Ariège : huit infirmiers libéraux à l’origine d’un pôle de santé

Ariège : huit infirmiers libéraux à l’origine d’un pôle de santé

Huit infirmiers libéraux sont à l’origine de la création, en 2014, d’un pôle de santé multisites réparti sur trois communes. Si l’absence de financements les laisse dans l’incompréhension, cela ne les empêche pas pour autant de développer une offre de soins pour les usagers du territoire. 
Ariège : huit infirmiers libéraux à l’origine d’un pôle de santé
© Kazlova Iryna / ShutterStock

« Nous sommes huit infirmiers libéraux issus de quatre cabinets différents à avoir monté une société pour pouvoir créer un pôle de santé », explique Vanessa, infirmière libérale (Idel) au sein de la MSP.

A l’époque, les paramédicaux, qui exercent à Arignac (Ariège), en milieu rural montagneux, entendent répondre à la problématique de désertification médicale. « Il manque de cabinets médicaux pour recevoir les patients », raconte-t-elle.

Pour lancer le projet, l’équipe sollicite deux médecins, l’un situé à Tarascon-sur-Ariège et l’autre à Mercus-Garrabet, afin d’adhérer au dispositif, qui requiert des médecins généralistes libéraux pour élaborer le projet de santé.

« Nous avons aussi travaillé avec la Fédération Occitanie Roussillon des maisons de santé (FORMS), l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Assurance maladie pour monter le projet de santé », indique Jean-Jacques, l’un des Idels.

Il est accepté en 2014 par l’ARS, la SISA est ensuite constituée puis l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) signé en 2019, afin de créer le pôle de santé. Il est organisé sur trois sites avec trois médecins à Tarascon-sur-Ariège, une Maison de santé pluriprofessionnelle (médecins généralistes, kinésithérapeutes, psychomotriciens, orthoptistes, orthophonistes) à Mercus-Garrabet et la MSP d’Arignac avec huit Idels et un médecin spécialiste vasculaire.

Si du côté de Mercus-Garrabet, la municipalité s’est saisie de la validation du projet de santé par l’ARS pour débloquer des fonds et financer le bâtiment, du côté d’Arignac, les infirmiers n’ont reçu aucune aide. « La commune a refusé de nous accorder des financements. Pourtant, le maire est également président de la communauté de communes et élu au département, il aurait pu faire un geste », estime Jean-Jacques.

Les Idels ont donc emprunté 400 000 euros sur leurs fonds propres pour construire leur MSP de 150 m2.

Une offre de soins variée

Pour autant, cela ne les a pas démotivés pour proposer des réponses à l’absence d’offre de soins sur le territoire. Ils ont créé une permanence des soins de 9 h à 12 h du lundi au samedi pour la prise en charge des patients au cabinet.

Ils ont également installé une borne de télémédecine au sein de leur MSP et accompagnent les patients lorsqu’ils ont besoin de solliciter des médecins. Tous sont formés à la consultation infirmière, trois Idels sont également Asalée et travaillent avec les médecins de la MSP de Mercus-Garrabet à la prise en charge des patients. Deux d’entre eux ont passé la certification de la clinique infirmière.

Les Idels entendent également pallier les carences médicales en adhérant à des protocoles de délégation de compétences « article 51 » pour les angines, les infections urinaires et la varicelle. « Nous sommes quatre à vouloir le faire, mais pour le moment, nous n’avons pas encore été formés par les médecins délégants, dénonce Jean-Jacques. Les médecins se plaignent de ne plus avoir de temps médical et lorsque nous voulons nous engager dans des projets pour les libérer, ils craignent que nous leur prenions leur travail… »

L’absence de cotation dédiée

Face à cette diversification de l’offre de prise en charge proposée, les Idels dénoncent le manque de reconnaissance financière de leur engagement. « Comme nous sommes rémunérés à l’acte, si personne ne vient lors de nos permanences, nous perdons notre temps et notre argent », pointe du doigt Vanessa.

Et de poursuivre : « La population nous remercie, nous gérons leurs problèmes de santé, nous les replaçons dans leur parcours de soins, nous optimisons le circuit, mais sans pour autant disposer d’une cotation dédiée notamment pour nos temps de permanence. Nous aimerions bénéficier d’un peu plus de reconnaissance, d’une valorisation autre que du paiement en l’acte, car nous soulageons du temps médical. »

L’équipe a pensé rejoindre l’expérimentation « article 51 » Equilibres (Equipes d’infirmières libres responsables et solidaires), qui rémunère les Idels au forfait dans le cadre d’une prise en charge holistique des patients. « Mais le temps de déplacement qui est comptabilisé dans le forfait ne correspond pas à un exercice en zone de montagne, regrette Vanessa. En raison des longs temps de trajets que nous effectuons – environ 150 km par jour – nous serions trop perdants en appliquant ce forfait. L’idéal serait de pouvoir rejoindre l’expérimentation tout en bénéficiant d’un forfait de déplacements en complément. »

Laure Martin

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