L’Igas estime que les IADE remplissent les conditions pour l’accès à la pratique avancée

L’Igas estime que les IADE remplissent les conditions pour l’accès à la pratique avancée

Dans son rapport sur les nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) propose de subdiviser la pratique avancée en deux valences : IPA praticiens et IPA spécialisés. Cela permettrait notamment aux IADE d'accéder à ce statut, dans la deuxième catégorie citée, avec une mention « anesthésie ». 

« La définition législative actuelle de la pratique avancée ‘‘à la française’’ rend techniquement problématique la reconnaissance des IADE en tant qu’IPA », pointe l’IGAS, qui propose pourtant cette reconnaissance.

Le problème ? «Le modèle français de pratique avancée est en réalité hybride. Se revendiquant ‘‘nurse practionner’’ à l’anglo-saxonne, qui dispose d’une autonomie élargie incluant  accès-direct, diagnostics simples et primo-prescription, la version française de la pratique avancée n’offre cependant pas cette autonomie. Cette situation […] suscite de la frustration et de l’incompréhension chez les professionnels n’ayant pas été reconnus d’emblée en pratique avancée en France (comme les IADE, ndlr) alors qu’ils le sont dans d’autres pays. »

Alors que les IADE revendiquent depuis plusieurs mois la reconnaissance de leur pratique actuelle comme “pratique avancée” et une meilleure reconnaissance statutaire des responsabilités qu’ils assument, l’IGAS, après s’être appuyé sur des rapports de la SFAR et du Conseil international des infirmiers et après avoir analysé la situation (notamment en examinant le périmètre de compétence, l’autonomie et les responsabilités de la profession IADE) a estimé que cette demande était légitime.

« Ne pas leur reconnaître ce titre en France pourrait donner l’impression trompeuse que l’expertise des IADE française serait inférieure à celle des infirmiers anesthésistes formés et exerçant à l’étranger, alors-même que la Fédération internationale des infirmiers-anesthésistes (IFNA) reconnaît, au vu du niveau de formation et de pratique la déclinaison française de la profession, la légitimité pour elle d’accéder à la pratique avancée. Cette situation est incompréhensible et inacceptable pour les professionnels », estime l’IGAS.

L’IGAS, du côté des IADE

Après l’analyse d’un décret indiquant que les IADE devaient être placés sous le contrôle exclusif d’un médecin AR (n°94-1050 du 5 déc 1994), texte problématique aux yeux du CNP ARMPO, représentant les médecins anesthésistes notamment, pour la reconnaissance en pratique avancée, l’IGAS propose des solutions.

« L’impact de ce décret sur la réduction des risques anesthésiques que souligne le CNP ARMPO, semble bien plus imputable au reste du contenu du décret qu’à l’attribution de la responsabilité juridique de l’intervention des IADE aux MAR. La mission [IGAS] ne voit pas  en quoi, l’intervention des IADE sous leur propre responsabilité pourrait diminuer la sécurité anesthésique des patients. Au contraire, sans amoindrir la responsabilité des MAR, cette évolution, ne peut que contribuer à renforcer l’engagement des IADE au profit de la sécurité des patients. Même agissant sous leur responsabilité propre en tant qu’IPA, les IADE resteront, comme les autres IPA, tenus d’agir dans le cadre de la stratégie thérapeutique définie par les médecins et en étroite collaboration avec ceux-ci, comme c’est le cas à l’heure actuelle. »

Vers deux catégories d’IPA ?

Pour permettre l’intégration des IADE dans la pratique avancée, l’IGAS préconise de réaliser des évolutions législatives et réglementaires. Il faudrait selon le rapport, pour lever l’un des premiers freins, intégrer la filière IADE dans le cursus universitaire afin que le diplôme soit reconnu par l’université, condition indispensable à la pratique avancée.

Il faudrait aussi intégrer la condition d’ancienneté préalable pour exercer en tant qu’IADE soit alignée sur celle des IPA, soit 3 ans.

Il faudrait surtout, indique l’IGAS, « que l’acceptation française de la pratique avancée soit plus large qu’elle ne l’est actuellement, le modèle de ‘‘nurse practionner’’ qu’ambitionne de rejoindre la pratique avancée à la française, n’étant pas la valence de la définition internationale de la pratique avancée qui s’adapte le mieux aux IADE ».

Ainsi, l’IGAS préconise aussi de reconnaître deux types de pratique avancée, pour, notamment, pouvoir y inclure les IADE : les infirmiers en pratique avancée spécialisés (dont feraient partie les IADE) et les infirmiers praticiens en pratique avancée.

« Cette distinction s’inspire de la définition du conseil international des infirmiers (CII) et de certains modèles étrangers tels que l’association des infirmières et infirmiers du Canada », explique l’IGAS.

Chaque valence aurait une trajectoire d’évolution propre, offrant des opportunités variées.

Rédaction ActuSoins

Le Snia exprime sa satisfaction mais interroge certains points du rapport

Dans l’ensemble, le conseil du Snia (Syndicat national des infirmiers anesthésistes) exprime “sa satisfaction de voir qu’une grande partie de son argumentaire a été jugée pertinent pour la mission“, indique le syndicat dans un communiqué, en réaction à la publication du rapport IGAS. 

Nous ne pouvons que nous “réjouir de la mise en évidence de l’incohérente omission de la profession infirmier(e) anesthésiste dans la réflexion autour de la construction de la pratique avancée en France“. “Nous notons que la volonté portée par les IADE de pérenniser le fonctionnement sécuritaire de l’activité d’anesthésie n’est pas remise en cause par ce rapport pour permettre l’accès à cette évolution statutaire.”

Quelques interrogations et divergences de point de vue

Le syndicat se dit cependant inquiet quant au maintien de l’identité professionnelle IADE si la profession intègre la création de l’IPA dit ”spécialisé”, telle que décrite dans le rapport. 

Notre profession bénéficie de champs de compétences et d’une culture professionnelle historiquement riches qui ont notamment permis une certaine plasticité du système de santé dans les conditions pandémiques que nous subissons tous encore actuellement “, explique le Snia.

Il serait ainsi préjudiciable de restreindre la polyvalence en soins critiques des IADE au seul champ de l’anesthésie, alors que nos domaines de compétence reconnus sont l’anesthésie réanimation, la médecine d’urgence et la prise en charge de la douleur.”

Le Snia évoque aussi sa divergence de point de vue au sujet de la  restriction à des renouvellements ou adaptations de prescriptions médicales pour les IPA spécialisés, proposée par l’IGAS. Cela constituerait “un frein à l’évolution de la profession vers les soins péri-interventionnels“, estime-t-il. 

Enfin, la réflexion concernant l’inclusion universitaire “devra faire l’objet d’une attention accrue pour rester en phase avec les besoins opérationnels. L’intégration à l’université ne doit pas baisser le niveau de professionnalisation actuel.

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