D’infirmière à sexologue

D’infirmière à sexologue

Nolwenn Kerebel est infirmière et sexologue. Ses missions sont multiples. 
Nolwenn Kerebel D'infirmière à sexologue
Nolwenn Kerebel. © DR

« En institut de formation en soins infirmiers, on parle de reproduction, de grossesse, de risques mais jamais de sexualité ! », se souvient Nolwenn Kerebel, infirmière au CHRU de Brest.

Quand elle a intégré le service des maladies infectieuses, il y a treize ans, elle a pourtant découvert l’immense besoin d’écoute et de conseils sur ce thème. Suivi des personnes atteintes du VIH, prévention, dépistage…

Ses différentes missions impliquent de parler avec les patients de leur sexualité, « un sujet que les soignants abordent peu, par pudeur ou par manque de temps ou de compétence », précise-t-elle. Au fil des années, la Bretonne apprend beaucoup mais elle sent les limites de l’accompagnement qu’elle peut proposer. Elle veut aller plus loin et a soif d’apprendre.

Soutenue financièrement par son employeur, Nolwenn Kerebel s’inscrit en 2015 en DIU de sexologie à la faculté Paul Sabatier, à Toulouse. Une formation exigeante qui la conduit sur les bancs de l’université une semaine par mois pendant trois ans entre 2016 et 2019. « C’est une formation qui mêle sociologie, médecine et psychologie. La sexologie prend en charge la personne dans sa globalité. C’est passionnant ! »

Au fil de ces trois années d’études, elle constate que sa posture évolue en consultation. « J’ai plus d’assurance, et j’ose poser les questions, mettre des mots sur les choses. J’appuie parfois là où ça fait mal… Les patients me parlent plus facilement, ils sentent que je connais le sujet. » En septembre 2019, elle soutient son mémoire avec succès, qui porte sur l’effet de la PrEP VIH sur la sexualité des HSH (hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes). Un travail de plus de deux ans qu’elle a tout autant « adoré que détesté ».

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Une consultation dédiée

Seule sexologue du CHRU de Brest, Nolwenn Kerebel continue d’exercer au sein de son service mais commence à assurer des consultations de sexologie. Ces consultations ne sont pas valorisées financièrement car non remboursées par la sécurité sociale, et elles ne durent jamais moins d’une heure. « Mais j’ai confiance, assure-t-elle, cela va se faire petit à petit. »

Certains de ses patients l’ont connue lors d’un simple dépistage, d’autres lui sont envoyés par les services voisins ou par des confrères extérieurs. À l’hôpital, parmi ses collègues, son nouveau titre suscite autant de railleries que de curiosité. « Certains médecins ont un peu de mal avec le fait que j’en sache plus qu’eux sur un domaine précis, mais finalement ils sont bien contents de m’envoyer leurs patients… Il y a des besoins en sexologie dans absolument tous les services : en gérontologie, en cancérologie, en PMA… »

Jusqu’ici, son statut d’infirmière n’a jamais été un frein : les consultations de sexologie se concluent très rarement par une prescription et son réseau est déjà vaste.

À terme, Nolwenn Kerebel souhaite quitter son poste d’infirmière pour exercer à temps plein sa nouvelle spécialité. Elle voudrait notamment ouvrir à l’hôpital une consultation pour les victimes de mutilation génitales et intégrer une séance « grossesse et sexualité » dans les préparations à l’accouchement.

Virginie de Rocquigny

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