Erasmus : découvrir un autre système de soins

Erasmus : découvrir un autre système de soins

Étudiant à l’Institut de formation en soins infirmiers de Nancy, Kévin Silva est parti trois mois à Bruxelles dans le cadre du programme d’échange européen Erasmus. Retour sur son expérience.

Etudiant infirmier, Kevin Silva a bénéficié du programme Erasmus
Etudiant infirmier, Kevin Silva a bénéficié du programme Erasmus – © DR

Parlez-nous des conditions dans lesquelles vous êtes parti en Belgique ?

Je suis parti deux mois dans une clinique privée et un mois dans une structure d’accueil pour les sans-abri. Je devais tout d’abord partir en Irlande puis en Estonie, mais mes demandes ont été refusées pour des questions d’organisation.

La préparation avant le départ a été assez longue et difficile car ma promotion a été la première de mon Ifsi à pouvoir bénéficier de cet échange. Nous avons donc dû tout faire seuls : rechercher des lieux de stages, des hébergements. Pour les promotions suivantes, c’est plus facile car nous avons instauré des partenariats avec des établissements.

Il faut également savoir, avant de partir, que la bourse Erasmus est proportionnelle à la distance entre la France et le pays dans lequel l’étudiant se rend ; le niveau de vie du pays n’est pas pris en compte. La bourse est donc une aide, mais elle ne couvre pas tous les frais du séjour.

Néanmoins, si j’ai souhaité partir, c’est avant tout pour voir comment les infirmiers travaillent ailleurs et comprendre pourquoi leurs pratiques sont différentes.

Qu’est-ce que votre séjour à Bruxelles vous a apporté professionnellement ?

La prise en charge des soins diffère totalement en Belgique. En France, le patient paie sa prise en charge hospitalière au forfait. Or, au sein de la clinique privée où j’ai effectué mon stage, le patient paie uniquement le matériel qui a été utilisé pour lui dispenser les soins. Compresses, perfusions, tout est compté. Les infirmiers font donc attention à l’économie.

Pour l’organisation des soins, les protocoles sont plus ou moins similaires. Cependant, en France, le travail de l’aide-soignante, qui fait essentiellement la toilette, et celui de l’infirmier, est bien différencié.

En Belgique, l’infirmier a tendance à effectuer tous les soins et à prendre en charge globalement le patient. Le professionnel reste donc plus longtemps dans la chambre – entre 1h et 1h30.  Je me suis imprégné de cette pratique et j’essaie de la mettre en œuvre. Cela me permet de passer plus de temps avec les patients, de mieux les connaître et cela leur donne également la possibilité de pouvoir davantage se confier à moi.

En France, les infirmiers se reposent sur leurs collègues aides-soignants pour obtenir des informations sur leurs patients. Dans l’organisation belge, les infirmiers collectent toutes les informations eux-mêmes.

Qu’en est-il de votre stage dans une structure pour personnes sans-abris ?  

Ce stage m’a apporté une autre vision des gens. Je me suis rendu compte que n’importe qui pouvait devenir sans-abri très rapidement. Dorénavant, quand je reçois des patients pour une pathologie précise, j’essaie de voir si parallèlement, ils n’ont pas des problèmes d’alcool, des problèmes familiaux afin de pouvoir les orienter vers des structures adaptées en cas de besoin. Je fais davantage de prévention.

Pour le moment, je souhaite travailler en réanimation. Mais ce stage m’a donné envie de faire plus de social ou d’exercer dans un domaine où je serai plus proche des gens comme en psychiatrie ou dans l’humanitaire.

Toute cette expérience a vraiment été enrichissante et si c’était à refaire, je le referai.

Propos recueillis par Laure Martin