“Les scanners représentent 10% des examens et 58% des doses reçues”, a relevé André-Claude Lacoste, président de l’ASN, en soulignant la “position écrasante” de ces appareils dont les performances ne sont pas toujours utilisées à bon escient.
En 5 ans, on a enregistré une augmentation de 47% des doses délivrées aux patients (1/4 de la population française par an), selon le rapport IRSN/InVS de 2010, a rappelé l’ASN.
Selon l’ASN, qui réitère son “message d’alerte” sur ce “souci majeur”, le remplacement de certains examens de scanner par l’imagerie par résonance magnétique (IRM) s’impose.
La France ne possède que 8,7 IRM par million d’habitants contre une moyenne européenne de 20. Ce manque d’IRM en France participe au “surcroît non justifié” d’irradiation médicale en plus de “mauvaise pratique médicale“, pointe l’ASN qui milite pour un “rééquilibrage du parc français entre scanners et IRM”.
L’IRM, qui n’émet pas d’irradiation, a des applications privilégiées: le cerveau –en particulier en urgence pour les attaques cérébrales (AVC)–, la moelle épinière, la rhumatologie et les enfants.
Mais en raison du retard français, les délais de rendez-vous pour une IRM dépasse en moyenne un mois et souvent, par défaut, des médecins recourent au scanner.
Or “un scanner du corps entier, ou thoraco-abdomino-pelvien, peut délivrer l’équivalent d’une dose de radiations (20 millisieverts ou mSv) qu’un travailleur du nucléaire (ou un radiologue) ne doit dépasser en une année”, note le Dr Michel Bourguignon de l’ASN.
“Cela ne peut plus continuer comme ça, il faut maîtriser les doses”, dit-il en pensant, au premier chef, à préserver la santé des enfants, les plus vulnérables. La hausse incontrôlée de ces examens pourrait en effet favoriser la survenue de cancers.
Le problème concerne également la radiologie interventionnelle en neurologie (par exemple pour traiter un anévrisme cérébral sans ouvrir le crâne) et en cardiologie (débouchage d’artère etc.), précise le Dr Jean-Luc Godet, directeur des rayonnements ionisants et de la santé à l’ASN.
En chirurgie interventionnelle, il est possible de réduire les doses d’un facteur 2 à 3, assure-t-il. Il faut également que les spécialistes pensent au risque de brûler la peau lors d’interventions répétitives (anévrismes cérébraux), ajoute-t-il.
Par ailleurs, les inspections de 2009 ont révélé des insuffisances de radioprotection dans les blocs opératoires où sont réalisés ce type d’actes radioguidés (cardiologie, neurologie, chirurgie, orthopédie…): défaut de formation, infirmières manipulant des appareils à la place de manipulateurs radio diplômés d’État…
Les examens, comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique, il faut qu’ils soient justifiés, résume le Dr Bourguignon à l’adresse du public. En 2012, un guide sur ordinateur aidera les généralistes à choisir l’examen le mieux indiqué.
AFP
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