« Le bureau et la ligne politique de l’Unipa restent les mêmes, déclare d’emblée Emmanuel Hardy. Nous voulons être force de proposition dans l’intérêt des usagers en santé. »
Il reprend ainsi le flambeau de Tatiana Henriot, présidente du syndicat depuis sa création il y a quatre ans. « Nous aurons deux axes de travail principaux », qui nécessitent tous deux une modification du cadre réglementaire d’exercice des IPA, poursuit-il.
Le premier : l’accès direct des usagers aux IPA. Il ne s’agit pas de promouvoir l’exercice isolé des IPA, rappelle le nouveau président du syndicat. Comme le préconise la proposition de loi de Stéphanie Rist adoptée par l’Assemblée nationale la semaine dernière en première lecture, il s’agit bien de l’autoriser dans le cadre d’un exercice coordonné.
« On veut être autonomes, pas indépendants », résume Emmanuel Hardy. Cet accès direct permettrait d’offrir aux patients une autre porte d’entrée vers le système de santé, avant une possible orientation vers un médecin.
Inutile de préciser que l’Unipa soutient totalement cette proposition de loi et le fait savoir aux parlementaires.
La primo-prescription en bonne voie ?
Autre priorité du syndicat : généraliser la possibilité pour les IPA d’initier des prescriptions, de certains traitements mais aussi soins infirmiers, de kinésithérapie ou de pédicurie, ou encore de transports, pour fluidifier les démarches et le parcours des patients.
Sur ce point, l’expérimentation inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) de 2021 pour 2022 débute à peine. La proposition de Stéphanie Rist adoptée par les députés le prévoit mais comme pour ce qui concerne l’accès direct, rien ne dit que le texte sera définitivement adopté le permettra…
Le modèle économique de l’exercice libéral des IPA mais aussi la rémunération de ceux qui exercent en établissement figurent aussi à l’agenda d’Emmanuel Hardy.
Les 700 € qu’un IPA peut tirer de son activité libérale par mois sont en effet dérisoires au regard de ses compétences et de son niveau d’études.
Ce niveau de revenu oblige les IPA libéraux à continuer d’avoir une activité d’Idel “ordinaire”.
Les 17 000€ d’honoraires annuels que cette somme représente sont très très loin des 110 000 € annuels ciblés par l’Unipa. Un montant situé entre le chiffre d’affaires moyen des Idel, 90 000 € et celui des médecins, 160 000 €, selon la CNAM).
L’atteindre nécessiterait que les IPA libéraux prennent en charge 700 patients dont 300 « chroniques », ce qui est très élevé, observe le président.
« Le modèle économique sera revu le 23 mars avec le nouvel avenant 9 qui entrera en vigueur », ajoute-t-il cependant. Il prévoit notamment une augmentation de 20% des forfaits des IPA. Une amélioration non négligeable, certes, mais qui ne permettra pas, selon lui, d’atteindre le niveau de revenu espéré.
Or les prochaines négociations n’interviendront pas avant 18 mois…
Objectif revalorisation
Du côté des IPA salariés, Emmanuel Hardy compte continuer de défendre une revalorisation des grilles salariales dans la fonction publique hospitalière tout d’abord. « Dans les pays de l’OCDE où la pratique avancée est déployée, leur salaire est supérieur de 40% à la rémunération du métier socle », explique-t-il.
Si un tel calcul était appliqué en France, le salaire d’une IPA à l’échelon 1 serait d’environ 3000 € bruts mensuels et non 2158 € comme c’est le cas actuellement. Pour le président de l’UNIPA, 3000 € est aussi le montant que la rémunération devrait atteindre en prenant en compte le fait que la CNAM considère les IPA comme une profession intermédiaire entre IDE (1891 € à l’échelon 1) et praticien hospitalier (4565 € à l’échelon 1).
L’Unipa continuera donc de défendre ce montant devant les pouvoirs publics. Emmanuel Hardy s’attachera aussi à réclamer la création d’un statut pour les IPA dans la convention collective des établissements privés mais aussi dans la fonction publique d’Etat, la fonction publique territoriale et le corps de santé des armées ou ces infirmiers « n’existent pas ».
Grille de salaires insuffisante, statut inexistant… « Cela joue sur l’attractivité du métier », insiste-t-il, et sur la motivation des IDE à suivre deux ans d’études supplémentaires. A l’heure où les pouvoirs publics affirment pouvoir compter sur les IPA pour améliorer l’accès aux soins en ces temps de pénurie médicale, sera-t-il entendu ?
Géraldine Langlois
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