Le SNIIL s’insurge contre une récente étude sur la coopération médecins/infirmiers

Le SNIIL s’insurge contre une récente étude sur la coopération médecins/infirmiers

L'enquête visée est la dernière étude de l’Observatoire Régional de Santé (ORS) Pays de la Loire, réalisée en partenariat avec le Ministère de la Santé et la DREES (1) dont les questions, selon le SNIIL, s'apparentent à une logique de "mise sous tutelle des infirmiers".

Le SNIIL s'insurge contre une récente étude sur la coopération médecins infirmiers“Au sein de cette enquête, c’est bien, de nouveau, à des médecins que l’on demande de se prononcer sur l’avenir de la profession infirmière… alors que jamais encore on ne l’a demandé aux infirmières elles-mêmes !”, indique le Sniil  Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux).

“Sensée avoir pour sujet la « coopération entre professionnels de santé », l’étude de l’ORS propose ainsi aux médecins de dire s’ils sont, ou non,  favorables au rattachement au cabinet médical d’une infirmière « rémunérée par un forfait de l’Assurance Maladie »”, écrit ce syndicat.

“Transformée, sans qu’on ne lui ait rien demandé en tâcheronne corvéable à merci et payée par la Sécu, l’infirmière voit alors son travail imposé par les médecins via des « délégations de tâches ». Parmi elles : la « surveillance de la tension artérielle », « l’éducation thérapeutique du patient diabétique ou asthmatique » ou encore « l’éducation nutritionnelle »”, s’insurge le Sniil.

Ce dernier rappelle pourtant que “tous les actes cités pour être délégués aux infirmières font déjà partie intégrante de leur rôle propre. Autrement dit, les libérales n’ont pas besoin d’une délégation de tâches pour pouvoir, déjà, les pratiquer en toute autonomie…”

Ce syndicat juge que cela illustre “le dédain” des pouvoirs publics envers la profession infirmière et rappelle les points qui crispent :

  • le Ministère n’accorde des entretiens au sujet de la prochaine loi de Santé qu’aux syndicats de médecins généralistes… et ce bien qu’un pan entier de l’activité infirmière libérale, celle de la vaccination, pourrait être confié aux pharmaciens ;
  • le groupe de travail chargé d’élaborer le référentiel du métier d’infirmière en pratiques avancées au sein du Ministère de la Santé n’est pas piloté par une infirmière… mais par un membre de la Direction Générale de l’Offre de Soins et un médecin généraliste ;
  • depuis 2012, le Ministère de la Santé a commandé sept études sur la profession de médecin généraliste à la DREES, contre deux seulement pour les dentistes, une pour les sages-femmes et les métiers de la rééducation… et zéro pour les infirmières. Ce qui a pour conséquence immédiate une totale ignorance du métier infirmier.

Rédaction ActuSoins (source : communiqué du Sniil)

L’enquête ORS Pays de Loire/Drees

Trois scénarios proposés dans l’enquête : “Admettons qu’une loi de réforme offre la possibilité de rattacher une infirmière à votre cabinet pour quelques permanences dans la semaine. Celle-ci serait rémunérée par un forfait de l’assurance maladie. Seriez-vous disposé à lui déléguer une ou plusieurs tâches ?”. Les deux autres scénarios imputaient la rémunération des infirmiers partiellement (scénario 2) ou totalement (scénario 3) au revenu d’exercice libéral du cabinet médical.

Dans les Pays de la Loire, plus de quatre généralistes sur cinq (82 %) se déclarent “tout à fait favorables”, ou “plutôt favorables” à ce mode d’organisation (scénario 1). Pour comparaison, en Bourgogne, ces chiffres sont de 33,3 % (tout à fait favorables) et 30,2 % (plutôt favorables), en PAA, 17,3 % et 33,7 %, et en France (moyenne), 26,1 % et 4,1 %.

Les délégations de tâches mentionnées : la surveillance de la tension artérielle (pour la quelle 93 % des médecins interrogés sont pour une délégation de tâche), l’éducation thérapeutique du patient (92,6 %), l’éducation nutritionnelle (85,6 %), des tests de diagnostic rapide réalisés en cabinet (84,5 %), l’accompagnement des patients lors de l’arrêt de la consommation de tabac (82,8 %), l’interrogation des patients sur leurs habitudes de vie (64,3 %), la prescription de HbA1c pour un patient diabétique (63,9 %), l’interrogation des patients sur leur curriculum laboris (62,8 %) et frottis cervical (28,6 %)

Les médecins ont également été interrogés sur les avantages et les difficultés de ces nouvelles pratiques. En ce qui concerne les avantages, 76 % des généralistes de la région considèrent que l’intervention d’un infirmier apporterait un supplément de qualité des soins au patient, et 73 % considèrent que cela permettrait d’améliorer le contenu de leur consultation. Ce temps peut aussi être consacré à la formation (66 %)… mais aussi à la vie privée (40 %).

“L’infirmier conserve-t-il son statut libéral ? Est-il salarié du cabinet (et donc des médecins du cabinet), d’une association (comme dans le modèle ASALÉE), de l’assurance maladie ? De manière générale, les infirmiers choisissent de s’installer en libéral pour disposer d’un statut de “travailleur indépendant”, et ne souhaitent pas forcément intégrer un cabinet médical, dans lequel ils se retrouvent sous la responsabilité d’un médecin, comme dans le modèle hospitalier”, conclut cependant l’enquête.

Rédaction ActuSoins

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