L’élection présidentielle approche. Dans ce cadre, la rédaction d’ActuSoins fait le point sur le bilan du quinquennat Hollande, vu par différents acteurs de la profession infirmière. Aujourd’hui, nous avons interrogé Sébastien Colson, président de l’ANPDE. Pour lui, aucune action concrète n’a permis de faire évoluer le métier d’infirmière puéricultrice ces dernières années.
Il y a comme un goût amer du côté des infirmières puéricultrices. Et pour cause : malgré de nombreuses relances, les travaux sur la réingénierie de la formation, tant demandés par la profession ont cessé depuis le 28 septembre 2011. L’universitarisation et le grade master qui iraient avec, sont donc en stand-by depuis plus de cinq ans. Au détriment de la qualité des soins et au détriment de l’enfant, selon Sébastien Colson, président de l’ANPDE.
Des rapports pourtant favorables aux infirmières puéricultrices
Pourtant, ces dernières années, de nombreux travaux autour de l’enfance et de la santé de l’enfant ont été menés. En 2013, l’ONDPS (Observatoire National de la Démographie des professions de Santé) mettait en avant une évolution “nécessaire” de l’exercice et de la profession des infirmières puéricultrices. Meilleure reconnaissance des professionnels, exercice en ambulatoire, droit à la prescription, réingénierie de la formation…L’ONDPS allait dans le sens des revendications des professionnels.
Puis, deux rapports de la CNNSE (Commission nationale de la naissance et de la santé de l’enfant) relatifs au parcours de soins des enfants malades chroniques ainsi qu’aux troubles de l’apprentissage. Tous deux préconisaient de mieux inclure les infirmières puéricultrices dans la politique de santé de l’enfant.
Enfin, en mai 2016, le rapport Giampino, sur le thème des métiers de la petite enfance. Le rapport – très positif selon l’ANPDE – préconisait entre autres de compléter la formation pédiatrique initiale des professionnels et de réingénierer la formation d’infirmière puéricultrice. Le plan d’action proposé par la suite par Laurence Rossignol (ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes) ne parle pas des Infirmière Puéricultrices diplômées d’Etat.
” Ces rapports étaient très porteurs. Mais malheureusement, aucune action en lien avec eux n’a été prise par la suite” regrette Sébastien Colson.
Pas d’évolution depuis 2011
“On a tenté de demander à plusieurs reprises à la DGOS d’expliquer pourquoi ces rapports n’avaient pas abouti sur les actions qui y étaient préconisées. Nous n’avons jamais eu de retours. Pendant cinq ans, on nous a mené en bateau. D’abord, on nous a dit qu’on ne pouvait rien faire tant qu’il n’y avait pas de feuille de route du ministère sur la réingénierie. Une autre fois, on nous a dit qu’il fallait attendre le rapport de l’IGAS-IGAENR. Enfin, quand celui-ci est arrivé en 2013 – dont les conclusions étaient peu favorables pour les spécialités infirmières d’ailleurs -, on nous a dit qu’il fallait attendre l’avis de l’enseignement supérieur” regrette Sébastien Colson.
En fait, les infirmières puéricultrices n’ont pas été conviées à des réunions depuis septembre 2011. “A l’époque, la réingénierie était bien prévue. Nous avions des réunions avec les conseillères pédagogiques nationales au ministère. Le référentiel d’activités et de compétences avait d’ailleurs été validé par le groupe de réingénierie en 2009. On avait construit un référentiel de formation qu’il est maintenant nécessaire de réajuster” explique Sébastien Colson.
Puis, plus rien. “Alors qu’on nous faisait travailler sur l’état des lieux des pratiques avancées des infirmiers spécialisés, on nous dit maintenant que ces derniers n’ont plus aucun rapport avec la pratique avancée” s’insurge le président de l’ANPDE.
Une inquiétude qui monte
Sébastien Colson souhaite tourner la page et repartir sur de bonnes bases avec le prochain gouvernement. Mais il s’inquiète : “quand on regarde le programme des candidats officiels à l’élection présidentielle, il n’y a rien sur la profession infirmière, ni sur la profession d’infirmière puéricultrice. Tous voient l’évolution du système de santé via les médecins. Le seul candidat qui évoquait le transfert de compétences avec une vision paramédicale, étaient Arnaud Montebourg et il est maintenant hors-jeu…“
Et d’ajouter : “les réformes sociales -réforme de l’Assurance Maladie par exemple – envisagées par certains candidats peuvent être dramatiques. On risque d’avoir une médecine à deux vitesses, avec une situation de grande vulnérabilité pour la protection de l’enfance”.
Malika Surbled
Dans la même série : “Présidentielles : pour les IBODE, le bilan quinquennal est contrasté
Ce que réclament les infirmières puéricultrices :
- Un nouveau référentiel de formation
- Un diplôme reconnu grade master
- Une reconnaissance de compétences cliniques et managériales
- Des postes exclusifs dans tous les secteurs de l’enfance
- Une nomenclature d’actes spécifiques pour un exercice en libéral
- Une reconnaissance de la plus-value de la spécialité
Un rapport du Haut Conseil de Santé Publique sur la refonte du carnet de santé préconise des consultations infirmières à M3 et M5.
L’été dernier, le HCSP publiait un avis relatif à la refonte du carnet de santé de l’enfant. En recommandant de confier les consultations obligatoires de l’enfant à 3 mois et à 5 mois aux infirmières puéricultrices, le HCSP est allé dans le sens des recommandations des différents rapports précédemment cités. “Cela se fait déjà dans certains départements. Cette pratique est en lien direct avec la pratique avancée” explique Sébastien Colson. “Malheureusement, beaucoup d’activités qui sont pratiquées aujourd’hui par les professionnels demeurent invisibles. Nous souhaitons poser un cadre à tout cela. Pour que notre métier soit reconnu à sa juste valeur“.
Sans nomenclature adaptée, il est fort à parier que ces préconisations risquent de ne pas aboutir. Au grand regret de l’ANPDE.
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Lorsque le monde politique aura compris que L investissement en amont dans les métiers spécialistes de L enfant permettra à terme de faire des économies nous aurons gagné !!!
Bonjour,
Quand va-t-on arrêter nos inepties de reconnaissance en GRADE licence et master ??
Ça ne veut rien dire. Soit nous avons une licence, des master, des doctorats, soit rien !
Idem pour la reconnaisse des formation Master 1 !
Un Master 1 ça n’existe pas. Ça ne vaut rien. Un Master universitaire c’est 2 ans.
Il faut se battre pour une vrai filière de science Infirmière à l’université.
Nous avons en France des docteurs et des chercheurs en science Infirmiere qui doivent ouvrir des chaires en science Infirmières au niveau des universités pour avoir une vrai licence en science Infirmière, de vrai Masters pour nos spécialités existantes et celles à venir et à terme de vrai doctorats.
Nous devons TOUS demander une véritable reconnaissance universitaire.
Cordialement
Cordialement
Nicolas Sanchez
Maéva Valentin
Tous loger à la même enseigne. …
Pas d’évolution pour tous les soignants concrètement !
Ni la aide soignant d’ailleurs