L’universitarisation de la formation IBODE, au grade master, est bien engagée

L’universitarisation de la formation IBODE, au grade master, est bien engagée

Le Haut conseil des professions paramédicales (HCPP) a formulé jeudi 14 avril un avis favorable sur les projets d'arrêté et de décret prévoyant notamment l'universitarisation de la formation Ibode dès septembre et la délivrance du DE au grade master. Une nouvelle porteuse d'espoir pour les représentants des Ibode qui attendent cette réingénierie depuis très longtemps mais accueillie de manière nuancée par le Collectif interblocs

L'universitarisation de la formation IBODE, au grade master, est bien engagéeLa réorganisation des études d’Ibode, dont le chantier a été plusieurs fois repoussé depuis 16 ans, pourrait donc bien, cette fois, aboutir. Le projet de décret sur lequel le HCPP a émis un avis favorable confirme que le diplôme d’Etat d’Ibode sera délivré par les universités et aura le grade master à compter de juin 2024, c’est-à-dire pour la promotion qui entrera en formation à la rentrée prochaine.

Le projet d’arrêté examiné par le haut conseil précise les conditions d’accès à la formation, le contenu et l’organisation pédagogique de la formation durant ses deux années (quatre semestres, 120 ECTS, 1645 heures de stage…), les modalités d’évaluation conduisant à la certification ainsi que le déroulement de la formation en alternance.

« Enfin une avancée pour la profession »

Pour l’Union nationale des associations d’infirmier(ère)s de bloc opératoire diplômé(e)s d’Etat (Unaibode) et l’Association des enseignants des écoles d’infirmiers de bloc opératoire (Aeeibo), l’avis du HCPP et donc la perspective d’une prochaine publication de ces textes constitue « enfin une avancée pour la profession et une reconnaissance de nos compétences ».

L’ouverture de la possibilité d’organiser la formation Ibode en alternance chez l’employeur constitue pour ces associations une avancée majeure qui « va augmenter le nombre d’Ibode diplômés », se félicite Magali Delhoste, présidente de l’Unaibode. Le HCPP a par ailleurs apporté au texte soumis par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur des amendements qui vont dans le sens des propositions de l’Unaibode et de l’Aeeibo, souligne la présidente de l’union. « Notamment sur le point principal », ajoute-t-elle : la formation aux actes exclusifs de 49 heures destinée aux Ibode diplômées avant 2004 ne figure plus dans le texte. Comme elles ont toutes été formées, cette formation « n’a plus lieu d’être », souligne Magali Delhoste. Elle devrait donc, de fait, être supprimée. Ni l’arrêté ni le décret ne sont encore parus au Journal officiel mais les écoles, qui attendent avec une grande impatience de savoir comment organiser la rentrée des étudiants Ibode, sont « plus que prêtes » à appliquer le nouveau référentiel de formation, assure la présidente de l’Unaibode.

Le Collectif interblocs (CIB) se dit « assez satisfait » par la possibilité de former les Ibode en alternance, un projet qu’il défend depuis longtemps, indique Gregory Chakir, porte-parole du CIB, car « cela va faciliter les contrats d’apprentissage entre les infirmiers et les employeurs ». Mais le succès de cette formule de formation « dépendra de l’investissement des employeurs » dans le financement des formations, même en alternance, tempère-t-il.

Globalement, la position du CIB sur le projet d’arrêté validé par le HCPP se veut plus « nuancée ». Il craint notamment que l’allongement de la durée de formation de 18 mois à deux ans n’accroisse encore plus la réticence des employeurs, déjà élevée, à se séparer de leurs IDE travaillant au bloc pour les envoyer en formation. Cela pourrait, selon Grégory Chakir, « avoir l’effet inverse » et réduire le nombre d’IDE envoyés en formation.

Prudence du Collectif Interblocs

Surtout, ajoute-t-il, « nous recevons ces annonces avec beaucoup de prudence, étant donné que l’avis du HCPP est seulement consultatif ». Même si de nouvelles modifications du texte sont possibles avant sa publication au JO, elles sont peu probables, estime le porte-parole du CIB. Mais il reste prudent voire méfiant : le fait que la réingénierie de la formation, promise pour la rentrée 2022 puis repoussée puis remise à l’ordre du jour avec la production rapide d’un arrêté et d’un décret, « comme par magie », pourrait « cacher quelque chose » selon lui et avoir pour but de mieux faire accepter aux représentants des Ibode un retour en arrière sur un sujet central pour le CIB, les mesures transitoires.

Sous la pression de deux syndicats de chirurgiens, le conseil d’Etat a annulé les décrets qui prévoient les conditions dans lesquelles des IDE non Ibode peuvent réaliser de manière transitoires des actes que seuls les Ibode ont le droit de pratiquer au bloc. Et il a donné au gouvernement jusqu’au 30 avril pour en faire paraître de nouveaux. Or les projet de décrets sur ce sujet qui ont été évoqués déplaisent beaucoup aux représentants des Ibode. S’ils étaient publiés sans être modifiés, le CIB se dit d’ailleurs prêt à les attaquer devant le conseil d’Etat.

Géraldine Langlois

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