Beaucoup parviennent apparemment à suivre régulièrement, cependant, des formations courtes.
Les témoignages d’infirmiers du secteur public sur la manière dont ils accèdent (ou pas) à la formation continue dessinent un paysage contrasté.
Que ce soit en terme d’accès à l’information sur les possibilités de se former ou d’accès aux formations souhaitées.
La communication autour des possibilités de formation varie beaucoup d’un établissement à un autre. « Notre cadre de proximité nous transmet tous les trimestre un catalogue de propositions de formations », souligne Hélène, infirmière dans un service de pneumologie. A l’opposé, « on ne nous informe pas du tout, regrette Denise*, infirmière en réanimation. J’ai juste su par le bouche à oreille, via des collègues plus expérimentés qu’il y a un plan de formation sur l’intranet de l’hôpital. C’est à nous de le consulter, de relever des formations qui nous intéressent et ensuite de remplir une demande. »
Le catalogue contient de nombreuses propositions mais elle ne sait pas combien elle peut en demander… Harald, qui travaille dans un autre hôpital depuis deux ans, trouve aussi que l’accès à la formation continue est assez « flou ».
Des formations délivrées par des médecins sont certes organisées en interne mais « j’ignorais qu’on pouvait faire une demande via l’intranet », témoigne-t-il aussi. L’offre est très riche, constate-t-il, mais comme Denise, il ne sait pas à quoi il a droit en la matière. « Apparemment, les budgets ne sont pas épuisés car les gens ne pensent pas à aller regarder », note l’infirmier.
Communication inégale
Le sujet de la formation continue est généralement abordé lors des entretiens annuels des IDE avec leur cadre.
A cette occasion, « on formule des vœux ou notre cadre nous dit qu’il a pensé à nous pour faire telle ou telle formation », raconte Rebecca, infirmière dans un service d’urgences.
Les souhaits suivent alors un parcours de décision hiérarchique jusqu’à la validation de la direction des ressources humaines. Opaque pour certains infirmiers, notamment ceux qui ne reçoivent aucune réponse à leurs demandes…
Depuis qu’Adeline est Ibode, on ne lui pose plus la question de ses souhaits de formation en entretien annuel. De toute façon, « cela ne m’est pas venu à l’idée de formuler une demande, souligne-t-elle. D’habitude, je dresse toute une liste mais on est tellement en sous-effectif que ce n’est même pas envisageable. »
Miguel, infirmier et responsable d’une équipe dans un Ehpad, aimerait aussi suivre plus de formations que celles que lui propose son employeur mais les moyens sont limités et il priorise les membres de son équipe, moins qualifiés. Quant à Denise, elle n’a pas bénéficié de formations pendant les deux années où elle a travaillé de nuit faute de soutien de sa cadre, estime-t-elle.
Heureusement, elle a pu en suivre, sur des périodes d’un à quatre jours, dès qu’elle est passée de jour, en moyenne une par an.
Idem pour Hélène et pour Marc : « je n’ai jamais eu trop de mal à obtenir les formations que je voulais, observe-t-il. Si cela rentre dans le cadre du projet de l’hôpital ou du service et dans le budget, l’avis est positif. »
Il a d’ailleurs l’impression que depuis deux ans, l’hôpital a un eu « ouvert les vannes », peut-être dans l’objectif de fidéliser les IDE.
Ce genre de politique varie d’un établissement à un autre. En tout cas, les catalogues de propositions sont riches, observent les IDE interviewés, qu’il s’agisse de mise à jours des connaissances, d’utilisation d’outils ou de formations à de nouvelles pratiques. « On se réactualise à volonté », apprécie Rebecca, dont les demandes pour des formations courtes n’ont jamais été refusées.
Malgré l’étendue de l’offre et les politiques de promotion de la formation, toutes les demandes ne sont pas acceptées. Le projet de formation à l’hypnose d’Emmanuelle, infirmière en psychiatrie, a été refusée deux fois : « il n’y a pas de budget, ou bien il est priorisé par pôle ».
Le temps, l’argent
En matière de formations plus longues, comme les DU, les formations de cadres, d’IPA, ou de spécialisation (Ibode, Iade, Puer), les choses se compliquent.
Emmanuelle a pu suivre un DU. En amont, raconte-t-elle, « il faut préparer tout un dossier, rédiger une lettre de motivation, expliquer son projet. Si la partie écrite est validée, on passe devant un jury de cinq personnes, à qui on explique notamment l’intérêt de l’hôpital à financer la formation. »
Là où travaille Hélène, « on peut postuler à des DU une fois dans l’année. On formule notre demande entre février et avril pour une entrée en formation en septembre l’année suivante. On n’est pas sûr d’obtenir un financement. On peut parfois demander le même DU plusieurs fois. En général on arrive à l’obtenir au bout de la troisième fois mais sur un projet professionnel, ça peut être un peu long. »
Idem pour une formation de cadre. Elle-même postule depuis cinq ans à un DU dont elle estime avoir grand besoin pour évoluer dans sa pratique… Dans certains établissements, des infirmiers renoncent.
Le financement est souvent le nerf de la guerre, en particulier pour les formations longues. Outre les frais de formation, les frais de logement et de transport ne sont pas forcément pris en charge… Dans certains établissements, comme celui où travaille Emmanuelle, une part importante du budget formation est dédiée aux formations promotionnelles potentiellement longues et coûteuses (IPA, Ibode, Iade…), dans un objectif de réponse aux souhaits d’évolution professionnelle des IDE et de fidélisation. Rebecca confirme : là où elle travaille, les formations d’IPA sont prises en charge priorité.
Autofinancement ?
Résultat : certains IDE financent eux-mêmes leur DU. C’est le cas de Denise. « Il fallait attendre que le pôle ait le budget, raconte-t-elle, alors j’ai pris les devants et je me suis inscrite et autofinancée. Cela m’est revenu à 800€, ce qui n’est pas très cher par rapport à d’autres DU. »
Marc aussi a financé lui-même un DU avant de pouvoir bénéficier du financement d’un autre diplôme universitaire et d’une formation de formateur. Hélène va peut-être finir par se résoudre à financer elle-même son DU, tout en déplorant une injustice : « tout le monde ne peut pas le faire ».
Le nombre de places disponibles et la possibilité de détacher un soignant pendant la durée de la formation peuvent aussi conduire à un refus. En plus d’être cher, « c’est contraignant pour l’établissement », remarque Rebecca.
Le manque d’effectif peut aussi freiner les velléités de formation de certains IDE. Dans certains services, toutefois, les soignants s’organisent pour permettre à un ou une collègue de participer à une formation, même longue. « A chaque fois, on a réussi à se débrouiller pour permettre à un collègue de suivre une formation », souligne Rebecca.
Malgré les difficultés et même s’ils aimeraient suivre davantage de formation, la plupart des IDE interviewés affichent une satisfaction à pouvoir accéder régulièrement à des stages. Les IDE qui ont travaillé dans le secteur privé avant de rejoindre la FPH observent une franche différence.
« On est bien mieux formé dans le public », estime Hélène. Rebecca confirme : « depuis que je travaille dans le secteur public, j’ai suivi énormément de formations, notamment en interne. L’accès à la formation y est plus simple que dans les établissements privés ».
Géraldine Langlois
*Certains prénoms ont été changés
Découvrez notre offre de formation spéciale IDE |
Healico : le partenaire privilégié pour le suivi des plaies des patients Trouvez facilement le traitement adapté à votre patient grâce au catalogue produits sur Healico ! Je télécharge Healico |
Soyez le premier à laisser un commentaire !