Les étudiants en santé, et notamment en sciences infirmières, ont publié le 28 mai, leur plaidoyer en vue des élections européennes pour faire entendre leur voix auprès des candidats en lice.
« Les institutions européennes influent sur nos formations mais aussi sur notre quotidien de citoyens européens, souligne Valentin Vallée, vice-président de la Fédération nationale des étudiant.e.s en sciences infirmières (FNESI) chargé des affaires internationales et de la transition écologique. Par exemple, c’est grâce au processus de Bologne que l’organisation des formations de chaque filière a été harmonisée au niveau européen, avec les ECTS, et le budget du programme Erasmus plus est voté par l’Union européenne. Nous avons donc tout intérêt à porter nos problématiques auprès des parlementaires européens. »
La démarche de plaidoyer, soutenue par la Fédération des associations générales étudiants, la fédération étudiante 100% handinamique et l’association Jeunes européens-France vise aussi à mobiliser les étudiants en santé afin qu’ils aillent voter le 9 juin pour les élections européennes. « Ces élections peuvent leur sembler éloignées d’eux, souligne le vice-président de la Fnesi, mais c’est un cercle vicieux. Si les jeunes ne vont pas voter, les institutions ne mettent pas en place de mesures pour eux, et du coup les jeunes ne vont pas voter… »
Élections européennes : Inciter à voter
Les associations* qui représentent les étudiants en sciences infirmières, médecine, pharmacie, kinésithérapie, chirurgie dentaire et les étudiant.e.s sage-femme se sont associées pour décliner leurs priorités correspondant au champ de compétence de l’UE dans un plaidoyer divisé en quatre grandes thématiques.
L’une d’elle porte spécifiquement sur la formation des futurs professionnels de santé. Les organisations étudiantes réclament par exemple une harmonisation des contenus de leurs formations, fondée sur la transition écologique et le numérique en santé, mais aussi des incitations au développement d’innovations pédagogiques avec la généralisation de l’approche par compétences.
Elles demandent aussi une meilleure reconnaissance des diplômes à l’échelle européenne, ainsi que la garantie du libre accès à l’enseignement supérieur avec l’augmentation du nombre et du montant des bourses. « Nous voulons aussi que la poursuite d’études soit plus attractive », ajoute Valentin Vallée. Et que la mobilité infra européenne soit facilitée sur les plans financier mais aussi logistique et administratif. « Pour partir en mobilité en Europe, il faut que les établissements d’enseignement supérieur aient signé la charte Erasmus plus, poursuit-il. C’est obligatoire mais tous les établissements ne l’ont pas encore signée. » Enfin, les associations infirmières souhaitent que des investissements massifs soient encouragés en faveur de la recherche en santé, notamment au sein des universités européennes.
Au sein de la thématique visant à « protéger le bien-être de toutes et tous », les associations évoquent des sujets qui touchent directement à la vie des étudiants. « Nous sommes témoins de pratiques alarmantes dans nos formations et en stage, souligne Valentin Vallée. Un étudiant sur dix, par exemple, a été victime de violences sexuelles. »
Le plaidoyer préconise donc que l’Union européenne établisse une définition des violences sexistes et sexuelles incluant la notion de consentement et l’inscrive, éventuellement, dans la charte des droits fondamentaux de l’UE. Il vise aussi à favoriser les mesures qui permettent une libération de la parole et une meilleure prise en charge des victimes. D’autres points consistent à lutter contre les discriminations envers les personnes en situation de handicap et à faciliter leur accès aux études supérieures. Les associations évoquent aussi le respect des droits des femmes et des personnes menstruées, le soutien en matière de santé mentale ainsi que le développement du sport santé.
Élections européennes : One health
Une autre grande thématique du plaidoyer des étudiants porte sur la protection de la santé publique, une compétence de l’Union européenne, dans l’esprit du concept One Health, qui englobe toutes les dimensions de la santé. Les associations s’inspirent de « problématiques que nous constatons chez des patients lors de nos stages, c’est-à-dire les répercussions sur la santé de la qualité de l’eau et de l’air ou encore de l’exposition aux pesticides », indique Valentin Vallée.
Les associations étudiantes réclament sur ce point une politique plus ambitieuse de réduction des émissions de polluants de l’air et d’amélioration de la qualité de l’eau. Elles demandent aussi, plus généralement, d’organiser le système de santé autour des enjeux écologiques, une préoccupation particulièrement forte parmi ces futurs professionnels.
Enfin, le plaidoyer accorde une place importante aux enjeux du numérique en santé. Les associations estiment nécessaire d’utiliser le numérique pour faciliter le parcours de soins en Europe tout en garantissant la sécurité des données de santé et de leur utilisation. Pour ce faire, « nous demandons la mise en place d’une gouvernance identifiée et identifiable et que les données de santé restent dans l’Union européenne », précise le vice-président de la Fnesi. Loin du tout numérique, source potentielle de fracture sociale, les représentants des étudiants en santé réclament aussi que la dématérialisation se déploie en parallèle à des alternatives humaines et dans le respect de l’environnement.
Les représentants des étudiants souhaitent présenter leur plaidoyer aux candidats aux élections européennes de tous bords politique, sauf ceux de l’extrême droite.
Géraldine Langlois
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*L’Association nationale des étudiants en Médecine de France (ANEMF), l’Association nationale des étudiant.e.s Sage-Femme (ANESF), l’Association nationale des étudiants en Pharmacie de France (ANEPF), la Fédération nationale des étudiant.e.s en Kinésithérapie (FNEK), la Fédération nationale des étudiant.e.s en Sciences Infirmières (FNESI), l’Union nationale des étudiants en Chirurgie Dentaire (UNECD).
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