Heures supplémentaires à l’hôpital : une course… ralentie

Les établissements tentent de réduire au maximum le recours aux heures supplémentaires, appréciées par les soignants car intéressantes financièrement. Dans les services, on compte toujours beaucoup de volontaires, crise oblige, mais la suppression des avantages fiscaux associés aux heures supplémentaires a freiné certaines « bonnes volontés ».

Les heures supplémentaires à l’hôpital cristallisent plusieurs problématiques sensibles : la gestion des plannings, la possibilité d’arrondir son salaire, la répartition des opportunités et la répartition de la charge de travail.

Le recours au travail supplémentaire ouvrant droit à une rémunération améliorée ou à des récupérations n’est pas encouragé par les établissements car ces heures coûtent leur coûtent cher.

Le plan de retour à l’équilibre de l’AP-HM demandait ainsi au CHU marseillais de réduire ses heures supplémentaires à 4 millions d’euros alors qu’elles ont atteint 6,5 millions en 2010, note la Cour des comptes dans un rapport publié en octobre 2012. Un plafonnement des dépenses par pôle a donc été décidé pour 2012…

Chères heures sup

Les difficultés liées aux effectifs insuffisants peuvent cependant multiplier la tentation d’en proposer aux agents… C’est une raison pour laquelle le centre hospitalier de Versailles, comme beaucoup beaucoup d’autres, a choisi de demander aux unités de demander la validation, par la DRH de tous leurs « besoins » en heures supplémentaires. « Si le personnel présent ne peut répondre à la charge de travail », elles sont validées, explique Jean-Marc Boussard, le directeur des soins de l’établissement. Mais elles ne doivent pas servir à systématiquement pallier les absences.

Les cadres essaient également de recourir le moins possible à ces heures coûteuses. Dans le service d’infectiologie où travaille Céline*, infirmière, ce n’est qu’en tout dernier recours que les cadres demandent à la DRH de débloquer des heures supplémentaires. Quand aucun soignant ne s’est montré disponible pour revenir travailler en plus… sans être payé plus.

Pour Céline, comme pour nombre de ses collègues, c’est une condition sine qua non. « J’ai plutôt tendance à privilégier mon temps plutôt que l’argent, confie-t-elle, mais quand tu es payée en heures supplémentaires tu vois la différence ! » Mais les occasions sont rares, souligne-t-elle. Et les critères qui président ensuite au choix des personnes sollicitées pour effectuer ces précieuses heures (mérite, besoin?) restent opaques…

Le centre hospitalier de Versailles organise aussi cette facette du problème. « Tous les ans, nous faisons passer une note de service qui permet aux soignants de s’inscrire pour travailler en heures supplémentaires. » Un questionnaire permet aux volontaires d’indiquer leur ancienneté sur leur poste et dans la profession, leurs compétences, leur expérience, leur disponibilité, les services où elles aimeraient pratiquer, etc.

Grâce à un logiciel, les besoins et les ressources sont mis en adéquation : « cela permet de cibler les soignants si on a un besoin en pédiatrie un mercredi », explique le directeur des soins. Ces choix sont validés par les cadres de ces soignants, afin que les heures supplémentaires à réaliser n’interfèrent pas avec les temps de repos des infirmières et aides-soignantes.

Prioriser les besoins

Dans cet hôpital, la liste des soignants volontaires augmente, observe Jean-Marc Boussard. En temps de crise économique, la question financière est devenue cruciale pour certains. Mères élevant seules leurs enfants, compagnes ou compagnons d’une personne au chômage… les infirmières aux prises avec des difficultés financières, directement ou indirectement accrues par le contexte économique difficile, cherchaient à profiter de ces opportunités. Dans un autre établissement, des cadres se souviennent avoir du arbitrer entre de nombreux candidats aux heures supplémentaires…

Pour Anthony, infirmier dans un CHU, la donne a changé, cependant, depuis août 2012 puisque les heures supplémentaires ne bénéficient plus d’avantages fiscaux. « C’est encore intéressant de faire des heures supplémentaires ponctuellement, estime-t-il mais pas régulièrement car je n’ai pas envie de voir mes impôts grimper. Avant, on se jetait sur les occasions alors qu’à présent, comme mes collègues, j’y pense à deux fois. De toute façon, il y a toujours quelqu’un qui accepte. »

 Olivia Dujardin

*le prénom a été changé

Pour aller plus loin : 

Toutes les informations réglementaires sur les heures supplémentaires dans la Fonction publique hospitalière : http://vosdroits.service-public.fr/F595.xhtml

Toutes les informations réglementaires sur les heures supplémentaires dans le secteur privé : http://vosdroits.service-public.fr/F2391.xhtml

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