Le personnel de l’AP-HP dans la rue pour dénoncer les conditions de travail

Le personnel de l’AP-HP dans la rue pour dénoncer les conditions de travail

A l’appel de la Confédération générale du travail (CGT) et de Force Ouvrière (FO) de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le personnel hospitalier a manifesté dans les rues de Paris le 1er décembre. Du siège de la structure au ministère de la Santé, il a dénoncé les conditions de travail au sein du plus important employeur d’Ile-de-France.
Le personnel de l’AP-HP dans la rue pour dénoncer les conditions de travail
© L.Martin

Manque de personnels, conditions de travail dégradées, urgences débordées, locaux vétustes, maltraitance de la part des directions : les témoignages des soignants, réunis hier matin devant le siège de l’AP-HP se multiplient et se ressemblent.

« Nous demandons la réouverture des lits », pointe du doigt Jean-Emmanuel Cabo, secrétaire général FO de l’AP-HP, en tête du cortège, qui a demandé à être reçu par le ministre de la Santé car « nous ne sommes pas entendus par la direction générale [de l’AP-HP, NDLR] ».

70 lits pour l’hôpital gériatrique Vaugirard, 125 pour l’hôpital Broca ou encore 168 pour l’hôpital Emilie Roux, et la liste des établissements de l’AP-HP concernés est encore longue.

Sans compter les demandes d’embauches d’infirmiers et d’aides-soignants associées. D’ailleurs, les syndicats réclament également le déblocage de fonds permettant de financer la formation de 347 aides-soignantes sélectionnées pour intégrer un Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi), ce qui permettrait d’apporter une première réponse au manque de personnel soignant.

Fuite du personnel hospitalier

L’AP-HP, comme l’ensemble de la fonction publique hospitalière, est confrontée à une fuite de son personnel soignant. « Pour l’attractivité, ils doivent s’y prendre autrement, souligne Sadi, brancardier. L’un de nos confrères s’est immolé sur son lieu de travail à l’hôpital Saint-Louis début novembre, c’est bien la preuve que la situation ne va pas. Dès lors qu’un agent se suicide, les directions mettent le passage à l’acte sur le compte des situations personnelles des agents mais ce n’est pas le cas, c’est lié à nos conditions de travail. »

« D’après nos chiffres, il manque environ 10 000 soignants à l’AP-HP et c’est un minimum pour que les services fonctionnent au minimum », rapporte Jean-Emmanuel Cabo. Présent à la manifestation en soutien, Yves Veyrier, secrétaire général de FO, ne regrette en rien les négociations dans le cadre du Ségur de la santé, « absolument nécessaires ».

« Mais il faut se rendre à l’évidence, les mesures ne suffisent pas puisque malgré les revalorisations salariales, le personnel hospitalier continue de démissionner. » Le Ségur n’a donc pas résolu la question des effectifs, des conditions de travail et des moyens consacrés à la santé. « L’argent que nous avons reçu dans le cadre du Ségur vient seulement compenser le gel du point d’indice que l’on subit depuis dix ans », estime Keltoum, aide-soignante.

Des soignants à bout

De même que la pénibilité du travail des soignants n’est pas prise en compte « alors qu’il s’agit de métiers difficiles physiquement et psychologiquement », ajoute Yves Veyrier.

« Cela fait un moment que nous sommes épuisés et finalement, la crise sanitaire n’a fait que révéler notre situation, regrette Matine, infirmière dans un établissement de l’AP-HP en Essonne. Aujourd’hui, on nous dit qu’on fonctionne en mode dégradé, mais en réalité, nous sommes tout le temps en mode dégradé et ce depuis longtemps » Et d’ajouter : « On n’a plus de temps à consacrer aux patients. Quand une personne âgée de 80 ans est hospitalisée, qu’elle souhaite simplement parler mais que nous devons encore prendre en charge tous les patients du service, alors on lui dit qu’on va revenir, et on ne revient pas. En raison de nos conditions de travail, nous devons mentir à nos patients. »

« Les cadres ne sont plus présents dans les services pour nous aider, ajoute Athéna, également infirmière en Essonne. Nous devons faire leur travail donc chercher des lits d’hospitalisation pour nos patients, chercher les médicaments… »

Parmi les autres revendications officielles des syndicats : la réintégration du personnel soignant suspendu pour non-présentation du pass sanitaire. « Cette décision est injuste car nous étions tous là en mars 2020 quand il fallait prendre en charge les patients malades du Covid et que nous n’avions pas de protection. Et en septembre 2021, on nous jette. C’est le monde à l’envers », estime Martine.

 La CGT et FO réclament que les « 450 collègues de l’AP-HP suspendus voient leur salaire versé et qu’aucune sanction ne soit prise contre eux ».

Laure Martin

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Une réaction

  1. Au Maroc aussi les soignants ont entrepris une grève pour exprimer leur ras le bol face à la sourde oreille des responsables et décideurs qui ne veulent rien entendre ou entreprendre pour remédier à la pénurie chronique d’infirmiers et infirmières, a la charge de travail et la oenebilite des tâches quotidiennes.
    RAS le bol.
    Je soutiens les infirmiers et infirmières
    Et leur souhaite bon courage

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