Des infiltrés pour surveiller les salariés chez Orpea-Clinea ?

Des infiltrés pour surveiller les salariés chez Orpea-Clinea ?

Des "implants", c'est ainsi qu'on appelle les infiltrés chargés de surveiller les salariés dans une entreprise. Le groupe de maisons de retraite et cliniques privées Orpea-Clinea est un des adeptes de cette pratique selon la CGT qui a porté plainte contre X mardi 23 décembre au parquet de Paris.
©wikimedia commons des "taupes" dans les cliniques Orpea-Clinea
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Des “taupes” dans les cliniques Orpea-Clinea ?

Selon cette plainte, la convention avec GSG ainsi que les rapports « caractérisent les délits d’entrave au droit syndical, d’atteinte à la vie privée et de collecte de données à caractère personnel ».

L’accusation est portée par Me Sofiane Hakiki, avocat de la CGT, qui, pièces à l’appui, a saisi la justice pour dénoncer « la mise en place d’un système visant à infiltrer le syndicat et surveiller le personnel d’un groupe de maisons de retraite ».

Trois comédiens infiltrés

Ils s’appelaient Bastien, Fabien et Guillaume. Ils étaient brancardier, homme d’entretien ou agent d’accueil. Embauchés en 2010 par Orpea pour travailler dans la maison de retraite de L’Hay-les-Roses, une autre d’Andilly, et dans une clinique de Lyon, ces faux salariés seraient en fait des espions fournis par le Groupe Synergie globale (GSG), pour une mission de « conseil en gestion de risque social.

Facturé 12 500 € HT par mois au groupe, plus défraiement, chaque « implant » avait pour mission de «  renseigner la direction sur le climat social en général et les faits et gestes des syndicalistes en particulier  », a précisé Sofiane Hakiki. Ainsi, Bastien, embauché en 2010 comme brancardier sur le site de L’Hay-les-Roses, aurait rendu des rapports hebdomadaires à la direction.

«  Je dispose de 16 rapports mais nous pensons qu’il a continué par la suite », affirme l’avocat, qui raconte que « certaines informations étaient banales. Il disait qui était proche de la CGT et qui ne l’était pas. Pourtant dans cet établissement la CGT était certes indépendante mais pas particulièrement virulente. Il a aussi mentionné un collègue qui aurait consommé du cannabis sur son lieu de travail. »

Bastien, en avril 2011, devient même élu CGT. « Il participait aux réunions de comité d’entreprise et aux réunions de la section syndicale. Il a même infiltré la fédération de la santé et de l’action sociale CGT, puisqu’il est parvenu à participer à un comité de travail dans cette instance », affirme Me Hakiki.

Selon Orpea : une étude sur les risques psychosociaux

Dans un courrier « confidentiel » adressé fin 2012 à la CGT qui demandait des explications, la direction justifiait la réalisation d’« une étude sur les risques psychosociaux  » et le climat social dans le cadre d’accords sur les conditions de travail.

Le groupe y détaille « la méthodologie » de GSG, basée sur « l’observation in situ », en « immersion totale », et dont « la pertinence reposait en grande partie sur le caractère anonyme des intervenants », selon ce courrier.

Selon la CGT, la mission qui leur était confiée semblait d’abord d’observer les salariés, puis de se rapprocher d’eux pour recueillir des informations sur le climat social, de gagner leur confiance, de façon à pouvoir donner dans des rapports détaillés réguliers un diagnostic précis sur les risques de conflits sociaux potentiels. Pour gagner leur confiance, les comédiens n’hésitaient pas à inviter leurs collègues chez eux. 

Révélées une première fois par le magazine L’Expansion en mars 2012, puis détaillées en septembre de la même année par l’émission « Pièces à conviction » de France 3, ces pratiques ont à nouveau été évoquées début décembre 2014 par Le Canard Enchaîné.

Cyrienne Clerc, avec AFP et APM

 

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