Jaddo, le docteur qu’on aime lire

Jaddo, le docteur qu’on aime lire

Chouchou du web, la jeune généraliste publie un florilège réjouissant d’histoires courtes, “brutes et non romancées”. Rencontre.

Jaddo, le docteur qu'on aime lireAppellons-là Jaddo, puisque Jaddo veut qu’on ne connaisse d’elle que son livre.

Pas de prénom, surtout pas de photo, pas même d’interview radio. “Même France Inter” confie-t-elle, un brin dépitée tout de même.

Au début, vers 2005, Jaddo raconte ses histoires “pour mes potes, sur des mailing listes”. Freinée par le secret professionnel, qui impliquait de trop modifier les histoires, elle n’envisage pas d’en faire quoi que ce soit d’autre.

Et puis un ami médecin l’encourage et l’aide à passer le cap : ” tu es douée pour raconter l’absurdité de l’hôpital” lui dit-il.

Médecin, c’est son deuxième choix d’enfant. Juste après dresseuse d’ours. Comme une évidence, ce sera le titre du blog, du livre, et l’acronyme Jaddo finira par devenir son pseudo.

Sur son blog, Jaddo raconte donc sa vie d’externe puis d’interne, qui “balade ses couettes” dans des services hospitaliers parfois ubuesques.

“Quand tu bosses à l’hôpital, tu n’as jamais l’impression d’être le seul à remarquer un comportement totalement aberrant, alors que tout le monde autour de toi trouve ça parfaitement normal ?” demande-t-elle en finissant son verre. Difficile de lui donner tort.

Devenue généraliste, Jaddo publie donc ses textes sur son blog, touche de plus en plus de lecteurs. Un jour, elle reçoit un mail de Guy Birenbaum, éditeur pour Fleuve Noir. “J’ai vu qu’il avait publié Ron l’infirmier, qu’il savait ce qu’était un blog. J’avais deux gros freins : l’anonymat, et garder mon blog.” Les deux problèmes réglés, c’était parti.

Et l’avenir du blog ? “J’ai eu dix ans d’histoires à vomir d’un coup” confie-t-elle. Alors continuer, oui, bien sûr, même si le rythme ne sera plus celui des débuts : “Avant j’étais planquée. Maintenant je suis quand même bloquée par le secret professionnel. Si je raconte une histoire de la semaine dernière, ça risque d’être compliqué.”

Pourquoi il faut lire ce livre : 

Au fil des pages, on vit avec Jaddo sa première garde d’externe aux urgences gynécologiques, ses démêlés réjouissants avec l’Urssaf, ou l’histoire triste de Monsieur Farid, “toujours d’accord, jamais fâché” .

On l’imagine parfaitement en stage au bloc, à côté du “chiiii-ruuuuur-gieeeeeen dans toute sa splendeur, les poils apparents sous le V du pyjama de bloc, la chaîne en or, les blagues machos pas drôles et les rires gras”

Jaddo peut tout raconter. Pas seulement parce que son écriture est ciselée, pas seulement parce qu’elle est drôle, mais parce que derrière chaque texte, chaque situation, on retrouve une réelle humanité, saine et non trafiquée. Et parce qu’à l’hôpital elle dit “bonjour en souriant” et qu’elle ne “marche pas dans le mouillé”.

Si vous vous dites que vous aimeriez bien travailler avec un médecin comme Jaddo, courez lire ses histoires !

Juste après dresseuse d’ours : Les histoires brutes et non romancées d’une jeune généraliste

Thomas Duvernoy

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