ActuSoins : Le Salon infirmier s’articule cette année autour de la thématique « Ré-enchanter la profession infirmière ». Pourquoi ?
Caroline Metais : Nous voulons montrer ce qui fait la richesse de ce métier. Son attractivité est un sujet majeur. Elle a été un peu mise à mal.
C’est une profession qui ne s’exerce pas forcément dans les meilleures conditions. Elle exige beaucoup de motivation, a fortiori dans le contexte actuel.
Notre idée est de redorer un peu le blason de la profession, dans sa dimension hospitalière mais aussi libérale. Le salon s’est orienté ces dernières années sur le recrutement et de plus en plus d’exposants viennent pour recruter.
A.S : Comment cette thématique du ré-enchantement va-t-elle être déclinée au sein du salon infirmier ?
C. M. : Les contenus sont déclinés sous trois formes, en plus des exposants.
Il y aura des conférences, dont le programme est piloté par un comité scientifique représentatif du secteur. Elles porteront par exemple sur le leadership, l’attractivité du métier, le compagnonnage, l’exercice infirmier dans d’autres pays mais aussi le bien-être des professionnels.
Dans des ateliers pratiques, les professionnels de terrain vont pouvoir partager leurs expériences sur des sujets précis, par exemple sur des techniques, l’amélioration de pratiques… Au sein de l’Agora, des exposants présenteront aussi des retours d’expérience avec des professionnels ou des équipes qui ont mis en place des projets, notamment sur des sujets liés aux outils ou à l’accompagnement.
En termes de contenus, il y aura des nouveautés, notamment lors d’ateliers pratico-pratiques avec des outils de simulation ou des moments plus conviviaux autour du bien-être avec du yoga, de la méditation ou des massages.
A.S :Quels sont à votre avis les enjeux de cette édition du Salon infirmier ?
C. M. : Il s’agit de se retrouver de façon encore plus présente qu’en 2021, de donner aux visiteurs des occasions d’échanger, de partager leurs expériences.
Dans les services, les infirmières sont parfois isolées et les moments partage assez rares. C’est l’occasion de se dire que c’est un métier qui vaut la peine et de mettre en lumière l’engagement, les compétences et la force de ce métier.
Et aussi de pouvoir échanger autour de sujets qui les concernent.
A.S : La crise sanitaire a-t-elle conduit à une transformation du Salon infirmier ?
C. M. : Sur le fond, oui. Après un salon entièrement digital l’année dernière, nous nous adaptons à ce que vivent les visiteurs, des soignants, au quotidien.
Les sujets sont plus orientés sur le partage, l’humain, l’organisation et la structuration des services dans les établissements. Le volet humain a une dimension cruciale au regard de l’importance du métier dans le système de soin.
Le contexte fait que les infirmiers et infirmières ont besoin de se retrouver, d’avoir des temps de partage, de donner du sens à leurs pratiques quotidiennes, de se former, d’apprendre… C’est ce que le salon leur propose.
A.S : Comment le Salon infirmier s’articule-t-il avec le grand salon du monde de la santé, Santexpo ?
C. M. : Le Salon infirmier existe depuis trente ans. Nous l’organisons depuis 2017 et en sommes propriétaires depuis 2018.
Il se tient au sein du salon Santexpo depuis 2016 car les deux secteurs sont très imbriqués.
Ils sont totalement différenciés : Santexpo porte plus sur le milieu hospitalier alors que le Salon infirmier est plus orienté sur le soin.
Mais cela a du sens qu’ils se déroulent au même moment et au même endroit.
C’est au départ une volonté de la Fédération hospitalière de France d’avoir un événement connexe plus orienté sur la pratique professionnelle qui soit le rendez-vous de toute la profession infirmière, aussi bien libérale qu’hospitalière.
Propos recueillis par Géraldine Langlois
*Le prochain salon infirmier, ainsi que Santexpo, se tiendront du 17 au 19 mai à Paris (Porte de Versailles)
Le programme sur : https://www.saloninfirmier.fr
Le salon infirmier “rassemble toute la profession infirmière”
Pour Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, et Mathilde Padilla, présidente de la Fédération nationale des étudiant.e.s en sciences infirmières (Fnesi), qui seront présents au Salon infirmier en mai, cet événement permet aux visiteurs de prendre la mesure de la diversité du monde infirmier et des perspectives de la profession.
ActuSoins : Quels sont selon vous les apports principaux du Salon infirmier pour les publics que vous représentez ?
Patrick Chamboredon : Ce salon, une sorte de « madeleine de Proust » pour moi, est un événement qui peut rassembler toute la profession infirmière, un lieu de rencontre et de réseau social.
Il peut servir pour le recrutement car des recruteurs viennent chaque année, de France principalement mais aussi de l’étranger.
Il permet aussi de découvrir des modes d’exercice qu’on n’avait pas envisagés initialement, ce qui est intéressant au regard de l’évolution vers une plus grande fluidité des carrières.
Cet événement aux multiples facettes positionne la profession d’une manière très cohérente au milieu du salon Santexpo, qui présente le monde de la santé dans toute sa pluralité, sa diversité.
Cela montre aux infirmiers qu’ils font partie d’un tout et leur donne une idée de son évolution.
Mathilde Padilla : Pour les étudiants, notamment ceux qui sont en fin de formation, ce salon est une bonne occasion de se faire une idée de l’après diplôme.
Ils peuvent y découvrir des lieux d’exercice divers, rencontrer leurs syndicats représentatifs, les mutuelles, les assureurs, les éditeurs d’ouvrages très utiles pour les TFE (travaux de fin d’étude, N.D.L.R.) et surtout découvrir les opportunités qui leurs sont proposées, dans différentes régions, les comparer…
Les étudiants ont ainsi une vue d’ensemble des nombreux parcours professionnels possibles. Et pouvoir rencontrer toutes les personnes importantes pour leur vie professionnelle est une vraie richesse!
ActuSoins : Quels thèmes abordés lors de cette édition vous semblent les plus intéressants ?
M. P. : Les jeunes générations font face à de nouveaux enjeux qui sont abordés de manière très concrète notamment lors des conférences, comme la santé environnementale, la prise en charge des enfants, les poursuites d’études…
Cela plaît beaucoup aux étudiants car cela leur permet de monter en compétence mais aussi d’avoir moins peur de ce qui les attend quand ils arrivent dans la vie active, de se projeter.
D’autres conférences, sur les soins palliatifs ou la place des familles en réanimation, par exemple, peuvent les aider dans la rédaction de leur TFE!
Ils peuvent aller rencontrer les intervenants. Certains IFSI banalisent des journées de cours pour permettre aux étudiants de venir au salon, d’autres envoient tous ceux de troisième année.
P. C. : Le salon se déroule à une période particulière, entre plusieurs élections, tandis que la France préside l’Union européenne et après les difficultés liées à la pandémie.
Le conseil scientifique du salon, dont je fais partie, a la volonté que le programme des conférences reflète ce temps particulier.
On pourra découvrir des expériences très pragmatiques de terrain menées par des infirmières dans les CHU et CH de France, qui montrent la capacité de la profession à se renouveler et ce que pourrait être l’évolution des pratiques infirmières.
Nous sommes aussi incités en ce moment à regarder « plus loin ». Une délégation de l’ordre infirmier du Brésil, notamment, sera présente, dans la perspective d’une extension du programme Erasmus vers des pays sud-américains.
Cela reflète une ouverture sur le monde et d’autres pratiques.
ActuSoins : Quels conseils donneriez-vous aux visiteurs pour tirer le plus de profit de leur visite au salon ?
P. C. : Je leur conseillerais de consulter le programme des conférences avant de venir et de s’inscrire pour assister à une ou deux d’entre elles le jour J, pour ne pas rester que sur le salon Santexpo – qui mérite cependant d’être visité.
On peut aussi assister à des démonstrations de techniques innovantes qui impactent déjà ou impacteront à terme la pratique.
M. P. : C’est important et plus efficace de préparer sa visite en amont, de se renseigner sur ce qui est proposé, même si quand on arrive on trouve forcément des choses intéressantes.
Les rencontres qu’on peut faire, les échanges directs… tout est important et intéressant !
G.L
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