« Partis de zéro, nous en sommes à 1500 patients [par] médecin traitant. » Nicolas Vojinovitch, jeune médecin généraliste, exerce depuis juillet 2022 à Saint-Croix-Volvestre (600 habitants, en Ariège) dans le centre de santé ouvert et géré par le GIP Ma Santé Ma Région qui l’emploie.
Il y travaille avec deux généralistes dont une, recrutée entre temps, est spécialisée en gynécologie. « C’est une de nos spécificités qui permet de répondre à un vrai besoin du rural, car des patientes n’étaient pas suivies. » Tous sont rémunérés selon la grille de la médecine hospitalière publique, le GIP salariant aussi une secrétaire médicale qui exerce en présentiel. « Un troisième poste de généraliste est encore à pourvoir », précise le docteur Vojinovitch.
Statut sécurisant
Auparavant salarié du CHU de Toulouse ce médecin de 35 ans est, avec son confrère, un des tout premiers praticiens rémunérés par ce nouveau service public régional.
Tous les deux ont grandi dans le Couserans ariégeois. Ils voulaient exercer en Ariège et réfléchissaient à créer un centre de santé avec leur mairie. « L’objectif était d’avoir un statut de salarié pour ne pas subir les lourdeurs administratives de la médecine libérale », confie le praticien.
Ce dernier travaille dans un secteur où douze communes sont privées de médecin traitant, mais sa zone de chalandise s’élargit au fil du temps.« À la demande de la population locale s’ajoutent des patients de communes de Haute-Garonne, département limitrophe, dont le médecin traitant part en retraite sans repreneur », indique-t-il.
12 centres de santé en un an
Depuis l’ouverture du centre de santé ariégeois, en juillet 2022, onze autres ont vu le jour, dans différents départements d’une région dont 80 % du territoire connaît des tensions. « L‘objectif est d’ouvrir une dizaine de centres par an », indique Erika Borg chargée de mission promotion du GIP auprès des médecins et des professionnels de santé, pour la Région. Le dernier en juillet, à Bize-Minervois dans l’Hérault, et deux autres voient le jour en septembre, à Lussan dans le Gard et à Les Cabannes, en Ariège. « Le GIP qui prend en charge toutes les démarches administratives, équipe les locaux », rappelle le praticien.
« Passer à 35 heures est un choix à faire, le salaire est moins important », confie pour sa part Sophie Debanne, sage-femme salariée du GIP à Saint-Gilles (Gard) dans un centre de santé de trois salariés. « C’est une autre forme d’exercice mais je m’y retrouve », observe-t-elle. « Je ne me consacre qu’à mes consultations et au soin, et aux relations avec les autres professionnels de santé », confie la sage-femme, seule à assurer le suivi gynécologique à domicile des jeunes maman . « C‘est tout bénéfice pour moi comme pour les patientes. »
Infirmiers en pratique avancée
« Des infirmières et infirmiers vont être recrutés dans un deuxième temps, avant la fin du mandat »,annonce Erika Borg. Ces infirmiers, qui pourront être des infirmiers en pratique avancée (IPA) contribueront à soulager le travail des généralistes. « L’idée est que les médecins puissent consacrer plus de temps à leurs patients en leur déléguant certaines tâches », annonce la chargée de mission de la Région.
Cet objectif, s’il se concrétise, pourrait rassurer le docteur Vojinovitch qui voudrait pouvoir répondre, par exemple, à des appels à projet de l’Agence régionale de santé.
« Le gros objectif de consultations n’est pas totalement satisfaisant, il faudrait que l’on creuse le sujet ”projet de soins” », argue le praticien. « Prendre en charge ce que les médecins libéraux n’ont pas le temps de faire », ajoute-t-il. Comme développer le maintien à domicile des personnes âgées ou le ”sport santé”.
« On pourrait le faire avec des paramédicaux », précise le médecin. Un petit groupe de professionnels s’est déjà constitué pour travailler sur la sexualité en oncologie, ou sur la santé des femmes après un cancer (avec un kinésithérapeute, notamment, spécialisé en rééducation post cancer). « Une sage-femme s’y intéresse », se réjouit le généraliste qui prévient « les professionnels, on ne les appâtera pas par le salaire, mais par les conditions d’exercice. »
Myriem Lahidely
* Le GIP Ma Santé ma Région est constitué d’une trentaine de membres à ce jour, répartis dans quatre collèges aux rôles complémentaires (financement, logistique, expertise) : la Région Occitanie – 2 conseils départementaux – 10 intercommunalités et 9 communes – les représentants des professionnels de santé (Ordre régional des médecins, ARS, faculté de médecine, Ordre inter-régional des sages-femmes, France Assos-Santé, Groupement des infirmières en pratique avancée d’Occitanie, associations d’internes en médecine).
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