Infirmiers de pratique avancée IPA : la profession déçue par la nouvelle version des projets de décrets

Infirmiers de pratique avancée IPA : la profession déçue par la nouvelle version des projets de décrets

Dans un communiqué commun, les représentants de dix organisations* professionnelles infirmières ont fait part de leur étonnement et de leur déception à la lecture de la version amendée du projet de décret en Conseil d'Etat relatif à l'exercice en pratique avancée. 

Infirmiers de pratique avancée IPA : la profession déçue par la nouvelle version des projets de décrets

Le décret d’application est attendu depuis la loi de modernisation de notre système de santé. Il doit définir le périmètre d’intervention et la formation des infirmiers de pratique avancée

Retour sur le statut d’IPA Infirmier de pratique avancée

Le statut d’IPA Infirmier de pratique avancée, créé par la loi du 26 janvier 2016 donc, existe déjà dans d’autres pays comme les Etats-Unis et le Canada : ces infirmiers qui sont formés à l’université, de niveau master 2, deviennent expert en cancérologie, en gérontologie, en psychiatrie ou encore en diabétologie. 

Dans ces pays, ils peuvent être consultés en premier recours, sans prescription médicale. Les IPA infirmiers de pratique avancés peuvent prescrire certains traitements, à l’instar des sages-femmes, et bénéficier d’une extension de leur champ de compétence, leur permettant d’intervenir dans des situations complexes. Affectés à des postes transversaux dans les hôpitaux, ils peuvent aussi être très utile en ville. 

Dans un contexte d’un système de soins français débordé (urgences saturées par l’afflux de patients, désertification médicale), d’une offre de soins qui tend de plus en plus vers l’ambulatoire, ainsi que du vieillissement de la population, ces nouveaux acteurs de santé auraient un rôle majeur à jouer en matière de santé publique en France

Un projet de décret qui déçoit… encore

En mars dernier, une première version du projet de décret avait déjà été contestée par les organisations infirmières, mais aussi, pour des raisons opposées, par des syndicats de médecins  – les uns estimant que les IPA Infirmiers de pratique avancée étaient trop écartés du premier recours, les autres estimant au contraire, qu’ils prendraient trop de place, au détriment des médecins généralistes -.

La nouvelle version, adressée aux organisations infirmières le 24 avril par la DGOS, n’a pas davantage convaincu ces dernières. Dans un communiqué adressé à la presse, elles regrettent de nouveau “que les futurs infirmiers de pratique avancée se trouvent écartés des soins de premiers recours pour des raisons qui restent encore à clarifier alors que leur contribution au sein des équipes pluriprofessionnelles aurait pourtant pu desserrer l’étau qui enserre ce secteur d’activité“. 

Elles dénoncent également la suppression, dans cette dernière version du texte, du champ de la santé mentale et de la psychiatrie du domaine d’intervention des IPA. 

Elles regrettent la “rigidification extrême de la mise en oeuvre de l’exercice en pratique avancée”. “Là où on demandait un document validé par l’équipe, on doit désormais rédiger un protocole descriptif précisant des règles de collaboration signé par le médecin et l’infirmier“, s’insurgent-elles. 

Devenir IPA Infirmier en pratique avancée : une nouvelle profession en marche

Une demande d’autonomie

Osons l’innovation face aux progrès identifiés dans notre offre de soins et dépassons le conservatisme qui bloque systématiquement toute tentative d’introduction de ces modèles dont l’efficacité ne peut être questionnée“, clament les organisations infirmières. 

Dans un autre communiqué, la Coordination nationale infirmière (CNI) déplore “la nouvelle mouture” des textes qui “semble confirmer une fois encore le pouvoir des lobbys médicaux au détriment de la reconnaissance de l’expertise infirmière mais aussi et surtout de l’intérêt des usagers“. 

M.S

* Ordre national des infirmiers (ONI), Collège infirmier français (CIF), Association française des directeurs de soins (AFDS), Association française des infirmières de dialyse, transplantation et néphrologie (AFIDTN), Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (ANFIIDE), Réseau de la pratique en soins infirmiers (Gic Repasi), Association nationale des puéricultrices(eurs) diplômé(e)s et des étudiant(e)s (ANPDE), Académie des sciences infirmières (ASI), Coordination nationale infirmière (CNI), Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), Syndicat national des infirmiers éducateurs en santé (Snies Unsa).