Les infirmiers anesthésistes se réunissent en assemblée générale le 11 septembre à Dijon avant leur manifestation nationale le 23 septembre. État des lieux d’un dossier loin d’être réglé.
Quel Master pour quels diplômés?
Le 9 août, les organisations syndicales ont reçu un courrier commun signé de la main de Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse, actant la mise en œuvre d’un grade Master pour les IADE avant la fin de l’année.
“Un courrier qui enfonce des portes ouvertes”, résume, lapidaire, Bruno Franceschi de l’UFMICT-CGT. Rien de bien nouveau en effet. L’objectif d’aboutir à un Master avant décembre était déjà acté alors que les IADE occupaient les rails de Montparnasse en mai dernier. Outre que le type de de diplôme n’est pas spécifié, l’enjeu n’est plus vraiment la masterisation des futurs IADE, mais celle du “stock” actuel de quelques 8000 professionnels. Sur ce sujet précis, rien ou presque, sinon une hypothétique “régularisation au cas par cas”.
Une revalorisation salariale âprement négociée
Le protocole dit « Bachelot » du 2 février 2010, dont plusieurs volets n’ont été signés que par le Syndicat National des Cadres Hospitaliers, octroie la revalorisation indiciaires la plus faibles aux infirmiers anesthésistes. Ainsi, les infirmiers de blocs opératoires et puéricultrices verront leur salaire net annuel augmenter de 3366 euros en début de carrière et 3312 euros en fin de carrière, alors que les IADE seront eux revalorisés de 2879 euros en début et 2064 euros en fin de carrière.
Les infirmiers anesthésistes réclament une différenciation nette de leur grille indiciaire, arguant du caractère exclusif de leur métier et de leur spécialisation, la plus longue. (A contrario, les infirmières de bloc opératoire demandent une grille commune pour tous les IDE spécialisés.) Fait assez inédit, les propositions présentées par le ministère ont diminuées au fil des réunions, pour aboutir le 25 juin dernier à 131 euros brut pour les 4 derniers échelons de la classe supérieure en échange de 5 années de cotisations supplémentaires. Propositions aussitôt rejetées par les collectifs et les syndicats présents.
L’exclusivité en question
Les infirmiers anesthésistes sont les seuls infirmiers spécialisés à bénéficier d’une exclusivité de compétence, et c’est sans doute ce point qui permet une union entre professionnels du public et du privé. L’exclusivité de compétence a été mainte fois garantie par le cabinet du ministère. D’autant plus facilement que le problème n’est pas là. Le risque ne vient pas de voir des IDE exercer des actes d’anesthésie, mais bien de l’ouverture de la VAE pour la formation IADE. Ces derniers garderons donc leur exclusivité de compétence, mais la formation risque de ne pas être la même pour tous.
Ce point particulier n’est pas une vue de l’esprit mais est issu du protocole Bachelot qui précise en son article 6: “sera mise en place en priorité (…) l’ouverture à la validation des acquis de l’expérience des diplômes d’infirmier spécialisé de bloc opératoire, de puéricultrice, d’infirmier anesthésiste et de cadre de santé.” Même si Roselyne Bachelot a envoyé le 8 juillet 2010 une lettre se voulant rassurante à ce sujet, la modification de cette phrase, plusieurs fois demandée au cours des négociations, a toujours été refusée par le ministère de la santé.
Une mobilisation scrutée à la loupe
Quoi qu’il s’en défende, le ministère de la santé scrute avec attention l’ampleur de la mobilisation et adapte sans cesse son discours au rapport de force du jour. Annie Podeur, directrice générale de l’offre de soins (DGOS) avait d’ailleurs relativisé le caractère représentatif de la manifestation du 25 juin dernier, devant le peu d’infirmiers anesthésistes présents devant le ministère (les IADE de province avaient opté pour des actions locales.) Le cabinet de Roselyne Bachelot évite d’ailleurs soigneusement le terme de négociation et alterne “tables rondes”, présentation de diaporamas et entrevues improvisées dont le seul objectif semble être de faire retomber la pression et disperser les manifestants.
L’enjeu pour le gouvernement est double et dépasse les infirmiers anesthésistes: Il est en effet primordial d’ éviter que d’autres paramédicaux ne s’engouffrent dans la brèche, et d’empêcher à tout prix la contagion de la grogne aux infirmiers en soins généraux. En plein milieu d’une rentrée sociale qui promet d’être agitée, l’heure du choix va pourtant sonner dès septembre pour les quelque 350 000 infirmiers du public qui devront choisir entre une revalorisation et 5 années de cotisation en plus ou le maintien des conditions actuelles. Le frémissement, tant attendu par les organisations syndicales se fera-t-il alors sentir?
Thomas Duvernoy
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