Implantation des infirmiers en pratique avancée : les freins et les accélérateurs identifiés dans une étude

Implantation des infirmiers en pratique avancée : les freins et les accélérateurs identifiés dans une étude

Une étude sur les facteurs favorisant ou freinant l'implantation des IPA (Infirmiers en pratique avancée), publiée dans la revue internationale « Journal of Advanced Nursing » cet été met en lumière la manière contrastée dont elle se déroule depuis que les premiers diplômés ont commencé à exercer.
© Lee Charlie / ShutterStock

« Au début de leur implantation, les débuts des IPA sont un peu difficiles et leur rôle pas forcément clair pour les autres professionnels quand ils prennent leur poste mais ensuite, ils se sentent bien implantés », remarque Jean Toniolo, infirmier, formateur en Ifsi et enseignant chercheur en master IPA, notamment, à l’université de Limoges.

Il a interrogé 41 IPA (57% de ceux diplômés en Nouvelle Aquitaine) ainsi que 12 médecins pour réaliser cette étude qui s’inscrit dans le cadre de sa thèse en santé publique sur le développement comparé de la pratique avancée dans le contexte des maladies chroniques en France et au Gabon, et qui a été publiée dans une revue scientifique internationale de renom.

Au-delà du fait que ces IPA considèrent que la pratique avancée « redonne un sens à leur pratique », l’étude éclaire les facteurs qui favorisent leur implantation mais aussi ceux qui la freinent.

Préparer la prise de poste

Parmi les premiers, la préparation de la prise de poste des IPA apparaît comme essentielle : si le projet d’intégration d’un IPA dans une équipe est préparée, en associant les professionnels de santé, les cadres voire la direction des soins, elle a plus de chance de bien se dérouler.

Une évidence, peut-être, mais soulignée par une majeure partie des personnes interrogées. Le fait de pouvoir réaliser un des stages durant les études d’IPA dans le service où ils vont exercer ensuite facilite aussi leur implantation : il n’est plus nécessaire de convaincre ou d’expliquer à qui que ce soit leur rôle, leur périmètre d’action et leurs missions, car l’équipe en a déjà fait l’expérience.

À défaut de préparation ou de familiarisation des équipes lors de stages, « on observe des limitations dans l’utilisation des compétences des IPA, avec des champs du domaine de compétence qui seront moins investis qui provoque chez certains IPA une forme de frustration », souligne Jean Toniolo. Par exemple, certains  n’auront pas la possibilité de réaliser des consultations de suivi ou d’autres ne pourront pas renouveler certaines prescriptions. Ces limitations ont cependant tendance à s’estomper avec le temps, constate le chercheur.

« Tous ont une opinion positive de la collaboration avec les médecins avec lesquels ils travaillent, poursuit-il. Ils les considèrent comme facilitants et moteurs dans leur prise de poste et l’accompagnement de leur exercice clinique et estiment qu’ils leur font confiance. »

Il n’en est pas de même avec tous les autres membres des équipes, en milieu hospitalier. Le fait, par exemple, de revenir comme IPA dans un service où on a déjà travaillé comme IDE peut s’avérer compliqué, le changement de positionnement de ces infirmiers étant pour certains collègues délicat à intégrer.

Parfois, un flou est déploré sur le supérieur hiérarchique des IPA car il n’est pas harmonisé : dans certains établissements c’est le ou la cadre de proximité, ailleurs c’est le ou la cadre supérieur de pôle. « Mais ce qui ressort c’est qu’il faut que le supérieur hiérarchique soit impliqué dans le projet aidant dans l’implantation, remarque Jean Toniolo, par exemple en donnant à l’IPA accès à un bureau de consultation ou au logiciel de prescription. » Un travail doit aussi être fait en matière de prescription pour familiariser les pharmaciens d’officine avec les droits des IPA.

Ambiguïté sur le rôle

Un autre constat souligné par l’étude porte sur l’ambiguïté qui persiste sur le rôle de l’IPA. En dehors des médecins qui travaillent avec eux, certains praticiens ne sont pas convaincus, plus par manque de connaissance et d’implication personnelle dans le parcours de soin et par crainte d’un « glissement » sur le périmètre d’exercice médical que par opposition pure et simple, indique le chercheur.

Sur le sujet du périmètre, l’étude montre que la primo-prescription et l’accès direct ne font pas consensus chez les IPA interrogés. En matière de primo-prescription totale, observe Jean Toniolo, certains estiment qu’elle n’est pas nécessaire alors que d’autres demandent un droit de primo-prescription total et d’autres encore celui de prescrire plus de produits.

Idem sur l’accès direct entre ceux qui le défendent absolument, par exemple, en psychiatrie, pour réduire les délais d’accès à un suivi, et ceux qui, notamment dans le domaine des maladies chroniques, n’en voient pas la nécessité puisque les patients qu’ils voient ont déjà été reçus par un médecin.

Géraldine Langlois

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