Jeudi prochain, les étudiants infirmiers de toute la France défileront à Paris contre la mise en place « chaotique » de la réforme de la formation. En attendant, dans toute les coordinations locales de la FNESI qui appelle à cette journée, la pression monte et les nuits blanches s’accumulent pour finir les derniers préparatifs. Tour d’horizon.
01 jour: 02heures: 37min: 28 secondes. C’est ce qu’indiquait ce matin le compte à rebours du site consacré à la manifestation des étudiants infirmiers qui aura lieu ce jeudi.
Dernière ligne droite donc pour la mobilisation nationale appelée par la Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers (FNESI), contre la mise en place la réforme de la formation, appliquée depuis septembre 2009. Une réforme qu’ils jugent « bâclée et sans aucun suivi efficace».
Entre 5 et 15 000 étudiants, selon la dernière estimation de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers, devraient donc se retrouver sur le parvis de la gare Montparnasse, vers 11 heures du matin. Direction: le Ministère de la Santé où ils espèrent être reçus.
En attendant le jour J, dans toute la France les étudiants accumulent les nuits blanches pour être que tout soit prêt à temps. Du côté des Pays-de-la Loire, la pression monte: «je croise les doigts pour que tout se passe bien et que la mobilisation porte ses fruits », confie Morgan Huguet, coordinateur de la FNESI et étudiant en deuxième année à l’IFSI de Nantes.
Il faut dire que les étudiants se préparent depuis plusieurs semaines aux quatre coins du pays. En Bourgogne, les étudiants se mobilisent déjà depuis deux mois et ne reculent devant rien pour faire de cette journée un succès. C’est ainsi que les coordinateurs ont organisé une quête dans les rues de Dijon pour financer le bus qui conduira les 150 étudiants au rendez-vous parisien.
« Nous avons distribué des tracts et fait appel à la générosité des citoyens, raconte Marine Joseph, coordinatrice locale. Nous avons aussi demandé une subvention à l’association des étudiants de Chalons-sur-Saône». Même stratégie pour les infirmiers apprentis de la région Centre qui ont récolté « 250 euros » en organisant une quête sur la Place du marché.
Les 13 IFSI du Centre, eux, sont à l’avant-garde de la mobilisation: selon leur coordinateur, Jonathan Nagode, ils seront entre « 300 et 400 » à faire le déplacement jeudi. Le secret de leur réussite? Un travail acharné certes, mais aussi et surtout: « Facebook ».
Facebook, le meilleur ami de la mobilisation
Car s’il y a un point commun entre tous les organisateurs de la manifestation qui ont regorgé d’inventivité pour réunir les fonds, obtenir des dispenses de cours et de stage, contacter leurs homologues isolés, c’est bien l’utilisation du réseau social.
Jonathan Catinot, coordinateur pour l’Auvergne, a crée un « événement » Facebook pour mobiliser ses troupes. « Nous partageons les articles de presse, les informations pratiques, les contacts, pour tenir au courant tous les étudiants», précise-t-il. Même technique de communication pour les régions Centre, PACA, Est, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Lyon et Bourgogne.
A Rennes où les étudiants travaillent d’arrache-pied depuis deux mois, en plus des classiques « évènements, pages et groupe Facebook », les organisateurs ont passé des centaines de « coup de téléphones, envoyé des courriers » et réussi le tour de force d’obtenir de la direction de l’IFSI du CHU rennais «la banalisation de la journée du 12 mai », afin de permettre à tous de rejoindre, formateurs comme étudiants, le cortège parisien.
Concernant le matériel de la manifestation, beaucoup de coordinations locales sont en retard en « raison des problèmes d’emploi du temps dû à cette période de stages et de partiels ». Pas les étudiants bourguignons qui, eux, ont déjà tout prévu: « Nous allons chercher des draps réformés à la lingerie de l’hôpital pour faire des banderoles et ont prévu un concours de slogans dans le bus», explique la coordinatrice.
Reste pour les régions Est et Pays de la Loire un petit détail à régler… Un détail qui pourrait mettre en péril les arrivées des délégations. «Nous avons demandé à la SNCF de nous faire une réduction sur les billets de trains, explique Bérangère Millet, étudiante en 2e année au CHU de Mulhouse. Ils nous ont répondu ‘niet’ en nous disant que ce serait 140 euros ou rien du tout. Ce n’est pas avec ce qu’on touche en stage qu’on va pouvoir payer cette somme».
Les manifestants de l’Est vont donc prendre le train, sans payer, « en comptant sur la force du nombre et la compréhension des contrôleurs ». « C’est malheureux d’en arriver là, mais on a guère le choix commente la coordinatrice de Mulhouse.
Mais qu’elle se rassure, les étudiants de l’Est ne devraient pas être les seuls à faire jouer le capitale sympathie des « contrôleurs et des voyageurs à l’égard des blouses blanches ». Les apprentis des Pays-de-Loire, eux aussi, prendront d’assaut les TGV.
Leila Minano/Youpress
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