Gard : un dépistage facilité de l’apnée du sommeil

Gard : un dépistage facilité de l’apnée du sommeil

Un dépistage de l'apnée du sommeil s'est mis en place dans le bassin de la Grand Combes. Une infirmière libérale (IDEL) est partie prenante, au sein de la Maison de santé pluriprofessionnelle. En lien avec un centre dédié aux pathologies du sommeil  récemment ouvert dans une clinique d'Alès.
Gard : un dépistage facilité de l'apnée du sommeil
© Koldunov Alexey / ShutterStock

Pas soigné, un Syndrome d’apnée du sommeil* (SAS) sévère peut entraîner des pathologies comme l’hypertension artérielle, le diabète de type 2, la dépression. « Il peut boucher les artères et multiplier par quatre le risque d’infarctus ou d’AVC, et par deux le risque d’accident, s’il n’est pas traité… », ajoute Jérôme Liotier, médecin anesthésiste-réanimateur, à l’origine de ce dispositif de dépistage. En mai dernier, ce médecin somnologue a ouvert un centre du sommeil (Somnum) doté 4 lits, à la clinique Bonnefon, d’Alès **.

À la Grand Combes, un désert médical, des médecins de la maison de santé pluriprofessionnelle sensibilisés aux pathologies liées au sommeil, repèrent les patients avec les troubles potentiels. « Le dépistage se fait en ambulatoire, via une polygraphie ventilatoire qui précisera aussi le degré de sévérité du syndrome », indique justement Hakima Legrand. Cette infirmière libérale (IDEL) intervient sur prescription d’un médecin de la MSP, comme infirmière de consultation. Elle est aussi chargée de faire le lien entre la clinique du sommeil et les patients qui souhaitent être dépistés. Et elle contribue à faire passer l’information – sur le dispositif en place – aux confrères et professionnels de santé, tels que les pharmaciens.

Infirmière de consultation

L’infirmière reçoit les patients en consultation juste avant le dépistage, et leur explique notamment comment se pose et s’utilise la polygraphie à laquelle ils vont rester branchés toute une nuit. « Cet appareil donne en quelque sorte une ”radiographie” du débit respiratoire et de la saturation en oxygène et permet de relever aussi la présence de ronflements. » L’IDEL revoit ses patients le lendemain pour recueillir les informations qu’elle est est chargée de transmettre au service « apnée du sommeil » d’Alès. « Ce dépistage a été intégré dans le projet de la clinique parce qu’il répondait ici, à un vrai besoin. »

Surtout, il a, depuis qu’il a été lancé, permis de diagnostiquer de grosses apnées. « Cet accès simplifié est plébiscité par les patients », assure l’infirmière. Le nombre de symptômes et la sévérité de l’apnée pourront justifier une polysomnographie et un traitement adapté. « Cet examen plus complet est aussi plus lourd à mettre en place et il se fait plutôt en clinique, mais aussi en ambulatoire », complète l’IDEL.

Tous les âges concernés

Le syndrome se traduit par des pauses – voire des arrêts – respiratoires répétés, pendant le sommeil. « On pense généralement à un homme obèse, 50 ans, ronfleur, et ce qui va entraîner le diagnostic est généralement ce qui va être en rapport avec l’âge, mais en réalité il y a des profils moins typiques », précise-t-elle. Des femmes quadragénaires longilignes, par exemple, et d’autres, ménopausées, peuvent être concernées. Toutes les tranches d’âge sont concernées, les enfants aussi, chez qui tout un tas de symptômes peuvent être reliés à l’apnée du sommeil. « Ils peuvent être confondus avec un trouble de l’attention. Il faut diagnostiquer, sinon on passe à côté d’une maladie dont les dégâts peuvent être vicieux ! »

Healico application

Créer un réseau ”sommeil”

« Sept millions de personnes, en France, sont potentiellement touchées par ce syndrome », rappelle le somnologue Jérôme Liotier. Moins de deux millions sont appareillés et 10 % minimum de la patientèle ne seraient pas diagnostiqués. « Le dispositif pilote proposé ici permet d’envisager une spécialisation sur tout ce qui est relatif au sommeil », observe Hakima Legrand. « On amène au patient une solution, une nouvelle expertise. C’est très différent du travail que nous faisons à domicile. » Les Infirmiers de pratique avancée peuvent aussi assurer la consultation de suivi.

« Les IDEL son notre prolongement », rappelle le spécialiste du sommeil. « Beaucoup sont des techniciens du sommeil, une profession qui a de l’avenir ! » Ce dernier a rebondi sur l’objectif de 500 Equipes de soins spécialisées (ESS), l’équivalent d’une CPTS pour spécialistes, édictées à l’horizon 2026 « pour rétablir l’équité territoriale ».

Il crée le premier ESS dédié au sommeil, déjà budgété par l’ARS, dans lequel va exercer un IDE. L’équipe pluridisciplinaire inclut neurologue, pneumologue, cardiologue, anesthésiste… Le médecin va aussi équiper d’autres MSP, comme Saint-Chaptes, notamment. « L’Education thérapeutique du patient va se développer aussi. » Pour une maladie considérée par la Haute autorité de santé, comme un « enjeu sanitaire et économique majeur ».

Myriem Lahidely

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Infos

* Les symptômes de la maladie, non spécifiques et banalisés, rendent difficiles la prise de conscience du patient : insomnie, réveils fréquents, ronflements, sommeil agité. Et dans la journée : sensation de fatigue au réveil, troubles de la concentration ou de la mémoire, fatigue chronique, somnolence, parfois excessive, céphalées dès le matin. « L’irritabilité en fait aussi partie, avec l’anxiété ou la dépression, cette maladie englobant beaucoup de choses », rappelle Hakima Legrand.

**  Un premier centre référent a été créé à Nîmes et un autre à Arles (Bouches-du-Rhône). Un centre du sommeil Somnum doit ouvrir à Montpellier (en mars) et un autre à Aubenas (Ardèche).

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