« La promotion de la collaboration inter et intraprofessionnelle fait partie des grandes orientations des politiques de soins primaires de ces dernières années », rappelle l’étude de la DREES.
L’exercice regroupé a été encouragé et est désormais majoritaire chez les médecins généralistes, que ce soit en groupe monoprofessionnel (29 % des médecins généralistes libéraux exercent dans un cabinet ne regroupant que des professions médicales, dans la majorité des cas seulement des médecins généralistes) ou pluriprofessionnel (40 %).
À cette tendance se superposent la promotion et le développement de structures d’exercice coordonné, favorisant la collaboration inter et intraprofessionnelle, avec les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Ce contexte d’exercice conduit les médecins généralistes à collaborer davantage avec les autres professionnels de santé dont les infirmières.
Ainsi, l’étude révèle que « la fréquence des échanges d’informations d’ordre médical avec d’autres professions de santé est très dépendante de la profession considérée.» Deux médecins généralistes libéraux sur trois échangent au moins toutes les semaines des informations d’ordre médical avec des infirmières. Ces interactions sont quotidiennes pour un peu plus d’un tiers des médecins (35 %).
Les médecins généralistes échangent également souvent avec d’autres médecins, généralistes ou spécialistes, ainsi qu’avec des pharmaciens : la moitié d’entre eux le font de façon hebdomadaire.
Des considérations sociologiques
L’étude précise en revanche que les médecins femmes ont des interactions moins régulières avec les infirmières. Par exemple, seules 61 % d’entre elles échangent une fois par semaine ou plus régulièrement avec des IDE, contre 73 % des hommes. Ce résultat pourrait être lié à des socialisations différentes entre hommes et femmes, rendant les premiers plus enclins que les secondes à se positionner comme supérieurs dans les rapports hiérarchiques possiblement en jeu dans les collaborations avec des infirmières.
Par ailleurs, les infirmières seraient moins disposées à les accepter de la part de médecins femmes.
Les différents degrés d’interaction peuvent aussi s’expliquer en partie par des effets générationnels dus au regroupement : les professionnels les plus âgés exercent plus fréquemment en cabinet seuls (46 % des 60 ans ou plus, contre 5 % des moins de 40 ans), un mode d’exercice a priori moins propice aux échanges, le regroupement étant associé à des échanges plus fréquents.
Les médecins partageant leurs locaux avec des professionnelles paramédicales déclarent communiquer plus souvent avec celles-ci : 41 % des médecins en groupe pluriprofessionel échangent quotidiennement avec des infirmières, contre 28 % des médecins en groupe monoprofessionnel et 33 % des médecins exerçant seuls.
Cet écart est dû principalement à la pratique en structure d’exercice coordonné, plus courante pour les médecins travaillant dans un groupe pluriprofessionnel.
Au-delà d’un projet de santé commun, ces structures sont plus susceptibles d’employer une personne dédiée à la coordination, de mettre en œuvre des protocoles pluriprofessionnels et de disposer d’un système d’information partagé.
Ces trois aspects sont notamment obligatoires pour les MSP ayant signé l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI), en contrepartie d’un soutien financier de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). L’appartenance à une CPTS semble également favoriser les échanges entre médecins généralistes et entre médecins et infirmières, mais dans une bien moindre mesure.
Les échanges entre généralistes et infirmières sont aussi sans doute plus fortement conditionnés à la quantité de patients en commun.
Le contenu des échanges
Sans surprise, le contenu des échanges porte avant tout sur la prise en charge des patients.
44 % des médecins échangent au moins une fois par semaine avec des infirmières à propos de leurs patients ayant une maladie chronique. Plus d’un tiers des médecins communiquent à ce rythme sur les traitements ou la réalisation de gestes techniques pour leurs patients (37 %) et un quart pour la gestion des personnes âgées à domicile et le suivi des patients à la suite d’une hospitalisation.
Les médecins ayant un volume d’activité plus important voient plus de patients et ont donc plus de motifs d’échange et/ou qu’ils sont amenés à transférer des tâches à leurs collègues infirmières pour diminuer l’intensité de leur activité.
Laure Martin
*Les noms des professions et catégories désignées par la Drees sont accordés au féminin “car ils désignent une majorité de femmes (accord de genre majoritaire)”, indique l’étude.
Source – DREES – Etudes et résultats – octobre 2023 n°1282 – Un tiers des médecins généralistes, et plus de la moitié de ceux exerçant en maison de santé pluriprofessionnelle, collaborent quotidiennement avec des infirmières.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-10/ER1282.pdf
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