« Plus de moyens »… Quand on s’approchait hier du ministère de la Santé, avenue Duquesne, le porte-voix de la syndicaliste reprenait ce mot en boucle.
Ils étaient environ 400 – des soignants parisiens et des syndicalistes – sur ce lieu de rassemblement parisien. Mais des manifestations se sont déroulées dans toute la France pour dénoncer la situation dans les Ehpad (1500 manifestants à Angers, 1200 à Lyon,…).
Six syndicats, l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et de nombreuses associations se sont mobilisés. Un mouvement unitaire inédit. Et les grévistes étaient nombreux.
“Dans l’ensemble des Ehpad, tous secteurs confondus, le taux de participation (nombre de grévistes déclarés) de l’ensemble des personnels est de 10,3% et le taux de mobilisation (nombre de grévistes déclarés et de personnels assignés) est de 31,8%”, selon un communiqué ministériel.
La « non-réponse du ministère
Reçue par Aude Muscatelli, directrice adjointe en charge des solidarités au cabinet d’Agnès Buzyn, l’intersyndicale est sortie déçue. C’est une “non-réponse », dénonce un syndicaliste, après cette rencontre. Face à une vague promesse de « mieux redistribuer les moyens en Ehpad » ou de « mettre en place un comité de réflexion », comme l’a rapporté Mireille Stivala, secrétaire générale de la fédération CGT santé et action sociale, les syndicalistes ne décolèrent pas.
« Les pouvoirs publics méconnaissent la situation dans les Ehpad. C’et une forme d’autisme face à ce qu’il se passe », ajoute-t-elle.
Pour Rose May Rousseau (CGT), les 50 millions d’euros ajoutés par le ministère de la Santé, c’est « peanuts ». « 19 cents par résident et par jour », renchérit Jean Vignes, secrétaire général de la Fédération Sud santé sociaux.
Des besoins urgents en personnel
« L’Etat ne prend pas en compte l’urgence du problème, ajoute Jean Vignes. Il faudrait 40 % de personnel en plus pour atteindre le ratio de 1 pour un entre personnel et résident », « 5 milliards d’euros pour remettre le secteur à flot », avait-il calculé au micro de France Info, plus tôt dans la journée. Ce ration de 1 pour 1 (0,6 en France contre 1,2 en Allemagne, par exemple) est une promesse de longue date, jamais tenue par les gouvernements successifs.
« Aujourd’hui, on ne plus en être à l’heure des constats. Il faut un ratio de un pour un, revoir les financements, améliorer les conditions de travail et de salaire, donner des perspectives de carrière dans un secteur ou plus personne ne veut travailler », ajoute-t-il.
De son côté, Luc Delrue, secrétaire fédéral FO « réclame des excuses de la ministre qui considère que les établissements publics sont mal géré ». Lui aussi est vent debout contre la réforme de convergence tarifaire qui fait craindre à la FHF une perte de 200 millions d’euros dans les budgets de la dépendance alors que Mme Agnès Buzyn estime qu’“aucun établissement ne sera perdant ».
La nomination d’un médiateur, Pierre Ricordeau, inspecteur général des affaires sociales, pour “expertiser” les effets de la réforme, est loin de satisfaire l’intersyndicale qui avait demandé à être reçue par le président de la République et par la ministre de la Santé « car, face aux difficultés rencontrées dans la prise en charge dans les Ehpad, il faut un vrai débat, au sommet de l’Etat », affirme Jean Vignes.
Deux AS le matin pour 23 résidents
Un avis largement partagé par la foule des manifestants : « on va sur une catastrophe sanitaire », affirme Claire, aide-soignante au sein de l’Ehpad Adelaide Hauteval (95) qui est venue manifester. Cette dernière dénonce le « manque de moyens face à des personnes âgées fortement dépendantes ». D’après les derniers chiffres, les résidents entrant en Ehpad ont en moyenne 5 ans et sont fortement dépendant à 57 %.
« C’est maltraitant pour les résidents et les soignants, poursuit cette AS. Nous sommes deux le matin pour 23 résidents. Lors de notre formation, on nous apprend qu’une toilette prend 30 minutes. Là, c’est moins de dix minutes. La douche, c’est au mieux une fois par semaine”.
Pour Mohammed, AS à l’Ehpad de Rueil-Malmaison (92), « les effectifs n’ont pas augmenté alors que le profil des résidents a changé : de plus en plus d’Alzheimer, de démences séniles, de personnes dépendantes. On les bourre de sédatifs car on ne peut pas d’en occuper. Comme cela, ils dorment toute la journée. Le pire, c’est quand un AS est en arrêt de travail. Chaque AS se retrouve avec au moins 13 résidents. Chez les soignants, il y a de plus en plus de mal de dos, de dépression, de prises d’antidépresseurs et certains vont jusqu’au suicide ».
« On est épuisés physiquement », renchérit Odile, aide-soignante à l’Ehpad Villa Danielle Torelli, à Paris, qui réclame du personnel et du matériel pour faire face.
Bilan : « les Ehpad ont de plus en plus de mal à recruter des AS. Ce métier est en crise. Il n’y a aucune attractivité. Le cœur du problème, c’est le manque de personnel. Dans de nombreux Ehpad, il a deux AS pour 90 résidents en moyenne la nuit », constate, Bruno Lamy, secrétaire national de la fédération santé-sociaux CFDT.
Cyrienne Clerc
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Malheureusement vous pourrez manifester tous ce que vous voulez le gouvernement en on rien à faire et fond passer leur moi de force ( comme le code du travail avec le49.3) cela ce voit que ce ne sont pas leurs grands parents qui sont dans vos EHPADS. Un nouveau mai 68 peut être ferait du bien. Mais beaucoup de gens ont de grandes bouches mais rien d’autre.