Infirmiers puériculteurs : quelle évolution vers la pratique avancée ?

Infirmiers puériculteurs : quelle évolution vers la pratique avancée ?

Les conclusions des assises de la pédiatrie, qui se sont tenues le 24 mai, ont conduit à une confusion concernant l’ouverture de la pratique avancée au champ de la pédiatrie. Quelles sont les attentes des infirmiers puériculteurs dans le domaine ? Le point avec Peggy Alonso, présidente de l’Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiant(e)s (ANPDE).

Peggy Alonso, présidente de l'ANPDE
Peggy Alonso, présidente de l’ANPDE © DR

Comment expliquer la confusion autour de la pratique avancée en pédiatrie ?

La veille des assises, certains médias ont annoncé la création d’une mention IPA en pédiatrie. De même que le jour des assises, les annonces des tutelles ont pu prêter à confusion avec l’emploi du terme de mention, alors même que leur volonté ne repose pas sur la création d’une mention « pédiatrie » en pratique avancée, mais plutôt d’une universitarisation de la spécialisation, avec l’intégration de certaines compétences en pratique avancée.

C’est aussi votre volonté…

Depuis de nombreuses années, l’ANPDE plaide pour une refonte de notre formation, actuellement d’une durée d’un an. Nous voudrions deux années centrées sur l’enfant. Pour cette raison, nous ne souhaitons pas une mention en pratique avancée [qui impliquerait d’intégrer l’année commune à tous les EIPA et de n’avoir qu’une année dédiée à la mention, NDLR], mais bien le maintien de notre spécialité, avec des compétences en pratique avancée, dans le cadre d’une formation de niveau Master 2, intégrée à un cursus universitaire.

Qu’entendez-vous par “compétences en pratique avancée”? 

Nous voudrions que les infirmiers puériculteurs soient reconnus comme professionnels de premier recours, afin de pouvoir évaluer et suivre la santé de l’enfant en accès direct ainsi que prescrire dans notre champ de compétences. Nous n’avons pas l’intention de travailler de manière isolée mais en coordination avec les autres acteurs de la santé, dont les médecins. L’objectif serait donc de permettre une montée en compétences des infirmiers puériculteurs afin de prendre en charge les familles et les enfants, et permettre aux médecins de se concentrer sur les cas complexes.

En libéral, ce rôle peut difficilement être envisagé sans une adaptation de la Nomenclature générale des actes (NGAP) …

Effectivement, cette évolution de notre rôle implique une NGAP adaptée et la possibilité de prescrire dans notre champ de compétences. Aujourd’hui, il n’y a pas d’infirmier puériculteur en libéral en raison de l’absence de cotation pour les soins spécifiques à l’enfant, l’accompagnement à la parentalité, l’allaitement, etc. Il faudrait aussi revoir les règles du zonage des infirmiers libéraux. Car dans les zones surdotées par exemple, selon les règles actuelles même en cas de besoin en pédiatrie, les infirmiers puériculteurs libéraux ne pourraient pas s’installer puisqu’aucune distinction n’est faite entre les soins généraux et les soins de pédiatrie. Aujourd’hui, les tutelles craignent que la mise en place d’une cotation dédiée des actes entraîne une fuite des infirmiers vers le libéral. Il faudrait donc aussi revoir les grilles salariales hospitalières et territoriales pour l’éviter.

>> LIRE AUSSI – Puériculture en libéral : un exercice en manque de reconnaissance >>

Qu’en pensent les autres associations, syndicats des infirmiers puériculteurs et des IPA ?

À la suite des assises, nous avons organisé une réunion pour parler des annonces. Aujourd’hui, nous sommes tous d’accord sur la nécessité d’avancer. Le fond du problème repose sur la crainte que plusieurs professionnels soient pointés dans la pratique avancée et que cela soit source de confusion pour la population ou les médecins, concernant les compétences en puériculture. Nous allons devoir travailler sur la sémantique afin de gagner en visibilité et construire un socle consensuel pour prioritairement répondre aux besoins de l’enfant et de la famille, afin de leur proposer le bon professionnel au bon moment.

Propos recueillis par Laure Martin

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