Diplôme et formation des infirmières puéricultrices : une réingénierie sans fin ?

Diplôme et formation des infirmières puéricultrices : une réingénierie sans fin ?

Les infirmiers puériculteurs et les infirmières puéricultrices (IPDE) ont beau être les plus nombreux des infirmiers spécialisés (plus de 21000), ils ne parviennent pas toujours à faire reconnaître leurs compétences par les pouvoir publics. La réingénierie de leur diplôme, engagée depuis des lustres, n'est toujours pas actée et le chantier de leur exercice libéral reste ouvert.

La réingénierie du diplôme d’Etat d’infirmière puéricultrice, qui dure depuis 10 ans comme le souligne Brigitte Prévost–Meslet, présidente de l’Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et étudiants (ANPDE), avance à tout petits pas.

L’association plaide pour que les études des IPDE passent de 12 mois à deux ans, qu’elles soient reconnues au grade Master et qu’elles s’articulent avec la pratique avancée.

La DGOS a demandé à l’association ainsi qu’au Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (Ceepame) une feuille de route complète. « Nous avons déjà travaillé sur les programmes, indique la présidente, et nous travaillons actuellement sur les aspects financiers ». Une dimension importante : le coût de la formation s’élève de 265€ (les frais de de dossier) à 12000€, ajoute-t-elle, selon la participation financière consentie par le Conseil régional.

Si les établissements où travaillent les IDE qui veulent suivre ce cursus n’accordent pas de priorité à la formation de puéricultrice, les infirmières déjà en poste doivent donc la financer elles-mêmes, ce qui limite fortement leur élan…

Vers le grade Master

L’ANPDE travaille aussi sur les différentes dimensions du développement des activités des infirmières puéricultrices au niveau du premier recours, avec par exemple des consultations de puériculture et de suivi de la santé de l’enfant.

Sans se placer le moins du monde en concurrence avec les « médecins », « car nous travaillons vraiment en collaboration avec eux, nous sommes capables de réaliser des examens de santé, estime Brigitte Prévost–Meslet. On y a tous intérêt aujourd’hui », au regard de l’évolution de la démographie médicale et de l’absence de pédiatres dans des zones géographies étendues et pour développer la prévention auprès des enfants.

« Des maisons de santé nous sollicitent », ajoute la présidente de l’association, mais les infirmières puéricultrices n’ont pas la possibilité d’exercer en libéral. Celles qui travaillent de manière indépendante n’exercent pas en tant qu’infirmières puéricultrices mais proposent du soutien à la parentalité ou des conseils…

L’ANPDE milite pour lever cet obstacle. « Avec le Ceepame, nous avons travaillé sur une nomenclature d’actes que nous avons envoyée à la DGOS », indique Brigitte Prévost–Meslet, qui voudrait voir ce dossier progresse plus rapidement.

Deux dossiers notables concernant les puéricultrices ont avancé ces derniers mois. La HAS a publié en janvier le premier cadre de référence sur l’évaluation d’un enfant en danger, notamment l’examen des informations préoccupantes, qui reconnaît les puéricultrices comme l’un des professionnels qui peuvent participer à cette évaluation. « Nous espérons que ce document sera appliqué mais il ne s’agit que de recommandations. Il faudrait que l’application de ce document soit inscrite dans la loi », espère la présidente de l’ANPDE.

Pour aller plus loin : formation DPC continue pour infirmiers et infirmières

Tollé

Les infirmières puéricultrices ont aussi obtenu de pouvoir être désignées comme « référentes santé » des crèches ou des relais d’assistants maternels par la réforme du cadre normatif des modes d’accueil du jeune enfant, dans la loi sur l’accélération et la simplification de l’action publique (ASAP), promulguée en décembre 2020 et qui entrera en vigueur en septembre 2021.

« Nous attendons les arrêtés », précise  Brigitte Prévost–Meslet. En revanche, ajoute-t-elle, l’ANPDE n’a pas obtenu l’obligation qu’une puéricultrice soit présente en permanence dans tous les services hospitaliers qui accueillent des enfants, comme la néonatologie ou la maternité.

Les propos du Pr Olivier Claris, déclarant le 3 février devant le Sénat que le diplôme de puéricultrice n’apporte « pas de plus-value, sauf sur certains points », en réanimation néonatale ou pédiatrique, ont provoque un tollé parmi les IPDE. Selon la présidente de l’ANPDE, les soins aux enfants sont, dans la formation initiale des infirmiers, « un module optionnel et dans certaines écoles, les étudiants n’y sont pas du tout formés alors qu’ils peuvent tout à fait travailler en néonatologie. Au delà du champ de la puériculture, c’est de la reconnaissance de l’enfant dans notre société qu’il s’agit. C’est un public qui nécessite des soins spécifiques. »

Géraldine Langlois

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