Construire une réelle politique d’encadrement propre à chaque établissement d’accueil : le besoin semble logique. Cela “permet de favoriser l’acquisition et le développement de compétences de chaque étudiant.e“, explique la Fnesi, dans un dossier adressé à la presse. Mais, “par manque d’anticipation et d’investissement“, regrette la Fnesi, “les établissements relèguent au dernier plan son élaboration, mettant en danger non seulement les étudiant.e.s mais aussi les patient.e.s accueilli.e.s“.
Pour que la politique d’encadrement devienne “cohérente“, la Fnesi demande un aménagement du temps de travail ainsi qu’une valorisation salariale à hauteur de 300€ net/mois pour les infirmiers tuteurs. Cela représenterait également un enjeu d’attractivité majeur pour les établissements “fidélisant, à terme, les professionnel.le.s de terrain“, estime-t-elle.
La fédération demande aussi que les étudiants (étudiants en soins infirmiers mais aussi les étudiants infirmiers en pratique avancée), soient concertés, “au même titre que tous les acteurs concernés“, dans le cadre de la construction de cette politique de stage. “Une voix décisionnaire doit être accordée aux ESI et aux EIPA au sein des instances de gouvernance de l’hôpital public.”
Pour aller plus loin : formation DPC continue pour les infirmiers et infirmières
Mauvaises conditions de stage
Alors que les IFSI perdent de nombreux étudiants sur toute la formation entre le nombre d’entrants en première année d’étude et la diplomation (parmi les quatre promotions sortantes avant 2017, plus de 83 % des étudiants inscrits en 1re année ont obtenu leur diplôme; ils étaient moins de 76 % dans les six promotions précédentes), la Fnesi met en cause les stages. “Cette perte intervient majoritairement lors des stages“, estime-t-elle.
“Dans un pays où le système de santé manque de personnel infirmier, l’adage ‘investir dans la formation, c’est investir dans l’avenir’ prend tout son sens.”
Etat psychologique altéré
La Fnesi revient également sur la mobilisation des étudiants pendant la crise sanitaire. Selon une enquête qu’elle a réalisé auprès de 15.091 ESI et 144 EIPA, 38% des étudiants mobilisés pendant la crise disent avoir un état de santé mentale mauvais ou très mauvais et 62,5% estiment que celui-ci a évolué négativement pendant la crise. “Ce mal-être est en corrélation avec les affectations massives en stage des étudiant.e.s puisque 50% d’entre eux.elles se disent fatigué.e.s et stressé.e.s“, observe la Fnesi.
La dégradation de l’état de santé mentale des étudiants a entraîné des dérives, notamment “des comportements addictifs“, relève-t-elle. Les chiffres annoncés sont inquiétants : 31,3% des étudiants (ESI /EIPA répondants) prendraient des anxiolytiques, dont plus de la moitié disent avoir débuté un traitement pendant la crise.
“Ce constat est d’autant plus marquant lorsque 70% d’entre eux.elles confient être en période de stage lors des premières prises“, alerte la fédération.
La crise de la Covid-19 est également marquée par l’augmentation de la consommation d’alcool pour 16,1% des ESI et EIPA. 60,8% d’entre eux.elles étaient d’ailleurs en période de stage.
Rédaction ActuSoins
Enseignement théorique au second plan
Pendant la période de confinement, un étudiant sur deux n’a pas reçu de communication “correcte” sur les modalités d’aménagement de la formation de la part de son IFSI, estime par ailleurs la Fnesi.
“Ces aménagements réglementaires dénotent des limites de notre référentiel de formation datant de 2009, trop rigide et donc peu adaptable aux contraintes de la crise“.
L’occasion pour la fédération d’appuyer sa demande de refonte du référentiel de formation afin que les études “répondent aux enjeux de santé de demain“.
“La communication entre les IFSI et les étudiant.e.s a souvent été difficile voire inexistante, entraînant une perte de confiance des ESI envers leurs équipes pédagogiques et même un sentiment d’abandon conduisant à une perte de sens de la formation“.
Un tiers des étudiants ayant passé des partiels au cours de la crise affirment ne pas avoir eu de temps d’explication en amont accentuant le risque de décrochage.
Développement massif du numérique
La Fnesi demande également un développement massif du numérique : par manque d’équipement et de contenu numérique existant, 28,9% des ESI et EIPA témoignent ne pas avoir eu accès à un contenu d’enseignement à distance pendant la crise.
Néanmoins, précise la Fnesi, “le développement du numérique n’a de sens que si les équipes pédagogiques parviennent à s’en saisir. La crise a révélé un cruel manque de formation des formateur.rice.s d’IFSI aux méthodes pédagogiques numériques. L’obligation de recours à ces outils a révélé des lacunes, impliquant la nécessité de développement de compétences numériques“.
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