Ce type de prélèvement, autorisé depuis 2005 par la Loi Léonetti, n’était pas pratiqué en France contrairement à de nombreux autres pays comme les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Belgique, le Royaume Uni ou l’Espagne.
Cette nouvelle possibilité pourrait augmenter le nombre d’organes disponibles pour la greffe.
Jusqu’à présent en France, on ne pouvait prélever les organes d’un patient que dans deux cas : soit en cas de mort encéphalique c’est-à-dire quand le cerveau est irrémédiablement détruit, soit en cas d’arrêt cardiaque non contrôlé par exemple après un infarctus.
L’autorisation délivrée le 1er décembre ouvre une troisième voie : celle d’une personne qui est en soin intensif aux urgences et dont l’équipe décide de stopper des traitements.
Un encadrement strict
Le professeur Olivier Bastien, directeur de la greffe et du prélèvement à l’agence de la biomédecine explique que cela se fera “après arrêt de traitements inutiles comme la ventilation artificielle, inutile parce qu’elle prolonge artificiellement la vie. Les médecins après une réunion collégiale avec l’ensemble du service, la famille et un intervenant extérieur vont définir les conditions de l’arrêt de ce traitement“.
Une précision importante, ce protocole n’est prévu que pour des patients “en phase aigüe de réanimation” et non “en coma chronique depuis plusieurs mois”, prend soin de souligner le professeur Bastien. Ce dernier donne l’exemple d’une personne atteinte d’un AVC dont la tentative de réanimation aurait échoué.
L’équipe médicale pourra alors décider de ne pas aller plus loin dans la réanimation lorsque ces soins “apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie” pour reprendre les termes de la loi Léonetti.
Pour encadrer cette nouvelle possibilité, et pour éviter toute crainte d’une euthanasie utilitaire, l’agence de la biomédecine précise, dans son protocole, qu’il ne doit y avoir aucun lien entre l’équipe de réanimation qui décide de stopper les traitements et celle qui s’occupera du prélèvement d’organes.
Aujourd’hui les délais d’attente pour une greffe sont longs par manque d’organes pour répondre à la demande. En 2013, 5 123 greffes ont été réalisées, alors que 18 976 personnes étaient en attente d’organes.
Rédaction ActuSoins, avec France Info et Europe 1
Les 3 grands principes du protocole sont:
1) La décision d’arrêt ou de limitation des traitements (LAT) doit être indépendante de la possibilité du don d’organes. Cette décision est de la responsabilité exclusive des équipes de réanimation dans des conditions de collégialités.
2) Par ailleurs, la règle du donneur mort doit être respectée :
– Si les traitements de support hémodynamique et respiratoire sont arrêtés, les traitements de confort (analgésie, sédation) sont poursuivis et adaptés à l’état du patient selon les recommandations des sociétés savantes.
– Aucun produit n’est injecté dans le but de provoquer directement le décès même si la sédation adaptée et modulée peut réduire la durée de vie.3) La possibilité de donner ses organes après sa mort, dans cette circonstance, peut désormais être prise en compte (le consentement implicite en France fait référence au don d’organes après la mort). Les donneurs potentiels concernés par le déploiement du protocole sont des patients :
– En réanimation pour lesquels un arrêt des thérapeutiques a été décidé
– Dont l’âge, les antécédents et les résultats du bilan d’évaluation sont compatibles avec le don d’organes (moins de 60 ans dans tous les cas)
– N’ayant pas exprimé auprès des proches une opposition et n’étant pas inscrits sur le registre national des refus
– Dont le décès par arrêt cardio-circulatoire est considéré comme imminent après l’arrêt des supports
– Pour lesquels l’évolution vers la mort encéphalique n’est pas prévisible.*Source Le Dauphiné
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