Loïc Massardier, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) le dit clairement. “Dommage que Marisol Touraine ne soit pas venue nous voir, car nous sommes le futur de la profession.”
En effet, alors que les étudiants revendiquaient une meilleure représentation dans les organismes de formation, et s’étaient baillonnés symboliquement pour montrer leur absence de prise en compte, ils sont aussi en proie à des questionnements tels que le chômage grandissant.
“Le chômage chez les infirmiers, c’est une vraie question. Dans une étude de juin 2014, nous avons réalisé que la profession souffrait du chômage, depuis environ deux ans et l’application de la nouvelle réforme. Le départ de retraite repoussée et l’entassement des étudiants diplômés ont bouché le secteur”, décrit-il.
Sans compter les coupes budgétaires qui “empêchent de recruter du personnel soignant, tandis que l’on ne répond pas aux besoins de santé des Français”. Angélique, 27 ans, infirmière hospitalière, témoigne des freins à la formation : le coût, le remplacement nécessaire, et ensuite, quelle valorisation, même après un investissement ?
“On assiste aussi à la précarisation de la profession, avec de plus en plus de CDD, parfois même de 10 jours renouvelables au jour le jour”, s’inquiète Loïc Massardier.
Dorian, 22 ans, étudiant en 3e année, fait la queue devant le stand du Québec. Il estime que cette contrée canadienne lui offrira plus sa chance, car dans les CHU des grandes villes, il est devenu plus difficile de décrocher un CDI.
Des revendications pour tous
“Métier en perpétuelle évolution”, voilà les mots d’Asma, infirmière de 27 ans en milieu hospitalier. Et en effet, au coeur des préoccupations de cette édition 2014, les Ibode, par le biais de Brigitte Ludwig, réclament toujours la mastérisation de leur métier, qui correspondrait à une réelle reconnaissance des 18 mois de formation supplémentaire qu’ils suivent, jusqu’à maintenant sans revalorisation salariale.
Autre revendication : la question des pratiques avancées. Florence Ambrosino, du Comité de pilotage du GIC Repasi se réjouit des discussions qui auront lieu début 2015 sur le métier d’infirmière de pratiques avancées, prévu dans la future loi de santé.
“Les travaux permettront de créer des référentiels métiers pour définir les champs de compétences et exercices des infirmières de pratiques avancées, qui ne sont ni une spécialisation, ni un accès à devenir cadre, ni une expertise, mais une façon d’aller plus loin dans l’autonomie et l’exercice du rôle autonome de l’infirmière, la possibilité d’aborder le patient de manière globale et transversale, notamment en prescrivant des examens complémentaires ou en réalisant des ajustements de traitements sous le pilotage d’un médecin”, explique Florence Ambrosino.
Comme le rappelle Loïc Massardier, “il s’agit de métiers intermédiaires”, dans l’intérêt du patient, qui devraient se concrétiser courant 2016-2017 et permettre aux infirmières “inofficiellement formées” de trouver leur place dans ce nouveau système.
Dominique Jakovenko, infirmier libéral, se réjouit lui d’une nouvelle expérimentation dans le domaine de l’éducation thérapeutique.
“Nous avons, explique-t-il, l’accord pour lancer, sur un an, des séances individuelles d’éducation thérapeutique de 1h auprès de 100 patients atteints de maladies chroniques. En plus des visites classiques, nous proposerons un bilan : quels problèmes ils rencontrent, quelles envies ils ont, et comment faire mieux participer le patient à son traitement. Pour des patients diabétiques, par exemple, on pourra leur donner des règles d’hygiène ou de diététique.”
A la fin de l’année, la Cnam (Caisse nationale d’assurance maladie) et les différents organismes qui ont soutenu l’expérimentation définiront de le développer à plus grande échelle. Une victoire pour ce projet, victorieux des Trophées 2014 des infirmiers libéraux.
Delphine Bauer/ Youpress
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Petite rectification sur ma Déclaration du gic repasi : la finalité de l’infirmiere de pratique avancée n’est pas de prescrire …mais bien d’aborder le patient de manière globale et transversale et d’avoir plus d’autonomie dans l’exercice du rôle autonome de l’infirmière…la prescription n’est qu’un outil, pas un but. Ceci afin de lever toute ambiguïté dans l’interprétation de mes propos… Florence AMBROSINO.