“De chaque instant” : au plus près des ESI Etudiants en Soins Infirmiers

“De chaque instant” : au plus près des ESI Etudiants en Soins Infirmiers

« De chaque instant », le film documentaire de Nicolas Philibert sortira sur les écrans le 29 août. Un rare exemple de plongée au cœur du quotidien des étudiants en soins infirmiers. Un film humain, sans fioritures mais bourré d’émotions et d'humour. Ce documentaire nous montre, au travers de ce quotidien, le ressenti des ESI, leurs aspirations confrontées au réel de l’hôpital, leurs incertitudes, leurs tâtonnements mais aussi leur fierté et leurs efforts pour surmonter les obstacles de l’apprentissage du métier du soin, du prendre soin. Nicolas Philibert leur donne la parole et cette intention exemplaire, à elle seule, mérite déjà d'être soulignée. 
De chaque instant : au plus près des ESI. Film documentaire de Nicolas Philibert
Film documentaire de Nicolas Philibert. Sortie en salle le 29 août

Une paire de mains sans bagues ni bracelets en gros plan, un savonnage dans les règles de l’art, puis une bonne friction de solution hydro-alcoolique : un des premiers exercices enseigné en Ifsi. Ainsi démarre le documentaire « De chaque instant » de Nicolas Philibert, filmé à la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon à Montreuil. Une plongée dans l’univers des ESI en trois temps ou plutôt « trois mouvements », comme le souligne le réalisateur, avec une mélodie et une tonalité différente dans chaque partie, et une montée en puissance , en émotion.

Trois mouvements

Tout d’abord, les cours et les TP. « On est dans la fiction : les patients n’existent que sur la papier. (…) On s’entraîne sur des mannequins, parfois sur un autre élève, voire sur un comédien, mais on reste à distance », détaille Nicolas Philibert. Du redoutable calcul de doses à l’installation du cathéter en tâtonnant, en passant par l’injection intramusculaire, les ESI s’entraînent. Les premières prises de tension – « je n’entends rien », s’étonne une ESI – sont souvent l’occasion de crises de rire. 

Puis, deuxième tempo, viennent les stages : « c’est la rencontre avec le réel, avec de vrais patients, avec la maladie, la souffrance, la fin de vie parfois. Le choc est souvent assez rude », poursuit-il. 

Un double choc, car c’est aussi une rencontre avec les contraintes économiques, le stress et les sous-effectifs. Les belles paroles prononcées dans la première partie par un formateur sur l’indépendance des infirmiers, la dignité de la personne soignée et la qualité du soin semblent alors parfois contradictoires avec la pratique du terrain.

Mais ce film ne se veut pas polémique, ni politique, même si l’accroissement du nombre de tâches, les conditions de travail difficiles et les tensions qui pèsent sur les services, sont bien présents. 

Au cœur de l’humain

De chaque instant : au plus près des ESI. Film documentaire de Nicolas Philibert« De chaque instant » est avant tout un film humain, montrant les tâtonnements et les erreurs des ESI, mais aussi leur fierté de réussir, de surmonter un obstacle, puis un autre. Les gestes deviennent plus précis mais d’autres interrogations et des incertitudes apparaissent, certaines d’ordre relationnel avec les patients et les soignants en poste, d’autres sur le rapport à la maladie et à la mort, sur les relations de pouvoir,… Leur fragilité affleure mais aussi celle des patients. 

Le troisième mouvement du film est celui du retour d’expérience, des « retours de stages » et des échanges avec les formateurs. Des moments où les ressentis des futurs infirmiers s’expriment, où la parole se libère, où les fragilités de chacun et de chacune ressortent. Parfois, ce sont les écarts entre aspirations et réel qui surgissent au travers d’une phrase, les difficultés à prendre de la distance avec le vécu émotionnel ou la fatigue pour ceux qui doivent travailler, à-côté, pour financer leur formation. Certaines sont encore jeunes, d’autres en reconversion professionnelle.

L’apprentissage

De chaque instant : au plus près des ESI. Film documentaire de Nicolas PhilibertNicolas Philibert aime filmer l’apprentissage comme dans ces précédents films, « Le pays des sourds » Etre et avoir », auprès de treize élèves d’une école primaire rurale ou encore « La moindre des choses » quand pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique Laborde créent une pièce de théâtre. « D’un point de vue dramaturgique, c’est très fécond, affirme le réalisateur. Voir les élèves tâtonner, se tromper, recommencer, les suivre dans leurs efforts, nous les rend plus proches plus humains. Vont-ils y arriver ? Comment auraient-ils dû s’y prendre ? Et moi, serais-je capable d’en faire autant ».

L’idée de sonder le quotidien des ESI est venue à Nicolas Philibert quand, en 2016, une embolie l’a conduit tout droit aux urgences, puis dans un service de soins intensifs. Il a ainsi voulu mettre en lumière “ce que le temps et l’expérience finissent par rendre imperceptibles”. « Quand vous voyez une infirmière exécuter un soin ordinaire, une injection, une prise de sang, cela paraît assez simple, c’est fluide. A moins d’être du métier, vous n’imaginez pas tout ce qu’il y a en amont, les erreurs qu’elle a appris à éviter, les règles d’hygiène, les protocoles, les mille et un détails que la dextérité a progressivement effacé », explique le réalisateur.

Cyrienne Clerc

Healico application

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