Ordre infirmier : rébellion interne à tous les échelons

Ordre infirmier : rébellion interne à tous les échelons

Dans une lettre ouverte à tous les élus, quatre conseillers nationaux demandent un "changement de gouvernance" au sein de l'ordre infirmier. Leur initiative a été approuvée par d'autres élus départementaux et régionaux. Ces lettres ont provoqué de nombreuses réponses, dont celle de Dominique Le Boeuf. Ordre infirmier : rébellion interne à tous les échelonsPour Dominique Le Boeuf, l'ordre national infirmier "ne connait aucune crise en son sein". Et pourtant.

Le communiqué de presse en réponse à Nora Berra publié le 17 février dernier a créé une réaction sans précédent à tous les échelons de l’organisation ordinale. Depuis mi-février, les articles de presse consacrés aux déboires de l’ordre tournent sur les boîtes mail des élus, les réflexions assassines aussi. Premier round le 20 février : 4 membres du conseil national, tous présidents de régions ou de départements, envoient aux élus ordinaux une “lettre ouverte” à Dominique Le Noeuf, lettre dont ActuSoins a obtenu copie.

“Agressivité et provocation” L’introduction donne le ton : “La victimisation incessante n’est pas l’alliée du conseil national de l’ordre des infirmiers, et produire de tels écrits accusateurs n’est pas dans l’esprit de notre engagement.” Et les conseillers nationaux de renchérir: “Comment dès lors imaginer une relation constructive et faire reconnaitre par l’ État les compétences  des infirmiers en utilisant l’agressivité et la provocation ?” Car les rebelles ordinaux se veulent pragmatiques :  devant une trésorerie de l’ordre “inquiétante”, une diminution du montant de la cotisation leur apparaît indispensable : “Le ministère nous demande un geste sur la cotisation. Mais c’est aussi très largement la demande des infirmières salariées. Pour véritablement les représenter, le CNOI doit entendre cette demande de ses pairs.”

Concession de la Présidente Sans surprise, la réponse de Dominique Leboeuf ne tarde pas. Curieusement, le ton est plutôt modéré de la part d’une présidente aux propos volontiers incisifs. Évacuant rapidement ces “appels à la démagogie”, elle fait en revanche une concession importante : Les présidents départementaux et régionaux seront reçus avant le conseil national du 29 mars prochain, contrairement à ce qui était initialement prévu.

En attendant un conseil sans doute houleux, l’initiative des quatre conseillers nationaux fait des émules. Réunie en séance exceptionnelle , une région entière a adopté une motion réclamant qu’une “communication adaptée, pédagogique et empathique soit mise en place vers l’ensemble du corps infirmier français.” et concluant : “Pour la survie de notre ordre, nous ne voyons pas d’autre solution qu’un changement de gouvernance au niveau National et une reprise du dialogue avec le ministère.”

La garde rapprochée de Dominique Leboeuf fait toutefois bloc autour de celle-ci, parfois sur fond de vieilles rancunes syndicales, les uns accusant les auteurs de la lettre un “véritable putsch” dépassant “les limites de l’ignominie”, les autres évoquant un comportement ” indigne d’un élu national représentant notre profession “.

Difficile de savoir si cette contestation aboutira ou non à une prise de décision radicale le 29 mars. En tous les cas, deux questions se poseront : Oui ou non maintenir la cotisation à 75 euros, oui ou non continuer le bras de fer avec le gouvernement. Gageons qu’un “oui”  simplifiera remarquablement le travail des opposants à l’ordre.

Thomas Duvernoy