Infirmière : retraitée du public puis infirmière libérale : une opportunité rare

Infirmière : retraitée du public puis infirmière libérale : une opportunité rare

Les conditions pour pouvoir prendre sa retraite de la fonction publique hospitalière de manière anticipée se sont considérablement réduites. Deux infirmières ont fait ce choix juste avant la réforme de 2010 pour s’installer infirmière libérale. Elles racontent. 

Florence Hatchiguian infirmière libérale
Florence Hatchiguian

Florence Benistant ne dit quasiment jamais qu’elle est « retraitée » : « tout simplement parce que je ne le suis pas, dans ma tête » et parce qu’elle exerce toujours son métier mais en libéral, en Picardie.

Auparavant, elle a travaillé 17 ans dans la fonction publique hospitalière entre Paris, le Pas-de-Calais et l’Oise, en réanimation, au Samu-Smur et en HAD.

Cette dernière expérience, hospitalière mais à domicile, lui a permis d’affiner un projet : devenir infirmière libérale. « Je me suis reconnectée avec certains soins comme le nursing, avec le suivi du patient et la réponse à ses besoins », raconte-t-elle.

Les conditions de travail à l’hôpital ne lui convenaient plus : plannings, pression hiérarchique, manque de considération… « J’ai beaucoup aimé ce travail, il m’a appris beaucoup ; mais j’avais envie de pouvoir donner ce que j’avais appris aux patients », explique Florence.

Faire vite

Mère de trois enfants, elle décide, après quinze ans d’activité dans la FPH, de liquider ses droits à la retraite en 2006. « Il fallait faire vite car on savait que la loi changerait », ajoute l’infirmière. Parmi ses sept amies de l’IFSI, toutes mères de trois enfants, six ont fait le même choix !

Comme Florence Hatchiguian, elle aussi infirmière libérale en Picardie. « En 18 ans, j’ai beaucoup tourné : ORL, gynéco, néphrologie, endocrinologie, urgences, soins palliatifs, égrène-t-elle méthodiquement. J’ai fini sur un poste de puéricultrice en maternité. » Aucun ras-le bol à l’origine de la liquidation de sa retraite mais l’envie de travailler ailleurs et aussi, un peu, de bénéficier de cette retraite anticipée,« la seule chose à laquelle [elle ait] eu droit ».

Florence Benistant infirmière salariée devenue infirmière libérale
Florence Benistant

Au début, elle assure quelques gardes en clinique privée et dans un centre de réinsertion sociale… Des expériences qui l’incitent finalement à envisager le libéral. Une courte expérience dans un cabinet lui met le pied à l’étrier. En guise de test, elle appose sa plaque à côté de celle de son mari, kiné, et se présente auprès des pharmaciens et des médecins. « J’ai vite arrêté, raconte-t-elle, car en trois mois, j’avais 40 patients ! ».

 L’expérience positive de l’hôpital

 Florence Benistant avait un projet bien précis : reprendre la suite d’une infirmière libérale qui partait elle-même à la retraite mais il a tourné court et elle s’est retrouvée à faire des remplacements d’infirmière libérale, de l’intérim et même du rapatriement sanitaire pour une compagnie d’assurances ! Lors d’un remplacement, elle rencontre une infirmière qui cherchait une collaboratrice : elle a travaillé sept ans avec elle !

Au fur et à mesure des remplacements, elle a appris comment fonctionne un cabinet. La trame des tournées à effectuer lui a permis d’anticiper sur les soins à réaliser… « A partir du moment où on connaît la base, on ne rencontre pas souvent de difficultés », observe-t-elle.

Florence Hatchiguian confirme : « j’ai eu la chance d’avoir travaillé dans de nombreux services différents. Cela a été très bénéfique et m’a donné beaucoup d’assurance. Si je peux travailler comme je le fais aujourd’hui, à l’aise partout, c’est grâce à ces expériences multiples à l’hôpital. » Les gros pansements ne lui font pas peur, ni les soins aux bébés. Et elle s’est rapidement familiarisée avec l’administratif.

La reconnaissance des patients

En dehors du cadre hospitalier bien structuré, Florence Benistant a découvert une toute nouvelle autonomie, une grande responsabilité mais surtout un exercice extrêmement valorisant et très éloigné de la routine.

« J’ai beaucoup de satisfactions relationnelles. Je peux donner tout ce que j’ai envie de donner et j’ai des retours très positifs des patients. Nous avons des échanges formidables ! » Florence Hatchiguian aime aussi cette relation plus horizontale avec les patients. Et leur reconnaissance, « énorme », qui l’a surprise…

Certes, le cumul de la pension de retraite de la FPH, même réduite, et des revenus de l’activité libérale est appréciable et apprécié. Mais l’infirmière souligne également son rythme de travail : sept jours d’affilée mais une semaine sur trois. Monter son cabinet, avec trois remplaçantes et une secrétaire, l’a aussi fait « grandir », estime-t-elle.

« Ma qualité de vie est bien meilleure aujourd’hui, souligne-t-elle. J’ai du temps disponible : je donne des cours en IFSI, je fais du sport, de l’art floral, de l’encadrement d’art… ». Pourtant, ajoute-t-elle, « je n’enlève pratiquement jamais vraiment la blouse. J’adore, mais mes enfants et mon mari me le reprochent parfois. »

De son côté, Florence Benistant mesure ses limites et s’interroge sur la poursuite de son activité en libéral au-delà de la cinquantaine. « J’aurais fait trente ans de soins, souligne-t-elle. Physiquement, c’est dur, le libéral. On se lève très très tôt, la charge de travail augmente, notamment en post-opératoire. Et puis les médecins prescripteurs seront nombreux à partir à la retraite dans les prochaines années… Comment fera-t-on alors ? »

 Olivia Dujardin

Retraite des agents de la fonction hospitalière et exercice en tant qu’infirmière libérale

Les règles ont changé en 2010. Les infirmières qui ont choisi de rester en catégorie B (« active ») ont conservé le droit de partir à la retraite de manière anticipée mais l’âge légal du départ est passé de 55 à 57 ans et la durée minimale de services effectifs de 15 à 17 ans.

L’âge légal de départ à la retraite de celles qui appartiennent, dès leur recrutement, à la catégorie A est fixé à 62 ans. Celles qui ont travaillé en catégorie B mais choisi la catégorie A en 2010-2011 peuvent partir en retraite à partir de 60 ans.

La possibilité pour les infirmières ayant trois enfants de partir de manière anticipée n’existe plus depuis le 1er janvier 2012. Elle n’est maintenue que pour celles qui, à cette date, ont trois enfants et accompli 15 années de services effectifs et qui ont , dans certaines conditions, interrompu ou réduit leur activité au plus tard le 15 janvier 2015.

Une pension de retraite de la CNRACL peut être cumulée avec une rémunération d’activité libérale selon certaines conditions (http://petitlien.fr/7am8 et http://petitlien.fr/7am9). Des règles de plafonnement peuvent s’appliquer (http://petitlien.fr/7amc).

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10 réactions

  1. Quel est l interet de prendre sa retraite si c est pour reprendre une activité?

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  2. Le chômage est multi factoriel et c’est un facteur parmi d’autres Jean aurélien de mes deux roupettes. Je n’ai pas la prétention de faire évoluer quoi que ce soit, je ne suis pas député ou super héros et je ne pète pas plus haut que mon cul contrairement à toi.

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  3. Comme si le chomage infirmier dans certaines régions etait du au fait que des retraités continuent de travailler… N’importe quoi… La cause de ce chômage est ailleurs, surtout au regard du nombre de retraités que cela doit concerné. N’importe quoi Mathieu Guyon, en tout cas ce n’est pas avec toi que la profession évoluera, si on t’écoutait, nous porterions encore la cornette… Une question que vous pouvez vous poser, quelles sont les causes de chomage infirmier ?

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  4. d accord avec Mathieu Guyon et pendant ce temps des ide en activité cherchent une place stable !!

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  5. Ou comment occuper des postes et des emplois en cumulant deux salaires, on est à la retraite ou on l’est pas…

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