Si la France est le pays des droits de l’homme, ce n’est pas pour autant le pays de tous les droits ! En effet, indépendamment de sa nationalité ou de sa religion, toute personne sur le sol français (même de passage) est soumise à sa législation fondée sur le régime laïc.

Laïcité ne signifie pas pour autant déni religieux, y compris à l’hôpital. Dans la loi du 9 décembre 1905 de la séparation des Églises et de l’État[1], la neutralité religieuse de l’institution hospitalière et de tous les personnels apparaît.
Une aumônerie pluriconfessionnelle (et pas seulement catholique) y demeure de droit pour que tout patient qui le désire « doit pouvoir, dans la mesure du possible, suivre les préceptes de sa religion (recueillement, présence d’un ministre du culte de sa religion, nourriture, liberté d’action et d’expression, etc.).[2] »
Si des limites[3] à la pratique religieuse s’imposent aux patients, c’est pour que l’hôpital public reste avant tout un lieu de soin :
– Elle ne doit ni compromettre les exigences sanitaires[4], ni perturber la dispensation des soins, ni troubler la tranquillité des patients hospitalisés et de leurs proches ;
– Le libre choix du praticien exercé par le malade[5] ne peut aller à l’encontre du tour de garde des médecins ou de l’organisation des consultations, particulièrement dans les situations d’urgence, ni créer des désordres persistants perturbant le bon fonctionnement du service
– Le prosélytisme est interdit aux personnels, aux patients, aux visiteurs, aux bénévoles.
En France, à l’hôpital comme dans aucune autre institution publique, nulle religion n’a force de loi : la République se place au-dessus des religions comme des usages, des traditions et des coutumes séculaires qui en découlent lorsque rites et pratiques vont à son encontre.
Pourtant, l’ascension des exigences communautaires et religieuses y est bien plus qu’inquiétante, la législation et la règlementation hospitalière y sont ignorées. Si nul ne réagit, d’ici peu, les établissements de santé seront-ils dévolus aux soins des malades ou soumis aux pratiques cultuelles de certains patients et personnels de plus en nombreux ?
La menace religieuse place sur l’hôpital. Il serait temps que le peuple réagisse puisse que nos élus de tous les partis politiques se désintéressent du problème depuis plus d’une décennie.
Isabelle Lévy
Ecrivain, conférencière et formatrice
en « Rites, cultures et religions face à la santé ».
Pour aller plus loin :
Conférencière, formatrice et écrivain, Isabelle Lévy est l’auteur de “Menaces religieuses sur l’Hôpital” paru aux Presses de la Renaissance.
Elle a également consacré de nombreux ouvrages destinés aux soignants, comme “Mémento pratique des rites et des religions à l’usage des soignants” ou “les soignants face au décès”.
Lien vers le site de l’auteur : www.levyisabelle.net


![[TRIBUNE] L’intrusion des religions à l’hôpital public [TRIBUNE] L’intrusion des religions à l’hôpital public](https://www.actusoins.com/wp-content/uploads/2023/01/Isabelle-Levy.jpg)








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