Tout est parti d’une intervention de Vanessa Fage-Moreel, sous-directrice des ressources humaines du système de santé à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé, lors de la 9e édition des rencontres RH de la santé mi-octobre.
Celle-ci faisait état de travaux visant à « mettre en place très prochainement des autorisations temporaires d’exercice des fonctions d’aides-soignants à des non aides-soignants » qui auraient suivi « des modules de formation très courts, et adaptés, pour avoir d’ici 15 jours des personnels habilités ». Il n’en a pas fallu davantage pour mettre le monde paramédical sur le pied de guerre.
« Inacceptable ! », tonnait dans un communiqué publié dès le lendemain de la prise de parole de Vanessa Fage-Moreel le Comité d’entente des formations infirmières et cadre (Cefiec), dénonçant un « véritable mépris du métier ».
Côté syndical, l’indignation était également de mise : la fédération CGT « Santé et action sociale » pointait ainsi dans un tract « le risque d’avoir une profession au rabais », tandis que les libéraux de Convergence infirmière s’emportait : « quand un gouvernement crée des formations low cost dans la santé c’est qu’il ne comprend rien à la santé ! ».
Un malentendu
Sauf qu’en réalité, toute cette affaire semble être simplement le fruit d’un malentendu et d’une communication défaillante de la part du ministère de la Santé. « Il ne s’agit pas de concevoir une formation accélérée pour obtenir le diplôme d’aide-soignant, tempère la DGOS, contactée par ActuSoins. L’exercice du métier d’aide-soignant reste en effet conditionné à une formation d’une durée de 10 mois. » Une formation qui est d’ailleurs en pleine réingénierie, et sur laquelle planchent actuellement les fonctionnaires de l’avenue Duquesne.
Le projet qui a mis le feu aux poudres consiste plutôt, précise le ministère, à cibler des « agents de service qualifiés en exercice dans les établissements qui font aujourd’hui déjà partie de la filière soignante », qui sont souvent « déjà amenés à travailler avec les aides-soignants et réaliser des tâches d’accompagnement aux soins », et à les « doter d’une formation courte sur les enseignements de base, notamment sur le vieillissement, pour pouvoir intervenir en soutien des aides-soignants sur le terrain dans un contexte d’urgence et de forte mobilisation des aides-soignants ». Il s’agirait donc d’aider les aides-soignants, et non de les remplacer.
« Tout cela résulte d’une mauvaise information donnée lors d’un congrès », soupire Michèle Appelshaeuser, présidente du Cefiec. Après les éclaircissements donnés par l’avenue Duquesne, celle-ci indique ne plus être dans l’opposition au projet.
« On sait bien qu’il y a un manque de ressources humaines chronique dans le médico-social et dans les hôpitaux, ce qui fait qu’on délègue un certain nombre de soins à des agents qui n’ont pas de formation », constate-t-elle. L’idée de leur donner certaines bases n’est donc selon elle pas mauvaise, même si elle nécessite de « bien cerner le périmètre d’exercice de ces personnes », prévient-elle.
Mauvais timing
Du côté des aides-soignants, l’analyse est similaire. « Nous avions critiqué ce projet, car il avait été mal expliqué, au détour d’un congrès, déclare Guillaume Gontard, président de la Fédération nationale des associations d’aides-soignants (Fnaas). De plus, cela arrive au plus mauvais moment : ce n’est pas en plein milieu d’une crise sanitaire qu’on peut décider ce genre de choses, il faut le faire à tête reposée… »
Mais sur le fond, Guillaume Gontard estime que l’idée de former des agents qui, de fait, sont appelés à effectuer des soins, n’est pas mauvaise en soi. « Les lignes rouges sont dépassées tous les jours, ces agents font déjà énormément de choses, explique-t-il. Une formation, ça cadre, ça permet de connaître son champ de compétence et les limites de ses actions. »
Reste à connaître le contenu et les modalités de mise en œuvre du projet. D’après les informations dont dispose la présidente du Cefiec, la formation envisagée se déroulerait en réalité sur dix jours : « quatre jours et demi sur les soins de nursing, quatre jours et demi sur l’éthique, la bientraitance, la communication, les troubles de la personne âgée, et une journée à distance », détaille-t-elle.
Celle-ci ajoute que cette formation pourrait par ailleurs s’articuler avec la formation d’aide-soignant, et que des réflexions à ce sujet sont en cours dans le cadre de la réingénierie. « Les personnes qui effectueraient la formation de dix jours pourraient avoir une attestation de formation, et être éventuellement dispensées d’une partie de la nouvelle formation d’aide-soignant », avance Michèle Appelshaeuser.
Quand c’est flou…
La question du lieu de formation n’est en revanche pas résolue. Il pourrait s’agir des Instituts de formation d’aides-soignants (Ifas), « mais ce n’est pas tranché à 100 % », indique la présidente du Cefiec. Et côté calendrier, les choses sont encore plus opaques. Le ministère annonce être « en train de mener des travaux en concertation avec les différents acteurs du secteur (employeurs, organisations syndicales, représentants des métiers et établissements de formation) » sur le sujet, sans donner davantage de précision.
Le hic, c’est que les principaux intéressés ne semblent pas avoir été associés de très près à ces discussions. « Nous n’avons que les informations que nous donnent les médias sur ce sujet », déclare Guillaume Gontard.
Mais selon lui, la réalité du problème n’est de toute façon pas là. « Ce qu’il faut, c’est embaucher des aides-soignants, insiste-t-il. Le sujet de fond est celui du recrutement, et il faut que les directions acceptent la nécessité de dépenser. » On ne peut s’empêcher de penser que les plans du ministère visent, justement, à contourner cette nécessité.
Adrien Renaud
Moi il me reste modules 2 7 et 8 pour devenir aide soignantes je pense que nous dans 15 jours le gouvernement peu nous recruter