difficile de se moderniser”, ajoute Josette Risterucci qui demande également un plan de financement à 100% des travaux de modernisation “attendus depuis 20 ans“. 

A l’heure actuelle, la capacité d’autofinancement de l’hôpital est négative et oblige l’hôpital à financer ses investissements par des subventions ou des emprunts. La situation de trésorerie de l’hôpital est critique, malgré 10 millions d’aides versées en 2016 (contre plus de 5 millions en 2015). “On demande une aide exceptionnelle de 15 millions d’euros qui nous permettrait de payer au niveau du soin, de l’hôtellerie et de la pharmacie. Ça ne couvrira pas le reste du déficit, ça ne payera pas les 14 millions d’euros qu’il reste à payer aux fournisseurs, ni les 9 millions d’euros de créances liées aux impayés des patients“, explique Josette Risterucci. 

Le Conseil exécutif et l’Asssemblée de Corse proposent une médiation pour sortir du conflit

Dans le hall de l’hôpital de Bastia, les agents en grève de la faim informent les patients. © DR

Face à la grève de la faim des agents mais aussi à leurs autres actions – ils ont par ailleurs retenu plusieurs heures le directeur de l’hôpital et le directeur de l’Agence régionale de santé le lundi 6 novembre et retiré les claviers des secrétariats médicaux afin de perturber le fonctionnement de l’administration -, le conseil exécutif et l’Assemblée de Corse ont proposé une médiation aux syndicats. 

L’ARS Corse s’est, de son côté, engagée à actualiser les programmes pluriannuels d’investissement (PPI) dans sept hôpitaux de Corse pour objectiver les demandes d’aides. S’agissant du CH de Bastia et de sa politique de rénovation immobilière, l’ARS se propose de “financer un apport en ingénierie à l’hôpital de façon à approfondir, hiérarchiser et phaser les différentes priorités“, a indiqué un communiqué de presse de l’ARS Corse diffusé au début du mois de novembre. 

Le communiqué précise que “compte tenu des besoins urgents de l’hôpital“, le ministère a déjà confirmé le versement accéléré d’une subvention de 3 millions d’euros. Une enveloppe de 200 000 euros sur le fonds d’intervention régional (FIR) doit par ailleurs permettre de répondre aux besoins de renouvellement d’équipements médicaux formulés par la communauté médicale. 

M.S

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