La santé publique et l”hôpital ne semblent pas faire partie aujourd’hui des priorités des politiques en campagne pour 2012. Les primaires socialistes n’échappent pas à ce constat.

La thématique ne semble pas faire recette, notamment chez les candidats à la primaire socialiste, dont le premier tour se tient le 9 octobre.
Lors du grand débat télévisé du 15 septembre ou lors de la seconde rencontre du 28 septembre, la santé est passée à la trappe.
Ce n’est qu’au détour de visites à l’hôpital que la thématique surgit. Comme si les questions de santé n’intéressaient que les soignants.
Haro sur la loi Bachelot
Pourtant, Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Jean-Michel Baylet l’affirment : il y a urgence. Notre système de santé va mal.
Mi-septembre, après une visite à l’institut Gustave-Roussy de Villejuif, François Hollande déclare ainsi : «notre système n’a cessé depuis dix ans de se dégrader». Pour éviter «une crise sanitaire majeur», le député corrézien prescrit une rupture avec «la politique de maltraitance» initiée par Nicolas Sarkozy.
La loi dite “Bachelot” ou HPST (Hôpital, Patient, Santé, Territoire) de 2009 est dans le collimateur. Mi-août, Ségolène Royal se rend dans la maternité de la Seyne-Sur-Mer (Var) menacée de fermeture. La présidente du Conseil régional de Poitou-Charente se fait alors pasionaria : «Je n’accepte pas les déserts médicaux qui coûtent beaucoup plus cher. Je sauverai les hôpitaux publics de proximité menacés de fermeture».
Même son de cloche chez Martine Aubry, pour qui «il faut rompre avec la logique d’entreprise introduite par la loi Bachelot». Elle le clame : «Il faut remettre l’hôpital au centre du système de santé.» En attendant, elle occupe le terrain avec visite au CHU de Grenoble et tracts «pacte d’avenir avec les professionnels de la santé» distribués devant l’hôpital Trousseau, à Paris, par Jean-Paul Huchon et Anne Hidalgo.
La santé en marge du débat
La maire de Lille peut même se targuer d’avoir l’appui de soignants. Un appel de soutien a, en effet, été lancé par plusieurs professionnels. Pierre Wolkenstein, professeur au CHU Henri-Mondor de Créteil, en est l’initiateur.
Même s’il a placé sa confiance dans la candidate, il n’en regrette pas moins la faiblesse du débat. «On ne parle pas assez de la santé qui est pourtant un enjeu de société. Les problèmes liés au vieillissement de la population ne sont pas pris en compte par les politiques. Aujourd’hui avec la politique libérale de privatisation, la santé publique fond comme neige au soleil. Les Français doivent se prononcer sur la part de l’impôt dirigé vers la santé. Il y a un choix de société à faire et je regrette que ce choix ne soit pas au cœur du débat», se désole Pierre Wolkenstein.
Problématique déficit
Un choix et une politique qui impactent directement les conditions de travail des soignants. «Il faut lutter contre le malaise moral qui atteint l’ensemble des personnels des établissements de soins, de l’aide-soignante au chef de service», reconnaît Martine Aubry.
Mais, François Hollande ne se montre pas particulièrement optimiste. «La gauche doit montrer qu’elle est consciente des contraintes qui pèsent : problème de rémunération d’un certain nombre de professions de santé, permanence des soins… Si nous ne trouvons pas de nouvelles ressources pour la sécu, nous ne pourrons pas payer», lance-t-il, mardi dernier, lors d’un déplacement au CHU de Rennes.
D’ici à avril 2012, la question de la santé risque bien d’être cantonnée à celle des déficits publics.
Judith Korber









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