Le 10 janvier, Élisabeth Borne, Première ministre, a présenté le projet de réforme des retraites du gouvernement. Les fonctionnaires comme les salariés du privé sont concernés.
Une des mesures consiste à décaler l’âge de départ légal à la retraite à 64 ans (contre 62 ans actuellement). Une demande qui ne passe pas, notamment pour les soignants, présents dans la rue à la fois pour défendre leur situation mais aussi celle des générations à venir.
Les caisses ne seraient pas vides, selon les syndicats
« Cette réforme, c’est de la maltraitance », estime Sylvie, 61 ans, déléguée syndicale CGT à temps plein.
Ancienne auxiliaire de puériculture et secrétaire au sein du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) d’un hôpital francilien jusqu’à sa fermeture en 2021, elle va devoir travailler trois mois de plus.
Depuis 41 ans, elle exerce à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. « Avant la pandémie, nous dénoncions déjà les conditions de travail des soignants, et depuis, elles se sont dégradées », pointe-t-elle du doigt.
Et de poursuivre : « Ce n’est pas parce le gouvernement a proposé aux infirmières de passer en catégorie A en 2010, que d’un coup, la pénibilité du travail a disparu. »
Une réforme d’autant plus difficile à accepter que selon les syndicats, les caisses de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) [régime spécial de la Sécurité Sociale chargé de l’assurance vieillesse des fonctionnaires territoriaux et hospitalier, NDLR] ne seraient pas vides. « On parle d’attractivité mais on nie les conditions de travail des personnes en vie », ajoute-t-elle.
Un métier « usant »
Un peu plus loin, défilant côte à côte, Marguerite 59 ans et Nathalie 53 ans, battent le pavé principalement pour défendre les droits des générations à venir.
Exerçant dans un Centre médico-psychologique (CMP) en Essonne, elles reconnaissent toutefois être « usées par leur métier et par la pénibilité ».
Pourtant, elles l’aiment leur profession. Mais aujourd’hui, avec les conditions de travail dégradées, les effectifs en baisse, les patients toujours plus nombreux, « il est difficile de tout assurer », soutiennent-elles en chœur.
Un point de vue partagé par Céline, infirmière en médecine du travail en Ile-de-France. « J’ai exercé auparavant dans d’autres services et aujourd’hui, je suis une infirmière usée par les toilettes, le port des charges, le stress, les conditions de travail », rapporte-t-elle.
A la médecine du travail, elle se considère comme n’étant pas la plus mal lotie. Mais « on reçoit le personnel, notamment les soignants, qui eux vont mal ».
Le contenu de la réforme
Si la réforme est adoptée en l’état, l’âge légal de départ à la retraite sera porté à 64 ans en 2030 contre 62 ans actuellement, avec une augmentation progressive fixée à trois mois par année de naissance, à compter du 1erseptembre 2023.
Une autre mesure concerne la durée de cotisation : pour obtenir une retraite à taux plein, il faudra avoir cotisé 43 trimestres à partir de 2027, et non à partir de 2035 comme initialement prévu par la loi Touraine de 2014. Le changement est significatif pour les personnes nées entre le second semestre 1961 et l’année 1973 (elles travailleront entre 1 et 3 trimestres supplémentaires pour percevoir une retraite à taux plein).
Un point inchangé : la possibilité de bénéficier d’une retraite à taux plein automatiquement, sans décote, à 67 ans, peu importe la durée de cotisation.
Pour les carrières longues, la réforme prévoit la création d’âges intermédiaires. Les salariés ayant commencé à travailler avant l’âge de 16 ans pourront partir à 58 ans en 2030. Ceux ayant débuté entre 16 et 18 ans, pourront partir à 60 ans et pour ceux qui ont commencé leur vie active entre 18 et 20 ans, à 62 ans.
Deux mesures sont prévues pour la Fonction publique hospitalière (FPH). Tout d’abord l’extension de la retraite progressive aux agents publics, qui pourront être à temps partiel à 62 ans et toucher dans le même temps, par anticipation, une partie de leur retraite. Ils pourront également demander à prolonger leur carrière au-delà de la limite actuelle.
La pénibilité devrait également, d’après le gouvernement, être mieux prise en compte avec la mise en place d’un suivi médical renforcé, la création d’un fonds de prévention doté d’un milliard d’euros et l’amélioration du Compte professionnel de prévention (C2P).
Enfin, dès 2023, les « petites » pensions de retraite vont être augmentées à hauteur de 85 % du Smic, soit 1 200 euros, pour ceux ayant une carrière complète.
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