Trente minutes avant l’arrivée du vol Paris-Saint Denis de La Réunion, une dizaine d’infirmiers, harnachés dans des gilets aux couleurs des sapeurs-pompiers, est réunie autour de Sandrine Seiberras, cadre de santé au SDIS (Service départemental d’incendie et de secours). La plupart sont là sur leur temps libre. « Je suis épatée par leur motivation et leur professionnalisme, confie Sandrine. Nous avons environ 70 infirmiers volontaires sur l’ensemble du département et ils sont tous très impliqués, ça force le respect ! »
Parmi eux, Tatiana, IBODE au CHU et infirmière volontaire à l’année auprès du SDIS : « Je me suis engagée parce que mes enfants font des compétitions et qu’il faut du personnel infirmier sur le terrain. Alors quand le SDIS a fait appel aux volontaires pour l’accueil des voyageurs de retour à La Réunion, j’ai accepté de faire les permanences selon mes disponibilités. »
Des passagers coopératifs avec les infirmiers
Le parcours est orchestré en deux temps : un entretien rapide avec l’un des quatre infirmiers installés dans la salle des bagages, sous l’œil attentif des représentants de l’ARS Réunion. Les passagers se disant non symptomatiques récupèrent leurs bagages et attendent d’être invités par les services de la Police aux frontières (PAF) à monter dans les autocars les conduisant à leur centre de quatorzaine obligatoire (lire par ailleurs).
Au début de l’opération, le 20 mars, les passagers ont-ils été tentés de dissimuler leur état pour échapper à la quatorzaine, alors encore non obligatoire hors de leur domicile ? « Non, estime Tatiana. Je les ai toujours sentis plutôt sincères, et parfois même inquiets devant les risques sanitaires. » Agacés par ce contrôle ? « Au début, certains n’en comprenaient pas la nécessité et pouvaient être un peu désagréables, mais ce n’était pas la majorité. Depuis, ils sont informés dès le départ et ça se passe plutôt bien », souligne une autre IDE.
Des tests en cas de symptômes
Les passagers se déclarant symptomatiques, cinq seulement ce jour-là sur les 76 présents sur le vol, sont dirigés en salle d’arrivée vers un duo d’accueil d’infirmiers du SDIS, secondés par des infirmiers volontaires.
Dans un recoin bordé par des panneaux au sigle de l’aéroport, Laura, une IDE, actuellement en formation pour devenir infirmière puéricultrice, prend la température d’un passager et assure l’interrogatoire clinique. Puis oriente le voyageur vers un autre recoin identique, à l’autre bout de la salle, où deux IDE du CHU pratiquent le test PCR de dépistage, le patient installé discrètement à l’abri des regards.
Moment un peu tendu, plein d’émotion, quand une petite princesse exprime à hauts cris sa peur de l’examen. Entre deux patients, un infirmier du SDIS explique à ses collègues, à grands renforts de gestes enveloppants, comment tenir un jeune enfant pour éviter qu’il ne bouge pendant le test.
Anticiper, le choix de l’ARS et de la préfecture
A La Réunion, le confinement a commencé le 17 mars, alors même que l’île n’était encore qu’en stade 1, le tout premier cas ayant été déclaré le 11 mars chez un Réunionnais tout juste de retour de croisière dans les Bahamas avec étape en métropole. Néanmoins, la préfecture et l’ARS Réunion ont décidé d’appliquer les directives nationales sans attendre l’apparition de cas autochtones.
Sachant que la très grande majorité des cas (72% au 13 avril, soit 277) sont des cas importés, suivis par 66 cas-contact (autochtones secondaires), la préfecture a pris la décision de fermer l’aéroport dès le 30 mars, autorisant juste trois vols par semaine au titre de la continuité territoriale.
Une quatorzaine sous bonne garde
Seuls les Réunionnais de retour de voyage sont autorisés à entrer sur l’île. Si au début du confinement les voyageurs avaient le choix entre une quatorzaine en centre ou à domicile, différentes entorses à la règle et la multiplication des cas autochtones (42 au 13 avril) ont conduit les autorités à décider d’une quatorzaine beaucoup plus stricte à compter du 30 mars dernier.
Désormais, les voyageurs sont contraints de passer quatorze jours confinés dans un hôtel ou un centre d’hébergement sans contact avec leurs proches et sans faire étape à leur domicile. En sont néanmoins exemptés les personnels indispensables à la gestion de crise, les mineurs isolés et les personnes dont la situation médicale ne permet pas le maintien en quatorzaine. Des équipes médicales (IDE et médecin) y passent régulièrement.
Ce 14 avril sont sortis de quatorzaine les 141 premiers voyageurs assignés à résidence contrainte. Des équipes d’infirmiers sont allées effectuer sur les trois centres d’hébergement des tests de dépistage, étape obligatoire sous peine de rester en centre sept jours supplémentaires. Les 141 tests se sont tous révélés négatifs.
D’ici le 26 avril, cinq autres séries de tests de sortie de quatorzaine devraient avoir lieu, soit 308 nouveaux tests qui viennent s’ajouter à ceux pratiqués au CHU et sur les cinq Drive Tests répartis sur l’île. Les derniers résultats des dépistages, rassurants quant à l’état épidémique, ont tendance à inciter les Réunionnais au relâchement du confinement depuis quelques jours. Au risque de faire basculer les chiffres…
Mireille Legait
Les chiffres à La Réunion
391 cas dont trois nouveaux seulement entre le dimanche 12 et le lundi 13 avril.
44 soignants malades (34 ayant contracté le virus hors département)
25 hospitalisations hors réanimation
3 en réanimation
0 décès
198 patients guéris
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