A Paris comme dans les grandes villes de province, les infirmiers ont battu le pavé. Mais ils étaient davantage rassemblés à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-SUD, qui a annoncé 15 000 personnes, toutes professions confondues, et ce rien qu’à Paris.
Pourquoi cette absence de représentativité au sein du mouvement unitaire ? « La manifestation du 8 novembre a déçu les infirmiers dans les suites qui y ont été données, rapporte Daniel Guillerm, vice-président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), à la sortie du métro Denfert-Rochereau à Paris, point de départ du cortège. Marisol Touraine a cassé le mouvement en donnant satisfaction à la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).”
Conséquence : face à ce ras-le-bol, les IDE ne se déplaceraient même plus. Les représentants du mouvement unitaire regrettent également d’être noyés par l’intersyndicale avec laquelle ils ne partagent pas toutes les mêmes revendications. « Nous avons une approche plus globale de la santé et pas uniquement centrée sur les infirmiers », fait savoir Christian Lemaire, membre de la commission exécutive de la Fédération Sud Santé, qui n’est pas au courant de la présence du mouvement unitaire de l’autre côté de la place.
Malgré tout, les représentants des 16 associations et syndicats, qui suivent le même itinéraire que l’intersyndicale, entendent bien faire valoir leurs revendications. « Nous n’en appelons même plus à la ministre de la Santé, souligne Nathalie Depoire, présidente de Coordination nationale infirmière (CNI). On a suffisamment donné », Désormais, c’est aux candidats à la présidentielle qu’ils font appel en leur adressant 10 propositions unitaires (lire encadré) et en sollicitant un rendez-vous. En attendant leurs réponses, ils vont être reçus par le Parti socialiste et l’Union des démocrates indépendants de l’Assemblée nationale dans l’après-midi.
Epuisement professionnel
Si les infirmiers contournent désormais la ministre de la Santé, c’est parce qu’ils sont excédés par l’immobilisme du ministère et de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), qui s’étaient pourtant engagés et avaient confirmé que des annonces fortes seraient faites par les plus hautes autorités de l’Etat au cours du point d’étape de la Grande Conférence de Santé.
Pourtant, « lors du déplacement de François Hollande à Poitiers fin janvier pour son bilan pour la santé, aucun élément concret n’a été annoncé, dénonce Nathalie Depoire. Pire, aucune organisation infirmière n’a été invitée… »
Dans les propositions qu’il présente aux politiques, le mouvement unitaire met cette fois-ci l’accent sur la détérioration des conditions de travail des infirmiers. « Il y a un vrai gâchis humain, dénonce Thierry Amouroux, président du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). La souffrance est réelle, les professionnels sont cassés. » Et de regretter la multiplication des erreurs de soins « en hausse de 48 % par an en Ile-de-France pour atteindre le chiffre de 18 000 par an ».
De même « le taux d’absentéisme atteint 10 % à l’hôpital car les professionnels sont fatigués, il y a une explosion des dépressions et de l’épuisement professionnel. » 30 % des nouveaux infirmiers abandonnent leur métier dans les 5 ans. Le constat est identique du côté des libéraux car « nous avons une hausse de notre charge de travail, nous sommes confrontés à de l’insécurité, nous avons des contrôles de l’Assurance maladie, cela devient compliqué », confirme Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Et Brigitte Ludwig, présidente de l’Unaibode de poursuivre : « Les infirmiers comme les autres professionnels, veulent juste avoir des bonnes conditions de travail. Cette pression qu’ils ressentent est liée au poids qui pèse sur les hôpitaux et des économies attendues. Or, nous ne voulons pas qu’une maîtrise comptable. Les infirmiers veulent pouvoir être des soignants et prendre le temps avec leurs patients. »
Quelques avancées ?
Les infirmiers reconnaissent néanmoins avoir eu quelques échanges avec le cabinet de la ministre. Des groupes de travail ont également été mis en place pour les pratiques avancées, le décret d’actes et la prime pour le travail de nuit et les weekends. « Il y a également la réouverture des réunions pour la réingénierie des diplômes des ibodes et des puéricultrices, fait savoir Nathalie Depoire. Mais le calendrier n’est pas clair pour la suite. On reste réservé ».
« On espère avoir de bonnes nouvelles, poursuit Brigitte Ludwig. La réunion avec la DGOS est programmée pour le 30 mars, nous espérons travailler sur un projet en Master, sur deux années, avec quatre semestres et connaître la date de rentrée prévue pour l’application de la réforme. » Car pour le moment, aucun détail ne filtre. La suite des négociations portera sur la hausse des salaires, « mais pas avec ce gouvernement, regrette Brigitte Ludwig. Nous l’avions déjà demandé à la suite de l’attribution de nos actes exclusifs mais nous n’avions rien obtenu. »
La prochaine manifestation du mouvement unitaire devrait avoir lieu d’ici quelques semaines.
Laure Martin
(1) AEEIBO, ANFIIDE, ANPDE, CEEIADE, Convergence Infirmière, CNI, FNI, SNIA, SNICS- FSU, SNIES- UNSA, Sniil, SNPI CFE-CGC, SNIPUERLIB, UNAIBODE, UNEF, UNIDEL.
Les dix propositions unitaires à destination des candidats à la présidentielle1/ Urgence à mettre en place un moratoire sur les plans d’économies, source de souffrance au travail.
2/ Mettre en adéquation les effectifs à la charge de travail réelle
3/ Faire bénéficier les professionnels de santé d’un suivi médical attentif.
4/ Faire des soins de ville libéraux la filière naturelle du retour à domicile, après une hospitalisation.
5/ Impliquer les infirmières libérales dans l’organisation de la permanence des soins ambulatoires (PDS).
6/ Faire de la sécurité des infirmières une priorité
7/ Prise en compte de la singularité d’exercice, par la reconnaissance d’une spécialité
8/ Reconnaissance salariale à hauteur de nos compétences et de nos responsabilités
9/ Actualisation des textes régissant notre exercice
10/ Reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé en retraite (public, privé, libéral)
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la pénibilité de nuit est reconnue depuis2015 j’ai reçu 4 points de mon employeur puisque j’etais encore en exercise maintenant en burnout depuis 2016 mais il faut 10points pour gagner un trimestre de retraite et c’est pas retro actuf vu que j’etais de nuit depuis 1993 ds cet etablissement (IDE)!!