« Nous pensons que les infirmières ont un rôle à jouer dans la e-santé, a souligné Patrick Chamboredon, président de l’Oni. C’est au cœur de nos préoccupations et nous avons voulu le mettre dans nos débats car c’est lié au lancement du DMP. »
Le DMP, dont la généralisation a été actée par les pouvoirs publics le 6 novembre dernier, permet de réunir la totalité des informations médicales du patient dans un seul et unique dossier. Il est accessible aux professionnels de santé à partir du moment où le patient à donner son accord. « L’intérêt est de leur permettre d’avoir accès à l’ensemble des informations lorsqu’ils ont à prendre en charge un patient en urgence par exemple, a expliqué Yvon Merlière, directeur du projet DMP à la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam). Ils peuvent ainsi savoir si le patient a une allergie ou encore faire attention aux interactions médicamenteuses. » Le DMP peut être consulté en tout lieu par l’équipe de soins du patient. Côté sécurité, la Cnam, en charge du déploiement du DMP, a travaillé avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour y apporter les garanties. Les professionnels doivent disposer de la carte vitale et de leur Carte professionnelle de santé (CPS) pour ouvrir un DMP, et de cette dernière pour le consulter.
Les infirmiers libéraux payés pour ouvrir un DMP ?
Pour garantir le déploiement du DMP, qui pouvait auparavant, être uniquement ouvert par les médecins, la Cnam a fait en sorte que désormais les patients puissent aussi le créer sur le site www.dmp.fr. « Nous avons également signé un avenant à la convention des pharmaciens qui perçoivent un euro à l’ouverture d’un DMP » , a fait savoir Yvon Merlière. Un travail est en cours avec les représentants des infirmiers libéraux pour prévoir un intéressement particulier en cas de création d’un DMP. « Les infirmiers doivent être traités comme les pharmaciens avec une aide à l’ouverture ou encore un soutien pour le changement des logiciels métiers, a soutenu Patrick Chamboredon. Le DMP va être important pour développer le lien ville-hôpital et les infirmiers peuvent en être les promoteurs. Les syndicats infirmiers et l’Assurance maladie doivent s’engager fortement dans le cadre des négociations. »
L’intérêt du DMP pour les idels est de leur permettre d’avoir accès aux comptes rendus d’hospitalisation de leur patient. Néanmoins, comme l’a rappelé Alain-Michel Ceretti, président de France Asso Santé, « le DMP est un outil qui arrive après que l’ensemble des professionnels de santé se sont informatisés et la grande difficulté va être l’interopérabilité. L’Assurance maladie va devoir faire des efforts. »
RPPS, CPS, MSS…
Parmi les autres problématiques qui concernent les professionnels de santé, le RPPS dont l’enjeu est de dénombrer le nombre de professionnels de santé sur le territoire. C’est l’Asip Santé qui est en charge de son déploiement tout comme de la gestion de la CPS. « Nous voulons identifier les acteurs de santé pour supporter la e-santé et donner confiance dans le système, a expliqué Jean-François Parguet, directeur du pôle urbanisation et service de confiance à l’Asip Santé. Nous travaillons d’ailleurs avec l’Oni sur le sujet de l’identification des infirmiers. » « C’est intéressant d’échanger avec l’Asip Santé car l’inscription des infirmiers au tableau de l’Oni est également un enjeu pour mieux dénombrer leur nombre d’infirmiers », a rapporté Patrick Chamboredon.
Pour le moment, 270 000 infirmiers sont inscrits au tableau de l’Ordre mais ce dernier a reçu 300 000 noms d’infirmiers de la part des structures hospitalières, depuis la publication du décret sur l’inscription automatique à l’Oni. Ce recensement va permettre de suivre les infirmiers tout au long de leur vie professionnelle. L’inscription à l’Ordre est indispensable pour être recensé sur le RPPS, et ainsi recevoir sa CPS nécessaire pour créer, alimenter et consulter le DMP, transmettre des feuilles de soins ou encore accéder à la messagerie sécurité en santé. Actuellement, 170 000 boîtes aux lettres ont été créées par les professionnels de santé, dont 17 800 appartenant à des infirmiers. « La marge de progression est assez importante, d’autant que les infirmiers utilisent des dispositifs plus personnels pour échanger entre eux, a reconnu Patrick Chamboredon. Ce n’est pas de la bonne pratique alors qu’il y a des règles à respecter notamment avec le Règlement général sur la protection des données (RGDP). L’enjeu est important pour éviter les fuites. »
Laure Martin
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