Plus de 500 appels de soignants en souffrance en dix semaines

Plus de 500 appels de soignants en souffrance en dix semaines

L'association Soins aux professionnels de Santé (SPS) a reçu 506 appels avec une moyenne de 7 appels par jours depuis le lancement de sa plateforme d'appel (un numéro vert, le 0 805 23 23 36), il y a 10 semaines. 

Près de 450 appelants différents ont été pris en charge, rapporte l’association. Plusieurs ont été rappelés et suivis par des psychologues SPS, un peu plus d’une vingtaine ont appelé plusieurs fois. La durée moyenne des appels est de 23 minutes, mais 9 appels ont nécessité plus d’une heure d’entretien. 12 appels ont été passés de nuit et 20 appels les dimanches et jours fériés. 

Les appelants sont en majorité des femmes (les deux tiers). “Environ 60% de salariés pour 40% de libéraux” explique l’association. Les professions les plus représentées : infirmiers, aides-soignants, médecins et pharmaciens. Les départements les plus touchés : Finistère, Paris, Rhône. 

Ce bilan d’activité de la plateforme, en un peu plus de deux mois de fonctionnement, démontre bien l’importance de la mise à disposition d’une structure d’écoute, d’orientation et de soutien des professionnels de santé en souffrance” explique l’association SPS. 

Accueil, écoute, soutien, accompagnement

Je me sens épuisé“, “J’ai trop de travail“, “Je me sens harcelé“, “Je n’en peux plus“, “J’ai besoin d’aide“, “J’ai décidé de m’en sortir“… Après avoir composé le numéro d’appel de la plateforme, les soignants trouvent un accueil, une écoute, un soutien et un accompagnement. 

Rédaction ActuSoins

 

Motifs d’appels : quelques témoignages 

L’épuisement professionnel arrive en tête (presque un tiers des appelants) suivi par les dénonciations des conditions de travail (17%), les conflits avec la hiérarchie (13%), les ressentis de harcèlement (9%) et la démotivation (6%).

Clotilde, médecin, se sent dépossédée de son métier. Loi du silence, sous-effectif, clans, façon de soigner sans prendre en considération l’humain, individualisme, mensonges, conduites d’évitement. Elle est épuisée, se sent broyée par le système et a besoin de témoigner.

Maud, infirmière urgentiste, signale une situation de travail très dégradée avec des risques professionnels : stress et burn out. Elle est révoltée car rien ne bouge. Elle constate un conflit de valeur et d’éthique, ainsi qu’un manque de médecins et personnels pour faire face au flux entrant, ce qui met en danger la qualité des soins.

Paul, aide-soignant, en situation de burn-out, court toute la journée, pressé par des ordres qui viennent de tout le monde, parfois contradictoires. Il est épuisé, sa conscience professionnelle l’empêche d’aller voir son médecin pour un arrêt.

Daniel, pharmacien depuis 30 ans, s’est fait exproprier de sa pharmacie il y a quelques temps, une période très difficile psychologiquement et financièrement. Aujourd’hui, il retravaille mais accuse le contrecoup.

Julien, dentiste, appelle car il se sent épuisé. Il enchaîne les patients et n’a plus de vie personnelle. Il ne sait pas comment gérer la demande et trouver du temps pour lui. Il avait besoin de vider son sac.

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