Brest : une lettre dénonce “un calvaire” aux urgences

Brest : une lettre dénonce “un calvaire” aux urgences

Publiée le 26 février sur son compte Facebook, la lettre ouverte de Vanessa Douguet à l'Hôpital de la Cavale-Blanche (Brest) dénonçant une attente de plus de dix heures aux urgences a déjà partagée plus de 18 000 fois. Repris par des dizaine de médias, cette lettre qui relève "un manque de personnel évident" a également été envoyée au ministère de la Santé. 

Brest : une lettre dénonce "un calvaire" aux urgencesVanessa Douguet qui accompagnait, dix jours plus tôt, sa tante aux urgences raconte ainsi “le calvaire” vécue par cette personne âgée de 65 ans, atteinte d’un cancer et souffrant de vomissements et de douleurs abdominales.

“Après une attente de deux heures sur un brancard dans le couloir, à vomir et à se plaindre de douleurs et malgré notre insistance auprès du personnel rien n’a été proposé pour tenter de la soulager. Pendant cette attente nous avons assistés impuissants à des scènes que je qualifierais d’inadmissibles. Des personnes âgées qui appellent à l’aide car la douleur est à la limite du supportable, d’autres qui vomissent du sang à même le sol sans qu’on leur prête la moindre attention”, écrit-elle.

Pour sa tante, le “calvaire” ne fait que commencer. Au bout de deux heures, elle sera installée dans un box où elle attendra huit heures “pour une simple prise de sang, une radio et enfin être conduits en chambre car l’état de ma tante à largement eu le temps de ce dégrader”, poursuit-elle.

Elle dénonce  un “manque de personnel évident” et “une dignité du malade inexistante”. Elle ne blâme pas le personnel “qui au contraire se bat pour avoir de meilleurs conditions de travail et qui fait avec le peu de moyens qu’on lui donne” mais “l’administration et l’Etat français”.

Vanessa indique dans le quotidien local Le Télégramme que le déclic, l’amenant à rédiger cette lettre a été le décès d’un homme de 89 ans sur un brancard dans le couloir des urgences aux urgences, survenu le 24 février.

C’est avec une immense tristesse mais sans aucune surprise que je viens d’apprendre le décès d’un patient dans le couloir sur un brancard J’ai été à deux doigts de déposer une plainte auprès des services de police pour non assistance à personne en danger”, explique-t-elle dans sa lettre.

Un nouvel hôpital en crise

Le Télégramme qui a enquêté souligne que ce nouvel hôpital, ouvert le 14 octobre, a permis de faire passer “de 1.000 à 3.000 m² (l’espace) dédié aux soins”.

Principal problème : le manque d’effectifs dans un contexte de 168 suppressions de postes sur deux ans qui a entraîné plusieurs débrayages depuis le 18 janvier. Pour la CGT, citée par le quotidien, : « selon les recommandations de la Société française de médecine d’urgence, il manque 24 postes d’infirmiers et 18 d’aides-soignants, pour prendre en charge les 44.000 passages par an ». La direction a réagi en octroyant provisoirement un infirmier de plus et un aide-soignant afin d’aider l’infirmier d’accueil à certaines heures.

Le Télégramme met également en cause les “loupés de l’architecture” : “Avant, les brancards étaient dans les couloirs, à proximité des postes de soins : les soignants passaient souvent dans ces couloirs pour aller d’un box à l’autre, ce qui sécurisait patients et accompagnants. Maintenant, les patients sur brancard sont dans les couloirs extérieurs, qui longent les salles de consultation, et ils ne voient que l’infirmier d’accueil”.

Le précédent service comptait 20 box, contre, aujourd’hui, 22 salles de consultation et une salle Abers qui peut accueillir neuf brancards séparés par des rideaux. Cette salle, initialement prévue pour l’attente sur brancard, est devenue un sas avant l’hospitalisation.

“De plus, il n’a pas été prévu de sortie discrète pour les salles de déchocage, où les décès ne sont pas rares. Le brancard du patient décédé doit faire le tour du service”, explique le quotidien.

Un projet d’urgences gériatriques – rappelons que le CHU de Limoges vient d’ouvrir une unité d’urgences spécialisée dont le bilan  est positif – est prévu dans ce CHU  ce qui pourrait améliorer la situation. Cependant, le CHU de Brest où 20 % des patients aux urgences ont plus de 75 ans ne donne pas d’information sur l’avancée du projet.

Rédaction ActuSoins