D’école en école, cette ancienne infirmière devenue chercheuse en sciences de l’éducation, éduque les enfants à la thématique de la mort.
En dépit des tabous
Son Curriculum Vitae, trouvé sur le net, au décours d’une recherche sur le deuil, impressionne par sa richesse et sa diversité.
La contacter pour lui proposer l’élaboration d’un portrait en serait presque intimidant. On l’imagine oratrice décomplexée devant une assemblée, auteur à succès ou encore « working girl » à qui rien ne fait peur.
L’intitulé de sa thèse présentée en 2000 évoque d’ailleurs la complexité intellectuelle du personnage : “S’éduquer à la mort, philosophie de l’éducation et recherche-formation existentielle”.
De quoi aiguiser sa curiosité envers cette infirmière qui fait partie des pionnières des soins palliatifs et qui a instauré l’enseignement de dédramatisation du concept de mort pour les enfants.
Puis la rencontre a lieu. Contre toute attente, Marie-Ange est plutôt réservée. Sa voix est douce et posée, son sourire timide et son regard un brin mélancolique. Très modestement, elle pèse ses mots pour se raconter.
Marie-Ange consacre une majeure partie de son temps à proposer des interventions et des formations dans les écoles primaires pour apprendre à écouter et à approfondir les réflexions et les questions des enfants sur la mort.
« En France, cela ne fait pas partie de l’éducation, et puisque le sujet met en jeu des émotions et des affects, je n’obtiens une autorisation qu’une fois sur dix environ. Lorsque j’arrive à convaincre les inspections, les directions puis les instituteurs, je prends le temps de faire une présentation préalable aux parents pour obtenir leur accord également », précise Marie-Ange, consciente du sujet sensible qu’elle aborde.
Quand enfin, elle se trouve face à des enfants, elle se fait une place discrète et encadre leurs discussions. « Je ne propose pas un enseignement, mais une possibilité de parler autour d’un sujet qu’ils n’ont pas l’habitude d’aborder au quotidien. Le fait qu’ils aient la possibilité de s’exprimer librement les soulage ».
Pour elle, et parce qu’elle a longtemps fait des recherches dans ce domaine, cette éducation devrait s’intégrer à part entière aux programmes scolaires. « Il arrive régulièrement que des enfants qui étaient en échec scolaire, ou qui étaient violents pour des raisons inconnues, changent de comportement après ces séances. Il y a souvent des deuils dissimulés chez ces petits. Un tel moment d’échange représente une véritable opportunité de libération. Les instituteurs remarquent que les enfants sont ensuite plus gais et plus ouverts à la vie », souligne Marie-Ange.
Un engagement personnel
Ce n’est ni une fascination morbide, ni une religion quelconque qui anime Marie-Ange dans sa quête de reconnaissance. Son cheminement philosophique est issu d’un parcours plus que concret.
Plus jeune, elle renonce à une carrière de sportive de haut niveau pour devenir infirmière. Alors, inévitablement, elle accompagne des patients au seuil de la mort et commence à se poser des questions existentielles. « À l’époque, il n’y avait ni soins palliatifs ni enseignement sur le deuil dans les écoles d’infirmières. On commençait à voir des patients atteints du VIH et l’on ne savait pas comment réagir. Je suis allée un peu partout en Europe pour me former, suivre des D.U ou des formations courtes de façon à apprivoiser au mieux cette mort et cette douleur. Je travaillais dans une structure d’hospitalisation à domicile en Belgique. Parfois, il m’arrivait de faire 200 kilomètres pour faire une injection de morphine car personne n’acceptait de la faire ».
Dans ce milieu, le monde est petit. Un proviseur de collège entend parler de Marie-Ange et lui propose d’animer des séances auprès de ses adolescents. « C’est alors que je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment un besoin de ce coté aussi. Avec le temps, j’ai décidé de reprendre des études afin de me consacrer exclusivement à cette activité. J’avais rencontré tellement de personnes en fin de vie qui se plaignaient d’avoir été privées pendant leur enfance de la possibilité de s’exprimer autour d’un deuil d’un être cher, qu’il fallait que je sorte des soins palliatifs pour me mettre au service de cette expérience ».
À présent, Marie-Ange se consacre pleinement à sa cause. Faute de subvention, elle intervient bénévolement dans les écoles. Elle anime parallèlement des conférences sur son activité un peu partout en Europe en espérant qu’un jour la mort figurera au programme de l’éducation nationale.
Malika Surbled
Marie-Ange Abras en 5 dates :
1990 : Obtient son diplôme d’infirmière en Belgique
1990/1996 : Exerce principalement dans des services de soins palliatifs en France et en Belgique
2000 : Devient docteur en sciences de l’éducation
2006 : Écrit le documentaire « S’éduquer à la mort en milieu scolaire ».
2011 : Vit de ses économies, de ses articles pour revues spécialisées et de ses recherches sur l’éducation à la mort pour les enfants.
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